La deuxième phase de la crise est arrivée et ses effets seront dévastateurs pour les institutions financières et le marché boursier dans son ensemble.
La plupart d’entre nous se souviennent de la crise bancaire qui a eu lieu de mars à mai 2023. Elle a commencé par l’effondrement de la banque peu connue Silvergate Bank, le 8 mars. Elle a été suivie le lendemain par l’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB), beaucoup plus importante. La SVB disposait de plus de 120 milliards de dollars de dépôts non assurés.
Les dépôts bancaires supérieurs à 250 000 dollars ne sont pas couverts par l’assurance FDIC. Les déposants ont donc risqué de perdre tout leur argent au-delà du montant assuré. Cela aurait entraîné l’effondrement de centaines de jeunes entreprises technologiques de la Silicon Valley qui avaient déposé leurs fonds de roulement à la SVB. Des entreprises beaucoup plus importantes, telles que Cisco et au moins une grande Bourse de crypto-monnaies, y avaient également déposé des milliards de dollars. Ces entreprises auraient subi d’énormes dépréciations en raison de la taille de leurs dépôts non assurés.
Le 9 mars, la FDIC a déclaré que les dépôts excédentaires n’étaient effectivement pas assurés et que les déposants recevraient à la place des « certificats de séquestre » d’une valeur incertaine et d’une liquidité nulle.
Le 11 mars, la FDIC a fait volte-face et a déclaré que tous les dépôts seraient assurés. La Réserve fédérale est intervenue et a déclaré qu’elle reprendrait tous les titres du Trésor américain des banques membres en échange de leur valeur nominale en espèces, même si les obligations ne valaient que 80% de leur valeur nominale (ce qui était le cas de la plupart d’entre elles).
La mère de tous les renflouements
Le dimanche soir suivant, ils ont également fermé la Signature Bank, une banque basée à New York ayant des liens avec les crypto-monnaies. Et ce n’était pas fini… Le 19 mars, la Banque nationale suisse a forcé la fusion d’UBS et du Credit Suisse, l’une des plus grandes banques du monde. Le Credit Suisse était au bord de l’insolvabilité.
Enfin, le 1er mai, le gouvernement a ordonné la fermeture de la First Republic Bank, dont les actifs s’élevaient à plus de 225 milliards de dollars, et l’a vendue à JPMorgan.
Il s’agissait ici de la mère de tous les renflouements, et les investisseurs boursiers ne semblaient pas s’en émouvoir. La question était, et est toujours, la suivante : une fois que vous avez garanti tous les dépôts et accepté de financer toutes les obligations à leur valeur nominale, que reste-t-il dans votre sac à malices ? Que pouvez-vous faire lors de la prochaine crise que vous n’avez pas déjà fait, à part nationaliser les banques ?
Après cinq faillites bancaires en deux mois et un renflouement de mille milliards de dollars par le gouvernement, la crise semblait terminée. Mais ce n’était qu’un faux réconfort. J’ai écrit à l’époque que la crise n’était pas terminée, qu’elle n’en était qu’à la mi-temps.
Les investisseurs sont aujourd’hui plus détendus, parce qu’ils pensent que la crise bancaire est terminée. C’est une grave erreur. L’histoire montre que les grandes crises financières se déroulent par étapes et qu’il y a toujours une période de calme entre la phase initiale et la phase critique.
Quand une crise se matérialise
C’est ce qui s’est passé en 1994, lorsque le massacre du marché obligataire du printemps semblait avoir été maîtrisé pendant l’été, avant de repartir de plus belle en décembre et de se transformer en crise de la Tequila au Mexique.
Cela s’est produit en 1997-98 lorsque la crise financière asiatique s’est calmée au cours de l’hiver 1998 pour exploser en août et septembre suivants, avec la crise Russie-LTCM.
C’est ce qui s’est passé lors de la crise financière mondiale, lorsque la détresse initiale d’août 2007, qui semblait contenue, a été suivie par les faillites de Bear Stearns, Fannie Mae, Freddie Mac et Lehman Bros., entre mars et septembre 2008.
La durée moyenne de ces crises financières a été d’environ 20 mois. Cette nouvelle crise a commencé il y a 12 mois. Elle pourrait durer encore huit mois, voire plus.
D’un autre côté, cette crise pourrait atteindre son pic plus rapidement. En effet, la technologie permet d’accélérer la mise en oeuvre d’un plan de sauvetage bancaire. Avec un iPhone, vous pouvez effectuer un virement d’un milliard de dollars à partir d’une banque en faillite pendant que vous faites la queue au McDonald’s. Plus besoin de faire la queue autour du pâté de maisons sous la pluie en attendant son tour.
En d’autres termes, la deuxième phase de la crise pourrait éclater de manière encore plus dramatique plus tôt que prévu. Cette crise au ralenti peut très rapidement se matérialiser en une crise beaucoup plus rapide.
Le dollar lui-même est en jeu
En outre, la réaction des autorités réglementaires est plus rapide, car elles ont déjà vu ce film. On peut donc se demander si les régulateurs ne sont pas à court de munitions parce qu’ils ont déjà presque tout garanti. Ils n’ont pas d’autres lapins à sortir de leur chapeau.
Cette crise pourrait être celle où la panique se propage des banques vers le dollar. Si les épargnants perdent confiance dans la Fed (nous y sommes presque), non seulement les banques s’effondreront, mais le dollar aussi. A ce moment-là, la seule solution est de posséder des lingots d’or.
Il est également important de faire la distinction entre les faillites de banques individuelles et une crise bancaire systémique. Lorsque des banques individuelles font faillite, les déposants et les créanciers sont généralement protégés, mais les actionnaires peuvent être anéantis. Dans une crise bancaire systémique, la contagion passe rapidement d’une banque à l’autre et l’ensemble du système doit être sauvé au moyen d’une combinaison de garanties générales des dépôts et d’assouplissements quantitatifs illimités.
Dans le pire des cas, il faut soit fermer les banques (comme l’a fait FDR en 1933), soit les nationaliser, ce que certains pays ont fait de temps à autre.
Sommes-nous dans la deuxième phase ?
La faillite d’une seule banque ou une crise systémique peut survenir à tout moment. Le véritable élément déclencheur d’une crise est un peu mystérieux et surtout psychologique, car les problèmes fondamentaux actuels existent depuis toujours.
Il semble que la période de calme soit terminée et que nous entrions dans la phase II de l’effondrement bancaire.
La New York Community Bancorp (NYCB) a subi des pertes énormes de plus de 2 milliards de dollars en février sur son portefeuille de biens immobiliers commerciaux. Depuis, elle est au bord du gouffre. Le 6 mars, elle a été renflouée par un milliard de dollars de nouveaux capitaux levés par l’ancien secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le fonds spéculatif Citadel de Ken Griffin. NYCB a peut-être été renflouée, mais c’est un canari dans une mine de charbon.
Son échec signifie que des milliards d’euros supplémentaires de pertes liées à l’immobilier sont enfouis dans les livres de comptes des banques dans tout le pays.
En définitive, la deuxième phase de la crise est arrivée et ses effets seront dévastateurs pour les institutions financières et le marché boursier dans son ensemble.
Nous ne pourrons peut-être pas empêcher la crise, mais nous pouvons la voir venir et nous préparer en conséquence pour préserver notre patrimoine. La première chose à faire est de se procurer de l’or. Cela vous permettra de traverser la tempête.
1 commentaire
La cause des crises est que la richesse est détournée de sa juste destination. Bien amicalement, Serge Thomas.