Après avoir acheté les creux… il est temps de changer de stratégie d’investissement.
« Comment cela a-t-il pu se produire ? »
~ Jerome Powell
Pour faire court, une seule règle d’investissement vous aurait été très utile de 1982 à 2022. Les professionnels de Wall Street l’ont exprimé crûment : BTFD (« buy the f***ing dip » : achetez le p****n de creux).
Quelle règle simple fonctionne aujourd’hui ? STFB (« sell the f***ing bounce » : vendez le p****n de rebond) ?
Vendredi dernier, la presse financière s’inquiétait de la dernière banque fragilisée. Bloomberg :
« Deutsche Bank AG est devenue la dernière cible de la tourmente bancaire en Europe ; les inquiétudes persistantes dans le secteur ont entraîné la chute la plus importante de ses actions en trois ans, et une augmentation du coût de l’assurance contre les défauts de paiement.
La banque, qui organisait son redressement ces dernières années après une série de crises, a déclaré vendredi qu’elle rembourserait par anticipation une obligation subordonnée de niveau 2. De telles mesures sont généralement destinées à rassurer les investisseurs sur la solidité du bilan d’une banque, mais le cours de l’action semble indiquer que le message n’est pas passé. »
Des bilans débordants
Le message ? « Ne vous inquiétez pas. Nous sommes là pour vous. »
Les investisseurs semblaient y croire. Les actions ont rebondi, le Dow Jones progressant pour la deuxième semaine consécutive.
Mais répondons à la question de Jerome Powell : que s’est-il passé ?
Pendant des décennies, les actions ont crû à mesure que les taux d’intérêt baissaient. Puis, à partir de la fin des années 1980, la Fed a décidé que les bas taux d’intérêt seraient désormais une question politique. Les actions ont continué à monter. Les investisseurs ont appris à acheter les creux.
En 2009, la Fed prêtait de l’argent à un taux inférieur à celui de l’augmentation des prix à la consommation. A ce stade, l’analyse des actions de qualité n’avait plus d’importance. Les actifs les plus absurdes, qui n’avaient aucune chance de rapporter de l’argent, ont grimpé en flèche.
« Ne vous inquiétez pas », nous disaient les professionnels. « Il suffit de BTFD. »
Cependant, depuis 1974, le gouvernement fédéral est dans le rouge (à l’exception de quelques années sous l’administration Clinton). En 2020, il est passé à la vitesse supérieure et a distribué des milliers de milliards de dollars en chèques de relance et PPP. En 2021, Joe Biden a ajouté 1 700 Mds$ supplémentaires au total avec sa la loi sur la réduction de l’inflation. Le bilan de la Fed – qui comprend grosso modo la quantité d’argent et de dette au sens large – a été multiplié par 10 entre 2000 et 2022.
L’inflation ou la mort
Il en a résulté une hausse des prix à la consommation… que la Fed a commencé à « combattre » en augmentant légèrement son taux directeur. Mais, après plus de 12 mois de hausses, le taux des fed funds reste inférieur de 100 points de base (1%) à l’augmentation des prix à la consommation.
Des taux d’intérêt ultra-bas, pendant une très longue période, ont mené à la dette actuelle de 90 000 Mds$ et aux problèmes auxquels doivent faire face les banques d’aujourd’hui. Désormais, avec la hausse des taux d’intérêt, le fardeau de la dette – comme une conscience hantée par un péché ancien – est devenu intolérable. Les ménages ne peuvent plus payer les mensualités de leurs crédits immobiliers. Les entreprises ne peuvent pas refinancer leurs obligations. Et les banques constatent que leurs actifs à long terme (y compris les obligations du Trésor) valent moins que leurs obligations à court terme envers leurs déposants.
Et voilà le choix qui s’impose. C’est « l’inflation ou la mort ». Soit le gouvernement utilise l’inflation pour effacer l’excès de dette… soit la Bulle Epoque meurt (déflation).
Nos vieux amis James Dale Davidson et Lord William Rees-Mogg ont développé l’idée qu’il existait des dynamiques politiques plus importantes… et plus profondes… que les querelles entre républicains et démocrates que l’on voit à la télévision. C’est ce qu’ils ont appelé la « mégapolitique ». Ce sont les forces qui se cachent derrière le scénario que nous prévoyons : il y a trop en jeu pour que les décideurs permettent la déflation. La seule alternative – le recours traditionnel des escrocs et des mégalomanes (avec la guerre) – est l’inflation.
STFB !
Qu’est-ce que cela signifie pour le marché boursier ? A court terme, c’est difficile à dire. Les actions montent souvent, car les investisseurs cherchent des alternatives aux obligations à revenu fixe. Parfois, elles baissent, car les revenus réels des consommateurs diminuent, de même que les bénéfices des entreprises.
Mais, au fil du temps, une monnaie pourrie affaiblit la confiance dans les institutions publiques, dans les banques, dans les devises, dans l’avenir, et c’est toute l’économie qui en pâtit. Presque tout le monde s’appauvrit. Certaines entreprises – celles qui offrent des biens et des services réels à des prix corrects, avec des marges bénéficiaires décentes – continuent d’offrir des revenus décents. D’autres font faillite.
Que pouvez-vous faire ?
Vendre ce satané rebond !