Un indice de prix augmente, puis un autre, puis tout le monde peut constater que les chiffres augmentent sur les étiquettes dans toutes sortes de magasins… La marée de l’inflation épargnera-t-elle le moindre pan de l’économie ?
La BCE nous dit qu’il n’y a pas d’inflation des prix des biens et des services, puis elle nous dit que c’est temporaire, puis elle nous dit qu’il faut choisir entre l’inflation et le chômage. L’inflation, c’est une illusion, ou bien c’est les autres, jamais la BCE !
Les démiurges de la monnaie se sont toujours trompés dans leurs prédictions. Ils se trompent encore et surtout ils nous trompent. Leur objectif c’est la gestion du retard : il faut que l’inflation galope mais que vos perceptions de l’inflation marchent au pas, lentement. L’inflation joue sur un différentiel, elle bénéficie à ceux qui montent leurs prix en premier, pas aux salaires qui eux montent en dernier.
Une vague de hausses
L’indice des prix à la production galope, c’est celui qui compte car ses augmentations de prix se répercutent sur les prix à la consommation à mesure que les stocks s’épuisent. L’inflation des prix de détail est dans les tuyaux, elle arrive et va durer. Ce n’est pas une prédiction, c’est un constat : ce qui est en germe finit par germer.
Les prix de l’énergie explosent, les ménages sont obligés de rogner sur leurs déplacements, sur leur chauffage. L’énergie c’est central, c’est la pierre angulaire et les zozos ont tout fait pour provoquer la crise, ils n’ont en fait absolument rien oublié.
Les vêtements en sont un autre exemple. Nous sommes confrontés à des prix élevés et à des pénuries dans les rayons. Cela pousse les gens vers les friperies, donc les prix dans les friperies aussi sont en hausse, pas en baisse. Tout se transmet.
L’alimentation est victime de l’hypocrite « shrinkflation », c’est-à-dire le rétrécissement des quantités vendues dans chaque produit alors que le prix unitaire reste le même. Cela indigne.
La vague de l’inflation a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de retomber – si elle s’épuise, car rien n’est moins sûr. Un déclic peut se produire qui ferait que l’inflation deviendrait une donnée, qu’elle serait intégrée dans les comportements.
Ce n’est pas par une subvention/aumône médiocre et insultante de 100 € que l’on annule les effets paupérisant de l’inflation.
L’Allemagne change de camp
On comptait sur les Allemands pour au moins s’opposer à l’inflation. C’était un calcul raisonnable qui permettait de supporter la dictature de l’euro et de l’Europe. Hélas, les Allemands ont trahi notre confiance, trahi leur histoire, et les élites outre-Rhin trahissent leur peuple.
L’anglo-saxonisation de l’Allemagne accélère au lieu de ralentir, elle amplifie la hausse des prix et l’avilissement de la monnaie. On parle déjà en Europe de faire sauter les verrous des déficits et de l’endettement après le Covid !
On aurait pu compter sur les syndicats de salariés. Hélas, ils sont aux abonnés absents, paralysés par la désaffection. Un mouvement qu’ils entretiennent toutefois par leur incompétence et surtout par leur connivence avec les gouvernements. Faute d’avoir encore la confiance des salariés, les syndicats ne tiennent que par le soutien de ceux qu’ils sont censés combattre, patrons et politiciens. Absolument tous les syndicats ont adopté la couleur jaune.
Même si la politique monétaire était corrigée rapidement – ce qui est exclu –, même si les chaînes d’approvisionnement étaient réparées, il faudrait des mois avant que cela se voit dans les prix à la consommation.
Un choix délibéré
Malheureusement, il n’y a presque aucune chance que ces bons changements se produise, ce qui signifie que les prix de plus en plus élevés sont là pour rester.
L’inflation est un choix délibéré. A la fois de la BCE, pour masquer ses erreurs passées, et des gouvernements comme en France, pour alléger le fardeau des dettes. Cela fait plus d’une décennie que les autorités recherchent l’inflation. Maintenant qu’elle est là, ils ne vont pas la contrer !
Non, elles vont la favoriser en sous-main, et publiquement tenir des discours lénifiants afin de faire passer la pilule.
Fondamentalement, l’inflation actuelle, qui se caractérise par la hausse des prix infligés aux consommateurs, est une réduction voulue et cynique du pouvoir d’achat, du niveau de vie des salariés. Mais c’est aussi une tentative de hausser le surproduit dévolu aux entreprises et à l’Etat. L’inflation actuelle est une hausse du taux d’exploitation des salariés ou, si on veut, une hausse du taux de profit du système.
Au cours des mois à venir, des millions d’emplois pourraient en être affectés. Les chiffres du chômage sont totalement bidons et bidonnés, et ils sont sur un nuage. Le nuage de l’argent distribué que l’on n’a pas, et qu’il faudra, sinon reprendre, au moins réduire la manne progressivement.
3 commentaires
Absolument tous les syndicats ont adopté la couleur jaune! Comme vous y allez…. Ne serait-ce pas aussi de la responsabilité des salariés accros aux crédits et coincés économiquement de ce fait. Encore je ne mets pas en avant le vote politique de ces français , même modestes, qui reconduisent la droite et baisse la tête devant le patronat…
Il faut reconnaître que le citoyen à sa part de responsabilité, un peu facile de tout mettre sur le dos des politiques (que l’on a élu) et d’une certaine classe (au choix selon sa propre orientation politique)
Evidemment que le choix est délibéré, d’autant plus que la « sobriété », traduisez la baisse de la consommation et du niveau de vie, est indispensable pour la neutralité carbone de 2050. Consommer autant d’énergie qu’aujourd’hui uniquement avec du renouvelable est matériellement impossible mais on le cache derrière le concept fumeux de croissance verte.
D’autre part l’épuisement des ressources d’énergie fossile nous conduiront également à la même évolution. Seul le nucléaire de 4ème génération (réacteurs à sels fondus, pas les EPR et les SNR) pourrait maintenir un niveau de vie supérieur