L’introduction en Bourse de Robinhood signe l’apogée d’un mouvement économique et boursier qui n’a qu’un seul but : plumer les investisseurs particuliers.
J’ai expliqué en son temps la façon dont les choses allaient tourner sur les marchés financiers à la suite des choix de fuite en avant faits par les autorités en 2009, soi-disant pour sauver l’ordre mondial.
Je suis fier de ne m’être trompé sur rien : absolument tout s’est passé comme dans mon analyse.
– Création de monnaie et de dettes pour sauver les riches, les gouvernements et les entreprises ;
– argent bradé, liquidités surabondantes pour masquer l’insolvabilité ;
– utilisation de la politique monétaire pour emballer l’économie et gonfler les profits ;
– mise en place des outils de la répression financière, on prive les épargnants de rendement ;
– création d’un entonnoir pour diriger, canaliser, faire venir les gens en Bourse en les privant de tout rendement sans risque pour leurs économies – ils montent sur l’échelle du risque ;
– utilisation de la même arme monétaire pour emballer les Bourses et ainsi recapitaliser les institutions financières en faillite par des plus-values boursières ;
– promesses que tout cela va durer longtemps pour créer une folie boursière ;
– propagande continue pour faire croire que les actions ne sont pas chères puisque les taux sont bas, pour faire venir les petits, le public, les investisseurs de détail en Bourse afin que les gros et les institutions systémiques lui refilent le bébé surévalué, le mistigri…
… Et pour finir, quand tout est bien disséminé, le grand coup d‘accordéon : on plie, on arrête la musique, et on laisse le public avec son papier acheté très cher, surévalué et invendable.
C’est le schéma d’un colossal transfert de richesse de la poche des pauvres et des moyens, très nombreux, vers les happy few, les riches, le gouvernement, les entreprises et bien sûr les banques.
Nous y sommes, l’accordéon a commencé de jouer.
Les vieux boursiers attendaient, pour être sûrs de la fin, que le détail, l’investisseur individuel, le pigeon se mette all in en actions. All in, cela veut dire à fond, entièrement jusqu’au cou.
Après 12 années, ce moment est enfin arrivé : le détail est au rendez-vous.
Robinhood, un point culminant
Lisez les journaux, discutez avec les gens, regardez le phénomène Robinhood, les niveaux record du sentiment des investisseurs, la dette sur marge et l’indicateur Buffett.
Tout y est, rien n’y manque, puisque cette semaine, on a introduit en Bourse le dernier maillon de la chaîne de la ruée vers l’or : la plate-forme de trading Robinhood.
Les valorisations actuelles, c’est-à-dire les prix, sont si extrêmes que l’extrême précédent, la bulle Internet de 2000, semble désormais modeste en comparaison.
Les conseillers financiers recommandent aux petits épargnants de déplacer leur modeste pécule des obligations sûres vers les actions « gogo ».
C’est un signe qui n’a jamais trompé.
Lorsque des étudiants de 20 ans font du trading sur la base des conseils d’un ami « génial » de 22 ans, c’est qu’on y est !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]