Dépassée par les événements, la Fed nous précipite vers une nouvelle récession.
You don’t know what’s going on
You’ve been away for far too long
Baby, baby, baby, you’re out of time…
~ The Rolling Stones
Et maintenant ? Que va-t-il se passer ?
Les indices actions ont évolué en dents de scie la semaine dernière. Un coup à la hausse, un coup à la baisse, mais le Dow Jones a fini la journée sous les 30 000 points. Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Et demain ? Personne ne sait.
Mais partout dans le monde, sauf au Japon, les grandes banques centrales sont en train de relever leurs taux. Soudainement, nous entrons dans une nouvelle ère. Une nouvelle sorte d’économie émerge. Les propriétaires fonciers ne peuvent plus refinancer leurs prêts immobiliers à des taux plus faibles. Leurs mensualités de prêt ont considérablement augmenté.
Les entreprises ne peuvent plus renouveler leur dette en émettant des obligations à des taux toujours plus bas. Bientôt, elles se retrouveront en défaut de paiement et devront se déclarer en faillite.
Même le gouvernement fédéral ressent les effets de la hausse des taux. L’an dernier, il pouvait emprunter de l’argent à 10 ans sur les marchés au taux de 1,5%. Il lui faut désormais payer un taux d’intérêt deux fois plus élevé.
Les règles du jeu ont drastiquement changé. Et ce n’est que le début.
Pour poursuivre avec la métaphore sportive, Bloomberg nous apprend que la « Fed pourrait fixer un nouveau cap » lors de sa prochaine réunion.
Accrocs à la dette
Oui, cher lecteur, pendant plus de 10 ans, les banquiers centraux ont conçu des modèles et des théories à la mords-moi le nœud avec l’aide d’économistes et ont maintenu des taux excessivement bas (voire nuls !). Grâce à l’argent ultra bon marché de la Fed, les marchés actions et obligataires sont devenus de véritables casinos. La dette a gonflé de 30 000 Mds$, les ménages, les entreprises et le gouvernement sont devenus accrocs à la dette et l’inflation s’est envolée, désormais hors de contrôle.
Récemment, Janet Yellen, désormais secrétaire du Trésor, a déclaré que la hausse des prix du gaz n’avait rien à voir avec la politique qu’elle avait menée. Elle a rejeté les accusations selon lesquelles elle aurait échoué dans sa mission. Elle a rejeté la faute sur les majors pétrolières :
« Je pense que les producteurs ont été surpris par la vigueur de la reprise économique et qu’ils se sont retrouvés dans l’incapacité de satisfaire les besoins de l’économie. »
Dans le même temps, le président de la Fed Jerome Powell et ses acolytes déclarent qu’ils vont endiguer l’inflation. Mais, bien sûr… Dépassés par les événements… incapables du moindre exercice physique ou cérébral, faibles et dociles, apathiques, lents d’esprit…, les banquiers centraux se préparent à mener la bataille la plus dure de leur existence.
Ils vont à la salle de sport à 7h du matin. Tapis de course. Poids. Boissons protéinées.
Mais le problème est que le marché a une grande longueur d’avance sur eux. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la Fed est « à la traîne ». Elle ne contrôle plus l’inflation.
Brève explication : Le principe d’une politique monétaire contracyclique (ce que la Fed est censée faire) est d’atténuer les chocs économiques en resserrant sa politique monétaire lorsque l’inflation s’emballe et à assouplir sa politique lorsque l’inflation se tasse. Mais, entre mars 2009 et janvier 2022, les prix des actifs, de la dette, les inégalités, la spéculation et la folie financière ont flambé. À l’exception d’une période d’accalmie entre 2015 et 2018, la Fed a été de tous les excès.
Désormais, elle est complètement à la traîne et dépassée par les événements. Elle essaie désespérément de combler son retard face à une inflation qui n’a jamais été aussi forte depuis quarante ans.
Le marché prend le contrôle
La Fed d’Atlanta prévoit d’ores et déjà une récession. Le premier trimestre de l’année a été marqué par une baisse de la production. Il y a fort à parier qu’il en sera de même au deuxième trimestre. D’après le guide du parfait « keynésien », la Fed devrait assouplir sa politique monétaire. Mais au lieu de cela, la Fed est en train de relever ses taux.
A l’époque des bulles spéculatives généralisées, la Fed abreuvait de liquidité un marché pourtant déjà inondé. Désormais, elle est en train de resserrer sa politique monétaire alors même que l’économie ralentit. Encore une fois, elle fait l’inverse de ce qu’il lui faudrait faire.
Et pourtant, elle n’a pas le choix. Elle a « perdu le contrôle ». Elle doit désormais combattre l’inflation qu’elle a créée. Tant pis pour l’économie.
Mais si la Fed a perdu le contrôle, qui l’a pris ? Le marché.
Chaque épisode d’inflation galopante a ceci de curieux qu’il commence par un épisode de forte déflation. Dans la configuration classique, un boom alimenté par le crédit aboutit à une économie inondée de dette. Les débiteurs ont alors besoin d’argent pour rembourser leur dette, ce qui entraîne un épisode de déflation. La masse monétaire augmente, les prix baissent. La Fed gonfle son bilan. Les marchés baissent. La Fed se montre généreuse. Le marché se montre intraitable. (Le marché n’aime pas que les choses dérapent hors de contrôle.)
C’est désormais le marché qui est aux commandes. Les prix des actifs s’effondrent, qu’il s’agisse des actions, des obligations, de l’immobilier, des cryptomonnaies, des NFT, des créances toxiques et des autres actifs à la mords-moi-le-nœud. En revanche, les prix de l’essence et des biens de consommation augmentent, alors même que la Fed est censée garantir la stabilité des prix.
La Fed est complètement dépassée par les événements et nous conduit droit à la catastrophe.