La restauration subit de plein fouet la baisse des revenus discrétionnaires des foyers américains.
Tout d’abord, commençons par une note « joyeuse » de Fox :
« De nombreuses élections aux Etats-Unis sont marquées par des rapports de votes de personnes décédées, mais il est beaucoup plus rare qu’une personne décédée soit élue. C’est pourtant ce qu’il s’est passé mardi, lorsque le député Donald Payne Jr. a remporté une élection primaire dans la 10e circonscription du New Jersey. »
Le député bien-aimé et membre du Congressional Black Caucus a été victime d’une crise cardiaque mortelle le 24 avril, selon le NY Post. La date limite de dépôt des candidatures pour les campagnes primaires dans le New Jersey était fixée au mois de mars. Le député Payne Jr. était le seul candidat à s’inscrire.
Nous lui souhaitons bonne chance pour les élections générales. Il obtiendrait certainement notre vote. Il serait le membre du Congrès le moins corruptible, et de loin. Il serait aussi le plus fiable et le plus ferme, ne voulant pas s’associer aux dernières escroqueries et aux derniers cafouillages du gouvernement. Hélas, il ferait partie d’une très petite minorité. La plupart des membres du Congrès sont toujours hors sol et constituent une menace pour tous les citoyens américains.
Mais revenons à notre programme habituel…
Pourquoi ne pouvons-nous pas gagner une guerre, même avec un avantage de 30 contre 1 (mesuré en termes de PIB) ? Si nous sommes si riches, pourquoi ne pouvons-nous pas payer nous-mêmes nos factures, au lieu de les répercuter sur les générations futures ? Pourquoi le citoyen moyen a-t-il l’impression que les choses empirent, alors que les politiciens insistent sur le fait que notre situation n’a jamais été aussi bonne ?
Sur ce dernier point, Business Insider rapporte :
« Selon une enquête menée par la société de services financiers Primerica, 67% des personnes interrogées appartenant à la classe moyenne ont déclaré que leur revenu était inférieur au coût de la vie au cours du premier trimestre. Parmi ces personnes, 74% ont déclaré qu’elles réduisaient leurs achats discrétionnaires, comme les sorties au restaurant. »
Plus généralement, il a été largement rapporté que les milléniaux seront la première génération de l’histoire américaine à gagner moins que leurs parents.
Qu’est-ce qu’il se passe ?
Donald Trump a affirmé qu’il avait présidé la « plus grande économie de tous les temps ». Aujourd’hui, Joe Biden affirme la même chose.
Pourquoi ont-ils alors eu besoin d’emprunter autant d’argent ? En 2016, la dette des Etats-Unis s’élevait à 20 000 milliards de dollars. Ensemble, au cours des huit années suivantes, ils ont ajouté 15 000 milliards de dollars à cette dette, soit plus que tout autre duo dynamique dans l’Histoire du pays.
Mais même avec ces déficits records derrière nous, et des déficits estimés entre 1,5 et 2 billions de dollars par an à l’avenir, les taux de croissance du PIB américain sont faibles et les augmentations des prix à la consommation ne permettent pas aux gens de suivre le rythme. En conséquence, les Américains sont contraints de renoncer à l’un de leurs plaisirs les plus simples : manger au restaurant.
Dans l’édition de ce mois-ci de son merveilleux rapport Gloom, Boom and Doom, notre vieil ami Mark Faber se penche sur la situation des chaînes de restaurants. En quelques mots, elle est mauvaise.
L’énorme injection de liquidités des années COVID s’est en grande partie dissipée. Les mesures de relance n’ont pas entraîné une augmentation de la production ou de la richesse. Elles n’ont fait qu’augmenter les prix, en particulier ceux de l’immobilier.
Le logement est le poste le plus important dans le budget de la plupart des familles. Les familles se retrouvent donc à court d’argent. Et c’est le secteur de la restauration qui semble le plus durement touché.
