** Commençons par la romance. Nous parlons d’argent… et le ciel n’est nulle part aussi plein d’étoiles… les rues aussi bondées de romantiques aux yeux brillants… que dans les vastes espaces du monde financier. Les investisseurs sont prêts à ignorer rides et bourrelets… mauvaise humeur matinale et fatigue vespérale. Ils sont prêts à croire n’importe quoi.
* Qu’est-ce que l’amour, en fin de compte… sinon la volonté de voir plus qu’il n’existe vraiment… ou d’ignorer ce qui existe vraiment ? Nous regardons dans les yeux de l’être aimé… et nous y voyons ce que nous voulons voir. Quelque chose de plus grand, de plus doux, de plus beau que ce que les autres remarquent. Si nous voulons voir le mal et la cupidité, il suffit d’ouvrir les yeux : ils sont juste devant nous. Si nous voulons voir beauté et bienveillance, nous les verrons aussi. Et la chose la plus remarquable… c’est que parfois, regarder, c’est créer. Parce que nous cherchons… et voyons — tout à coup, c’est vraiment là.
* Mais assez d’énigmes… nous ne savons pas de quoi nous parlons. Et nous n’avons pas le temps d’approfondir.
* Alors passons à autre chose…
** La semaine a été plutôt bonne pour les autorités monétaires. Le Dow a grimpé. Buffett est arrivé au secours des réassureurs. Et Bush et Paulson ont lancé leur plan visant à sauver les Américains de l’humiliation d’être expulsés de leurs maisons parce qu’ils ne remboursent pas leur prêt immobilier.
* L’argent intelligent, nous dit-on, prend de grosses positions dans la dette bancaire ; les investisseurs institutionnels sont d’avis que les banques ont été survendues. "Ce n’est pas intelligent de vendre les Etats-Unis à découvert", a déclaré Warren Buffett. Beaucoup de gens — la plupart, probablement — le croient. Ils pensent que le moment est bien choisi pour se positionner sur les Etats-Unis… et que la dette bancaire est un bon moyen pour cela.
* Ils ont peut-être raison. Nous n’avons pas d’opinion sur la dette bancaire. Par contre, nous avons un avis sur la devise dans laquelle elle est libellée — le dollar. Pour faire court, nous ne l’aimons pas. Oui, il grimpe peut-être par rapport à l’euro. Mais nous ne l’aimons toujours pas. Et nous n’apprécions guère l’euro non plus.
* Le problème de ces deux devises papier est évident. Lorsque Buffett achète une valeur, il déclare vouloir "une entreprise avec des remparts". Il entend par là qu’il veut une protection contre la concurrence — comme un secret de métier, un brevet ou une marque. Sans remparts, les barbares peuvent attaquer. Ils peuvent vous acculer à la faillite… ou simplement vous forcer à réduire vos marges bénéficiaires. Dans les deux cas, ce n’est guère confortable pour une entreprise.
* Le problème du dollar, c’est qu’il n’a pas du tout de protection. Pire, les gens qui en sont responsables n’ont aucun intérêt à le protéger. Chaque nouveau dollar entrant en existence fait concurrence à tous les anciens dollars. Inévitablement, tous voient leur valeur chuter.
* Cette idée n’est pas particulièrement significative pour les gens qui n’ont pas de dollars. Mais elle constitue un cauchemar récurrent pour ceux qui en ont beaucoup. Et de qui s’agit-il ?
* Le système monétaire de la planète Terre, circa 2008, est simple. Les pays arabes exportent du pétrole. L’Europe exporte des produits de luxe. L’Asie exporte des voitures et des gadgets. Les Etats-Unis exportent des dollars. Oui, cher lecteur, le billet vert voit du pays. Il a plus de visas que nous sur son passeport.
* Le département du Trésor US nous dit que la majeure partie des dollars du monde sont désormais en-dehors des Etats-Unis. 60% d’entre eux passent de main en main sans entendre un mot d’anglais ou assister à un match de base-ball. Il en va de même pour la dette gouvernementale américaine. Il y en a trois fois plus entre des mains étrangères — 2,11 milliers de milliards de dollars — qu’entre les pattes américaines.
* Le problème, comme nous l’avons déjà souligné à maintes reprises, c’est qu’il n’y a pas de remparts autour de cet argent. Il faut toute une chaîne de montage… des machines… du capital… et du personnel qualifié pour produire une voiture. Un constructeur automobile a un rempart — parce que les coûts nécessaires pour entrer sur son marché sont très élevés. Mais il ne faut quasiment rien pour faire un dollar. Et alors que le billet vert voit sa valeur chuter — grâce à la concurrence de milliards de nouveaux dollars, enchérissant tous pour le même pétrole, le même or, le même blé et les mêmes automobiles — bon nombre de ces détenteurs de dollars étrangers vont chercher d’autres endroits où mettre leur richesse à l’abri.