La guerre, l’aide sociale et le coût de l’addiction à la drogue de l’empire…
Encore une guerre !
Il s’agit d’une nouvelle flambée, dans un chaudron qui bouillonne depuis longtemps… opposant les Arabes contre les Juifs au Levant. Depuis 2008, le conflit a coûté la vie à plus de 3 500 personnes, presque toutes des civils.
Pas d’inquiétude, des « groupes d’intervention » dans des porte-avions américains traversent actuellement la Méditerranée. Non pas pour protéger des civils innocents… mais pour soutenir la puissance de frappe des soldats israéliens.
Qui a raison ? Qui a tort ? Peu importe ! C’est ce que nous apprend le « Rapport de la montagne de fer ». Comme les chiens et les puces, les conducteurs ivres et les lampadaires, les pécheurs et l’enfer, la guerre et le gouvernement vont de pair.
Et aujourd’hui, les Etats-Unis risquent une terrible collision. Leurs dépenses liées à la politique étrangère sont totalement disproportionnées, puisqu’elles s’élèvent à 1 500 milliards de dollars par an, soit à peu près le même montant que le déficit.
La drogue de l’empire
Contrairement aux Etats-providence européens, on pourrait plutôt qualifier les Etats-Unis d’Etat guerrier. Ce sont les dépenses militaires qui échappent le plus à tout contrôle, dans un budget qui est déjà complètement hors de contrôle.
Et comme les Etats-Unis sont dotés d’une monnaie qu’ils peuvent créer à volonté, cela signifie inévitablement qu’ils essaieront d’ »imprimer » de la monnaie pour échapper à leurs difficultés financières, l’inflation, la dépression économique… et les troubles politiques (potentiellement une révolution ou un mouvement de sécession) s’ajoutant au chaos et au déclin. En d’autres termes, le désastre risque de s’étendre à tous les domaines de la politique publique moderne : la finance, l’économie et la politique.
Il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse. Et il faudra attendre de nombreuses années pour savoir si cette supposition est juste ou non.
Toujours sur une note optimiste, un candidat à la présidence s’est clairement opposé à la guerre et à l’empire : il s’agit de Robert F. Kennedy Jr. Il espère reprendre le flambeau là où son oncle, John F. Kennedy, l’avait laissé lorsqu’il a été assassiné à Dallas en 1963.
Nous lui souhaitons bonne chance… Mais savons qu’il a peu de chances de réussir. En général, la drogue de l’empire – le pouvoir et la gloire – n’est abandonnée que lorsque l’empire touche le fond.
Et aujourd’hui, nous nous posons cette question : personne ne voudrait que ce scénario se produise… alors pourquoi ne pas faire en sorte qu’il ne se produise pas ?
Une détermination sans faille
Nous pourrions commencer par faire remarquer que si les dirigeants pouvaient empêcher les conséquences catastrophiques des politiques publiques, elles ne se produiraient jamais. Personne ne voulait de la Grande Dépression, ni des 16 millions de morts de la première guerre mondiale. Elles se sont produites malgré tout. Notre hypothèse est que les dirigeants (ou plus largement les élites) n’empêchent pas les catastrophes majeures ; ils les provoquent.
La guerre est la botte des politiciens. Elle les incite à prononcer des discours et leur donne l’occasion non seulement d’accroître leur notoriété et leur pouvoir, mais aussi de faire étalage de leur extraordinaire génie stratégique.
L’oraison funèbre de Périclès, dont Lincoln semble s’être inspiré pour son discours de Gettysburg, est probablement la plus remarquable de ce genre. Périclès commence par dire à la foule combien les Athéniens sont formidables – leur gouvernement, leurs coutumes, etc. Puis il passe aux choses sérieuses. Les morts (les Athéniens qui ont péri dans leur guerre contre Sparte) sont morts pour que sa grande nation ne périsse pas. Et à cette fin :
« Ainsi sont morts ces hommes qui sont devenus des Athéniens. Vous, leurs survivants, vous devez décider d’avoir une résolution aussi inébranlable sur le terrain, même si vous pouvez prier pour qu’elle ait une issue plus heureuse. »
Le discours de Périclès a eu pour effet de renforcer la détermination d’Athènes à poursuivre le combat. À l’époque, en 431 avant J.-C., les hoplites spartiates se trouvaient à l’extérieur des murs de la ville. Ils voulaient la paix pour pouvoir retourner à leurs cultures.
Périclès était à la fois général et homme politique. Il exhortait le peuple à garder la foi… et à poursuivre la guerre. Mais une épidémie s’est abattue sur la ville bondée ; et environ la moitié de la population d’Athènes en est morte, y compris Périclès.
Les Athéniens n’ont pas abandonné. La guerre s’est poursuivie jusqu’à ce qu’un général spartiate, Lysandre, détruise la flotte athénienne en 405 av. J.-C. et qu’Athènes elle-même, assiégée et affamée, se rende l’année suivante.
Des absurdités à n’en plus finir
Les « causes » de la guerre sont toujours énoncées par les politiciens et la presse dans les termes les plus nobles – pour « libérer la Terre sainte »… pour « empêcher les agressions étrangères »… pour « rendre le monde sûr, pour la démocratie »… pour « pourvoir un « espace vital » au peuple allemand ».
Il s’agit toujours d’un non-sens. Dans l’actuelle guerre par procuration en Ukraine, par exemple, les Etats-Unis prétendent défendre un « ordre fondé sur des règles », c’est-à-dire un monde où la loi règne, et non la force brute.
L’invasion d’un autre pays est proscrite par la Charte des Nations unies, et par le Tribunal de Nuremberg. Aux Etats-Unis, la clause de guerre de la constitution américaine interdit également toute invasion qui ne serait pas spécifiquement soutenue par le Congrès au moyen d’une déclaration de guerre.
Mais dans le monde réel, régi par la mégapolitique, lorsque l’on est suffisamment puissant, on établit soi-même les règles. C’est ainsi que les Etats-Unis ont envahi l’Irak, en transgressant toutes les règles – même celles de leur propre constitution – et avec une puissance destructrice, bien supérieure à celle de la Russie en Ukraine.
L’objectif de ces règles est de permettre de résoudre les différends sans avoir recours à la guerre. La guerre, en revanche, a ses propres objectifs. Elle n’a pas besoin de véritable conflit… et aucune règle ne l’arrêtera.