Les frais de main-d’oeuvre et de nourriture ont considérablement augmenté pour les restaurants, en particulier en Californie, où les travailleurs de la restauration rapide perçoivent un salaire minimum de 20 dollars de l’heure. Les restaurants ont été contraints d’augmenter leurs prix. Les prix chez McDonalds, par exemple, ont plus que doublé depuis 2014.
Faber rapporte qu’environ deux restaurants sur cinq n’ont pas fait de bénéfices l’année dernière. Red Lobster pourrait faire faillite. TGIF est en « détresse ». Appleby’s ferme des restaurants. Boston Market est en train de faire faillite. Cracker Barrel fait état d’une « fréquentation plus faible que prévu ». Il poursuit en énumérant quelques faillites notables :
« Sticky Fingers Joint, dans la région de New York (en partie à cause d’augmentations ‘sans précédent’ des prix du poulet et des pommes de terre), Tijuana Flats (une chaîne de restaurants mexicains décontractés située en Floride) et Rubio’s Coastal Grill (une chaîne de 150 restaurants répartis en Arizona, au Nevada et en Californie). Selon Bloomberg : Les prix augmentent plus lentement au supermarché, ce qui signifie que les familles préfèrent acheter des produits de base plutôt que de commander des plats préparés…
‘D’une manière générale, les coûts de la main-d’œuvre et des intrants alimentaires sont plus élevés et les consommateurs sont frileux’, a déclaré Mark Levin, cofondateur de la société de conseil Asterisk Capital. ‘Certaines personnes passeront d’un restaurant à prix moyen à un restaurant à prix bas, mais beaucoup de clients resteront chez eux.’ »
Selon Michael Snyder, une « apocalypse de la restauration » serait en train de déferler sur les Etats-Unis. Pourquoi ? Parce que « les consommateurs ont tout simplement beaucoup moins de revenus discrétionnaires aujourd’hui ».
Moins de revenus discrétionnaires ? Qu’est-il advenu des 15 000 milliards de dollars de nouveaux crédits que les autorités fédérales ont injectés dans le marché ? Répartis équitablement, ils auraient dû permettre aux consommateurs d’empocher 150 000 dollars de plus par famille. Où sont-ils ?
Lundi, nous reviendrons sur l’économiste français Emmanuel Todd et son idée selon laquelle une grande partie de la richesse américaine est « fictive ». Qu’il s’agisse du prix des actions ou des obligations, de l’immobilier, de la richesse de Wall Street ou du PIB américain de Main Street, une grande partie de cette richesse n’existe pas.
3 commentaires
Emmanuel Todd n’est pas économiste mais anthropologue
Avec l’accumulation et même la sédimentation d’infrastructure présentant un coût d’entretien, de rénovation, d’extension,de protection, les coûts correspondants augmentent sans que rien soit produit de consommable. Par exemple et par ordre chronoliogique :
1) Notre dame de Paris (et les églises en général) : un coût de 1milliard pour reconstruire et quoi d’autre en contrepartie dans un monde en voie de libération des dogmes et faux-semblants religieux ?
2) Les routes et les ponts : 4 milliards à Baltimore, des centaines d’éboulements dans les Alpes pour exporter simultanément des tomates de hollande en Italie et de la sauce « italienne » en france.
3) Les réseaux de télécom et ce qui est dessus (applis, etc..) une consommation énergétique qui croît au même rythme relatif par rapport au reste de l’économie que le cours de Nvidia comparé à l’immobilier. Des capitalisations boursières géantes qui représentent un multiple de la prédation sur l’économie mondiale par perception de recettes publicitaires : aucune production en plus : juste un détournement par excitation des pulsions consommatrices.
Cela fait déjà dix ou 15 ans que je ne vais plus au hasard des rues manger dans un restaurant, en France et en région parisienne. De Dunkerque à Perpignan et de Brest à Strasbourg on mange la même nourriture industrielle. Il reste qu’il faut se renseigner, et qu’il est alors possible de manger bien, pour cher, ou même pour moins cher. Mais il me semble que la France de la restauration quotidienne a été particulièrement abîmée par l’industrie alimentaire, bien plus que les autres pays européens. Nous sommes partis de plus haut mais nous sommes arrivés plus bas.