Entre fragilité des coalitions, querelles internes et défis économiques globaux, l’Europe semble naviguer sans capitaine, laissant Bruxelles livrée à elle-même.
La coalition au pouvoir en Allemagne s’est effondrée, ouvrant ainsi la voie à des élections anticipées le mois prochain.
Le chancelier Scholz a perdu le soutien du parti libéral en raison d’un important déficit budgétaire, conséquence d’une décision de justice remettant en cause le respect du frein à l’endettement en Allemagne. Un scénario probable est de voir une coalition entre le leader de centre-droit Friedrich Merz et les sociaux-démocrates de Scholz à la suite du prochain vote. Cependant, tant que les élections et les négociations de coalition ne seront pas achevées, il faut s’attendre à une absence de leadership jusqu’au printemps.
Pendant ce temps, Paris se préoccupe davantage de ses propres problématiques que de celles du continent dans son ensemble. Le président Macron traverse une véritable crise politique, marquée par l’opposition des extrêmes, tant à gauche qu’à droite, face à un centre politique de plus en plus affaibli.
D’autres nations européennes se recentrent également sur leurs enjeux internes. En Pologne, le Premier ministre Donald Tusk, bien qu’ayant repris ses fonctions fin 2023, doit gérer une fragile coalition multipartite tout en faisant face à une opposition socialement conservatrice virulente. En Espagne, le Premier ministre Pedro Sanchez est parvenu à conserver le pouvoir de justesse lors des dernières élections, grâce au soutien des séparatistes catalans. En Autriche, à la suite de la démission surprise du chancelier Nehammer, le parti eurosceptique d’extrême droite FPÖ pourrait accéder au pouvoir en formant une coalition, plaçant ainsi Vienne en désaccord avec le reste de l’Union européenne.
En réalité, l’Italie est le seul acteur majeur de l’Union européenne qui bénéficie d’une certaine stabilité gouvernementale, lui permettant de faire preuve de leadership. Cela explique sans doute pourquoi le magazine Politico – spécialisé dans les affaires européennes – a désigné Giorgia Meloni comme la personnalité politique la plus influente d’Europe.
Pendant ce temps, à Bruxelles, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a été chargée de se réinventer, délaissant l’ambition de régulation du changement climatique de son précédent mandat, pour devenir une superhéroïne de la politique industrielle. Une transformation que beaucoup jugent peu crédible, et cela ne passe pas inaperçu.
En tant qu’habitant d’un petit Etat membre de l’UE, le Luxembourg, je n’ai jamais été un fervent partisan de l’importance que Berlin et Paris accordent à la prise de décision à Bruxelles. Actuellement, le chancelier Scholz en Allemagne suscite peu d’enthousiasme, et je ne peux pas reprocher à Macron de ne pas trouver grand-chose à apprécier chez un bureaucrate peu charismatique qui ne parle même pas français. De même, je ne peux pas blâmer Scholz de ne pas vouloir s’engager davantage avec un président français qui a dilapidé tout son capital politique en quelques semaines.
Le problème, c’est que l’Union européenne a toujours reposé sur l’axe Berlin-Paris comme centre de gravité politique. Or, l’Italie étant absente dans l’orientation des décisions à Bruxelles, il semble que personne ne soit réellement aux commandes pour diriger le navire.
En tant que partisan d’un gouvernement moins interventionniste, je pourrais théoriser que cette situation n’est pas si mauvaise. Après tout, quel meilleur moyen de laisser les citoyens tranquilles qu’un système de régulation dysfonctionnel ? Cependant, la réalité est que, sans une contribution adéquate des Etats membres, Bruxelles n’est pas gouvernée – elle s’autogère. Et lorsque Paris et Berlin sont trop préoccupés par leurs propres problèmes, ce sont les institutions de la Commission et du Parlement européen qui prennent le relais, avec souvent les pires instincts possibles.
Après tout, souvenons-nous de l’accord vert européen et du changement de politique agricole qui en a découlé : c’était Bruxelles qui agissait en roue libre, sans véritable contrôle ni concertation. Aujourd’hui, nous constatons clairement les conséquences de ces décisions. Nous savons tous ce que cela a donné, et le bilan est loin d’être positif.
Lorsque la France et l’Allemagne sont toutes deux politiquement affaiblies, c’est l’Europe dans son ensemble qui souffre. D’autres pays pourraient y remédier, mais la triste réalité est que les mouvements politiques favorables à une Union européenne moins intrusive dans la réglementation sont souvent les mêmes qui montrent peu d’intérêt pour s’engager activement dans le débat politique européen.
L’Europe est confrontée à des défis majeurs, notamment les menaces de tarifs douaniers de Donald Trump, qui pourraient faire chuter encore plus l’économie européenne orientée vers l’exportation. La dernière fois que cela s’est produit, la commission Juncker avait réagi en imposant des droits de douane absurdes sur des produits tels que le blue-jean ou le bourbon.
La structure que nous avons mise en place, avec un marché unique et une politique commerciale commune, nécessite un véritable capitaine pour diriger ce navire de 450 millions d’habitants. Mais tant que les dirigeants se querellent ou se replient sur leurs problèmes internes, ce sont les stagiaires de Bruxelles qui se retrouvent à tenir la barre.
3 commentaires
cette Europe est un chateau de carte……. ET qu’arrive t il aux chateau de carte ??????????
La CEE ? Quand on n’a pas les moyens de vivre en paix, on ne fait pas la guerre, au nom d’une prétendue démocratie en Ukraine. Sauf pour une élite technocratique bien à l’abri du besoin qui méprise profondément les peuples.
Cela s’est déjà vu avec les régimes communistes et leur « Dictature éclairée sur le prolétariat ».
Cela continue, plus subtilement, avec les capitalistes et leur « Démocratie éclairée sur les peuples ».
Un référendum européen sur la guerre contre la Russie en Ukraine ? Chiche… Messieurs les Démocrates.
Votre »couple franco allemande » est mort né, il n’a jamais existé sauf dans l’imaginaire des européistes français…Frexit pour une Françe à nouveau souveraine!!! Votre UE s’effondre!