Les plus grandes banques ont passé avec succès le dernier stress test de la Fed. Youpi… sauf que les tests en question n’examinent absolument pas les vrais risques, ceux qui pourraient faire basculer l’ensemble du système !
La spécialité, le truc des illusionnistes consiste à faire en sorte que le public regarde ailleurs que là où les choses se passent.
David Copperfield nous a montré que plus c’est gros, plus cela passe. Il escamote des villes entières !
En dirigeant l’attention ailleurs, nos prodiges peuvent bricoler et faire prendre les célèbres vessies pour des lanternes… et se faire ainsi passer pour de vrais sorciers.
Il en va ainsi des stress tests bancaires : ils mesurent et mettent en ratios tout ce qui est sans importance. Ils nous parlent de ralentissement économique, de pertes, etc. – alors que les risques pour le système bancaire sont ailleurs.
Le danger réel
Les vrais risques pour les banques sont :
– le dérapage des taux longs qui échappent aux banques centrales ;
– le risque de refinancement sur les marchés de gros comme en 2007 et 2008, le colmatage des tuyaux du Libor ;
– une nouvelle crise de pénurie de « dollars » ou plutôt « eurodollars » ;
– le risque d’effondrement des Bourses car les actifs financiers figurant à leur bilan sont en levier ;
– le marché des dérivés avec son propre risque, le risque de contrepartie très concentré ;
– le risque des engagements sur le système shadow, opaque et non contrôlé ;
– le risque d’un retour du risque souverain qui démontrerait que la règlementation et les ratios prudentiels qui privilégient les dettes souveraines sont tout à fait inadéquats…
… Et ainsi de suite.
En attendant…
Comme prévu, les grandes banques de Wall Street célèbrent le succès obtenu lors des derniers stress tests organisés par la Réserve fédérale en annonçant des dividendes plus élevés.
Morgan Stanley a doublé son versement trimestriel et prévoit jusqu’à 12 Mds$ de rachats. Goldman Sachs Group Inc., Bank of America Corp. et JPMorgan Chase & Co. augmentent également les paiements aux actionnaires. Citigroup Inc. faisait figure d’exception en maintenant son dividende stable.
Bien que les investisseurs se soient félicités de la nouvelle et aient fait grimper les cours des actions bancaires, il existe un risque que des paiements plus élevés conduisent à un examen plus minutieux des politiques appliquées.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]