Dans un feu d’artifice de guerres et d’inflation, l’empire mène le monde au conflit…
« Pour la première fois en 20 ans, les Etats-Unis ne sont pas en guerre… nous avons tourné la page », a déclaré le commandant en chef le 21 septembre 2021.
Mais la semaine dernière, M. Biden a tourné une autre page :
« Des législateurs démocrates et républicains affirment que M. Biden n’avait pas l’autorité nécessaire pour lancer des frappes au Yémen.
[…] Les craintes d’une escalade vers une guerre régionale sont hautes.
Les membres du Congrès, de droite comme de gauche, ont reproché à l’administration Biden de ne pas avoir obtenu l’approbation du Congrès avant de lancer des frappes militaires contre des cibles houthies au Yémen.
‘Seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre’, a posté sur ses réseaux le représentant républicain du Kentucky. Thomas Massie a déclaré : ‘Je dois reconnaître à @RepRoKhanna le mérite de s’en tenir à ses principes, car très peu sont prêts à faire cette déclaration alors que leur parti est à la Maison Blanche.’ »
« Pourquoi ne vous en tenez-vous pas à la finance ? » est une question qui revient de temps en temps de la part de nos lecteurs. Notre réponse est la suivante : nous aimerions bien. Mais deux grandes questions restent en suspens. La première est de savoir si les conflits internationaux peuvent être résolus par un « ordre fondé sur des règles ». La seconde est similaire : un pays riche et avancé peut-il gérer une dette extraordinaire sans recourir à l’inflation ? Ces deux questions mettent en doute la compétence et la bonne volonté de nos dirigeants.
Le pic des Etats-Unis
Au plus profond du paillis de la mégapolitique, les racines de la finance et de la politique s’entrelacent, se disputant les nutriments de la terre. Les politiciens s’appuient sur la finance pour obtenir de l’argent. La finance s’appuie sur les politiciens pour la guerre et les faveurs spéciales.
Nous pensons que les Etats-Unis ont atteint leur pic à la fin des années 1990. C’était le meilleur moment pour vendre des actions américaines. Le Dow Jones se négociait à plus de 40 onces d’or. Ainsi, si vous aviez 100 000 dollars d’actions et que vous les échangiez contre de l’or, vous auriez obtenu 357 onces d’or.
Si vous aviez laissé votre argent dans les actions, votre butin serait passé de 100 000 dollars à plus de 370 000 dollars au cours des 23 années suivantes. Ce n’est pas si mal. Mais vos pièces d’or seraient passées de 280 dollars l’once en 1999 à plus de 2 000 dollars l’once aujourd’hui, transformant vos 100 000 dollars en 714 000 dollars.
L’Union soviétique avait mis fin à la guerre froide en se dissolvant. Les Etats-Unis auraient dû bénéficier des « dividendes de la paix »… et les utiliser pour rembourser la dette du pays, résoudre les problèmes intérieurs et augmenter la valeur de leurs industries et les revenus de leurs employés.
Mais non, il était trop tard. A cette époque, les Américains avaient commencé à penser comme les citoyens d’un empire défunt et dégénéré ; ils cherchaient à se protéger du monde extérieur, et non à accéder à ses marchés. Ils pensaient que les problèmes pouvaient être résolus non pas par la diplomatie et des négociations honnêtes, mais par la puissance de feu. Leurs films mettaient en scène la gloire du Pentagone. Leurs événements sportifs saluaient les uniformes. Et l’industrie de la défense avait tellement de membres du Congrès dans sa poche qu’elle avait du mal à trouver ses clés de voiture. Les menaces pesant sur le pays ont diminué, mais les dépenses militaires ont augmenté, et l’opportunité de paix a été manquée. La dette a augmenté de 29 000 milliards de dollars depuis le début du siècle.
Pendant ce temps, la valeur des actions américaines – la crème de la crème de ses entreprises publiques – a diminué de moitié. Les Etats-Unis ont gaspillé leurs « dividendes de la paix » en déclenchant une guerre inutile contre le « terrorisme ». Ils ont bousillé leur économie avec de la fausse monnaie et de faux taux d’intérêt. Ils ont ajouté plus de « stimulants » à leur économie que le monde n’en avait jamais vu, mais ils ne l’ont pas stimulée – ils l’ont endormie. Les taux de croissance sont passés d’une moyenne d’environ 2,5% dans les années 1990 à seulement 1,5% aujourd’hui. Les Etats-Unis ont également gaspillé leur position de leader du « monde libre » en imposant des sanctions, en parrainant des guerres absurdes, en mettant en prison des dénonciateurs et en nommant des crapules à des postes publics.
Un brasier insupportable
En d’autres termes, le géant américain fait ce que les grands empires ont tendance à faire : il s’est éteint dans un brasier de guerre et d’inflation.
Pour l’Américain moyen, le bombardement des Houthis par les Etats-Unis est une nouvelle guerre du bien contre le mal, du juste contre le faux, de l’Etat de droit contre le terrorisme. Mais la nature est bien trop espiègle pour livrer des cadeaux si bien emballés.
Plus ou moins au même moment où les Etats-Unis et la Grande-Bretagne frappaient les Houthis, la Cour internationale de justice examinait une plainte déposée par l’Afrique du Sud, selon laquelle les Israéliens commettraient un génocide, avec l’aide et la complicité des Etats-Unis. Si l’accusation tient la route, le gouvernement du Yémen – conformément à la convention sur le génocide – a non seulement le droit, mais le devoir, d’interdire la navigation vers les ports israéliens.
Est-ce que c’est vrai ? Pas du tout ? Est-ce que c’est bien ? Ou mauvais ? Il peut être simple d’analyser les événements mondiaux en ces termes. C’est ainsi, par exemple, que les Houthis voient les choses :
Dieu est le plus grand
Mort aux Etats-Unis
Mort à Israël
Malédiction sur les Juifs
Victoire de l’islam
Armement général
Mais chacun a ses propres fantasmes et préjugés. Et l’Histoire est toujours plus complexe qu’il n’y paraît.
Mais ce que nous constatons, c’est que le monde entier est en train de s’armer, sous la conduite – ou l’impulsion – des États-Unis. Et de plus en plus de gens sont prêts à tirer pour les Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont en train de se constituer une puissance de feu d’une ampleur inégalée depuis la seconde guerre mondiale. Les autres pays du monde pensent qu’ils ont besoin de leur propre puissance de feu. Les gens ne croient pas qu’ils peuvent faire confiance aux Etats-Unis ou à un ‘ »ordre fondé sur des règles » pour les protéger. Ils protègent leurs maisons avec des Smith et Wesson… et leurs pays avec des missiles et des chars.
Deux générations se sont succédé depuis le bain de sang des années 1940. Les gens considèrent désormais la violence comme un moyen raisonnable, voire nécessaire, d’obtenir ce qu’ils veulent.
Nous ne savons pas où cela nous mènera. Mais il pourrait très bien en résulter plus de violence, et non moins, et une nouvelle baisse de la valeur réelle des actions américaines. En attendant, gardons les yeux ouverts… et des munitions à portée de main.