L’équilibre des marchés a été fondamentalement bouleversé – mais les spécialistes de l’industrie financière commencent tout juste à s’en apercevoir. Il était temps !
Les actifs ne reflètent plus les données fondamentales ou même les différences structurelles ou juridiques ; désormais, ils ne reflètent que l’abondance de monnaie, comme nous l’avons vu hier.
Les prix des actifs expriment une équivalence entre deux abondances : celle des actifs financiers et celle de la monnaie. C’est pour cela qu’il a fallu créer 23 000 Mds$ en mars 2020. Les buybacks illustrent et concrétisent le phénomène que je décris.
Le prix des actifs et celui de la monnaie sont, pour ainsi dire, un prix relatif entre deux abondances (à quelques nuances près) et rien d’autre !
Le prix du bitcoin, par exemple, exprime le rapport entre le prix du vent qui gonfle la bulle bitcoin et le prix du vent qui gonfle la bulle monétaire.
La vraie bulle
Ce qu’on cache, c’est le fond des choses : ce qui fait bulle, ce ne sont pas les actifs financiers. Ce qui fait bulle… c’est la monnaie !
Il y a dans le monde une quantité « bullaire » de monnaie en regard des seuls vrais référents ultimes : la production de richesse et la production de profit.
C’est une donnée logique, évidente, que j’explique depuis des années. On a détaché l’ombre des corps ; les prix n’ont plus de rapport avec la réalité sous-jacente ancienne, ils ont rapport avec la monnaie et son prix. C’est tout.
L’ensemble des actifs financiers – y compris la monnaie et la quasi-monnaie –, tout, absolument tout, est avatar de la monnaie. C’est un ensemble unifié, auto-référent et détaché du monde réel.
La prise de conscience n’en est que progressive… mais je note qu’elle s’accélère !
Peu d’options
La mauvaise nouvelle pratique de tout cela : cela ne laisse pas beaucoup d’options à un investisseur en matière de couverture de risque et de diversification !
La bonne nouvelle : nous pouvons blâmer la Fed, en quelque sorte.
« Le crédit high grade est devenu plus corrélé avec les actions et donc également plus corrélé avec le marché obligataire high yield », ont écrit les analystes de JPMorgan dirigés par Eric Beinstein dans un rapport. « Cela, à notre avis, est le résultat (au moins en partie) d’une telle liquidité induite par le QE sur le marché que les investisseurs achètent tout : actions et obligations. »
Les spécialistes de chez JP Morgan qui gagnent des millions de dollars découvrent la roue !
Quelle que soit l’explication, nous dit JP Morgan – qui ne brille pas par la qualité de sa pensée théorique –, « il n’en demeure pas moins qu’il existe un outil de moins pour diversifier le risque actions ».
Selon ces stratèges :
« Traditionnellement, la théorie du portefeuille dit que les obligations sont un moyen de diversification pour les investissements sur les marchés boursiers.
Cela n’a pas été le cas récemment, avec le risque que ce ne soit pas non plus le cas s’il y a une vente massive sur le marché des actions. »
Ouf : il était temps que les spécialistes de JPMorgan, plus grande banque du monde, s’en aperçoivent !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]