Bill Bonner s’intéresse au « péché originel » responsable des cours actuels, sur le marché actions, et anticipe vers où nous allons nous orienter, à présent.
Notre vénérable président a fait l’actualité avec un nouveau programme, au début du mois. Selon CBSNews :
« Biden présente un plan permettant de protéger la retraite de millions de travailleurs.
Mercredi [6 juillet], le Président Joe Biden s’est rendu dans l’Ohio pour mettre en avant le travail réalisé par son gouvernement afin d’empêcher la baisse des retraites de millions de travailleurs, dans un contexte où sa cote de popularité continue de chuter à l’approche des élections de mi-mandat.
La visite de Biden était liée au lancement d’un programme s’inscrivant dans l’American Rescue Plan (plan de sauvetage américain) et offrant de l’aide aux plans retraites multi-employeurs qui sont en difficulté, en garantissant le versement de leur retraite intégrale à 3 millions de travailleurs et retraités. »
La semaine dernière, le Wall Street Journal a ajouté que les fonds de pension pourront utiliser jusqu’à un tiers des 90 Mds$ d’argent gratuit pour parier sur le marché actions.
De l’argent jeté dans un trou à rat
Il parait que les Républicains auraient qualifié le sauvetage de ces retraites de « rathole » [NDLR : littéralement « trou à rat », expression américaine décrivant le fait de jeter l’argent par les fenêtre]. Et, bien entendu, ils ont raison. Mais les rats votent, et Joe prend toutes les voix qu’il peut trouver.
Voici un précédent article paru dans le Wall Street Journal, nous montrant à quel point les rats se creusent un trou profond. A Pasadena, en Californie…
« Le plan retraite de la police locale et des pompiers a été clôturé depuis près de 50 ans. Le nombre de bénéficiaires a chuté progressivement à moins de 180. Mais la ville doit encore environ 135 M$ de dette obligataire correspondant à ce plan. Des versements d’environ 6 M$ sont attendus en 2022. »
Les gouvernements locaux se sont engagés dans des plans retraites qu’ils ne pouvaient s’offrir. Les travailleurs devaient bien le savoir, de même que les gérants de fonds. Mais il régnait une telle connivence entre eux que personne n’a souhaité poser de question. Ils ont croisé les doigts… et attendu un sauvetage.
Un de nos correspondants, MN Gordon, ajoute ceci :
« Selon une analyse intitulée Municipal Market Analystics basée sur des données Bloomberg, plus de 100 villes, comtés, Etats et autres gouvernements ont emprunté pour leurs plans retraites, l’an dernier. Cela représente deux fois plus d’entités publiques qui l’ont fait, par rapport à toute autre année antérieure.
Ce sont les contribuables locaux et des Etats – c’est-à-dire le contribuable – qui doivent soutenir ces fonds de pension, et servent de distributeur à billets. De plus, quand les rendements sur investissement des fonds de pensions publics sont insuffisants, les gouvernements sont les premiers à devoir combler ce trou. Cela veut dire qu’il faut réduire d’autres dépenses et services, ou bien augmenter les impôts. »
Ce sont les gouvernements locaux qui soutiennent les retraites locales. Et les gouvernements des Etats qui soutiennent les gouvernements locaux. Et le gouvernement fédéral américain qui les soutient tous. Or le gouvernement américain, c’est nous.
Financer les dettes
D’où les citoyens de Dubuque sortent-ils l’argent nécessaire aux retraites des éboueurs de Bâton-Rouge ? On pose rarement cette question, car l’argent était – il y a peu de temps encore – presque gratuit et illimité. Les gouvernements pouvaient emprunter… puis refinancer leur dette à un taux encore plus bas.
Mais à présent, les obligations chutent, les prix à la consommation augmentent, et les points d’interrogation commencent à surgir.
Et nous avons une réponse qui va enchanter les gauchistes. Ils n’auront pas à s’inquiéter de priver la police ou les éboueurs de leur financement. Tous les services publics actuels seront privés de leurs financements afin de financer ceux d’avant.
Et, au fait, c’est comme ça avec toutes les dettes. L’argent doit être prélevé sur le futur afin d’honorer les promesses faites hier. Ou bien les promesses doivent être rompues.
Nous ne nous attarderons pas sur le désastre des retraites à venir. Ce qui nous intéresse, c’est le désastre de la dette dans l’ensemble du monde.
Jusqu’à présent…
Nous enregistrons le taux d’inflation le plus élevé en 41 ans.
Le pire choc de marché en 52 ans.
Le pire choc obligataire en 224 ans.
Le pire sentiment des consommateurs… et la pire performance d’un portefeuille équilibré à 60-40 depuis que l’on tient des registres.
Creuser toujours plus profond
Alors que se passe-t-il ? Nous sommes ravi que vous ayez posé cette question. Et nous espérons que vous ne vous attendez pas à une réponse courte.
Le récit complet de « ce qu’il se passe » pourrait prendre plus de temps et d’espace que nous n’en disposons.
Vous pouvez creuser autant que vous voulez, jusqu’au Big Bang, si vous le souhaitez. Après tout, si Adam ne s’était pas accouplé avec Eve, il n’y aurait pas un Jerome Powell, aujourd’hui. Et si Eve n’avait pas croqué le fruit défendu – et répandu ainsi le mal dans le monde – il n’y aurait pas de Réserve fédérale américaine.
Mais nous vous faisons grâce de l’interprétation du péché originel et vous offrons une version « guide pour les nuls ». Et dans un esprit de « diversité, accessibilité et inclusion », nous commencerons au niveau du « crétin » et, à partir de là, nous prendrons le monte-charge pour descendre encore plus bas.
A la Chronique, nous nous arrêtons habituellement à l’explication « il a fumé trop d’herbe à la fac ». C’est à peu près tout ce que nous pouvons gérer. A titre exceptionnel, nous allons descendre plus bas… et examiner les couches sédimentaires au fur et à mesure… et vous laisser décider à quel moment vous souhaitez sortir de l’ascenseur.
Que se passe-t-il ?
Les actions grimpent. Et puis elles baissent. Elles ont grimpé, avec de brèves interruptions, pendant 39 ans : du mois d’août 1982 au mois de novembre 2021. Depuis, l’indice Dow Jones Industrial Average a perdu 5 000 points, environ, et jusqu’à 7 000 entre le point haut et le point bas. Si l’histoire récente nous enseigne quelque chose, il devrait perdre 7 000 points supplémentaires avant d’atteindre son plus bas.
Mais nous doutons que l’histoire récente nous soit utile. Quelque chose de très important a changé. L’inflation : elle n’a jamais été aussi élevée depuis l’époque où Rod Stewart chantait « Da ya think I’m Sexy » (1978). Alors descendons encore d’un étage et jetons un coup d’œil.
Les obligations fluctuent à la hausse et à la baisse, elles aussi : normalement cela se déroule sur des cycles très longs. Les taux des bons du Trésor américains à dix ans – la pierre angulaire de toute la structure du capital – ont atteint un plus bas en août 2020. Avant cela, le précédent plus bas était intervenu aux alentours de la période où nous sommes né, à la fin des années 1940. D’un plus bas à l’autre, il s’est écoulé plus de 70 ans.
Alors c’est très important, lorsque ces choses se retournent. Et c’est ce qui semble se produire en ce moment. Au bout de 42 ans d’appréciation de leurs cours, les obligations viennent juste de subir leur pire perte depuis que George Washington était président.
Mais qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi est-ce si important ?
Nous allons devoir descendrons encore plus bas… plus près de la couche rocheuse, pour voir si nous pouvons le découvrir.