Qu’est-ce que la monnaie, qu’est-ce qu’une dette, pourra-t-on jamais les rembourser… et se débarrasser du servage monétaire actuel ? Et si oui, à quel prix ?
Un homme se rend à la banque et emprunte 10 000 $. Il devra donc rembourser 10 000 $ dans l’avenir – plus les intérêts, bien sûr.
Imaginons que ces 10 000 $ soient prêtés à un taux d’intérêt de 5%. Supposons encore que le banquier, cinq ans plus tard, toque à sa porte, et tende la main, exigeant d’être remboursé.
Notre homme devra alors donner au banquier 11 322,74 $, soit la somme prêtée plus 1 322,74 $ d’intérêts cumulatifs.
Où ce pauvre homme trouvera-t-il les 1 322,74 $ supplémentaires qu’il doit aussi au banquier ? Et, question plus importante encore :
La Réserve fédérale doit-elle émettre des quantités croissantes d’argent pour subvenir au service de la dette existante – 82 000 Mds$ dans le cas des Etats-Unis ? Selon l’auteur G. Edward Griffin, déjà cité hier :
« L’une des questions les plus troublantes associées à ce processus est : ‘d’où vient l’argent qui sert à payer les intérêts ?’ Si l’on emprunte 10 000 $ à la banque à un taux de 9%, on finit par devoir 10 900 $. Mais la banque ne crée que 10 000 $ pour le prêt. Il semblerait donc qu’il soit impossible pour vous – et pour toutes les autres personnes ayant contracté des emprunts similaires – de rembourser votre dette.
C’est simple : la quantité d’argent en circulation ne suffit pas à couvrir la totalité de la dette, intérêts inclus. Certains en concluent qu’il faudra donc impérativement emprunter 900 $ pour payer les intérêts, ce qui créera des intérêts supplémentaires qu’il faudra payer aussi. La supposition est la suivante : plus nous empruntons, plus il faut emprunter, et cette dette basée sur de la monnaie fiduciaire est une spirale sans fin qui mène inexorablement à de plus en plus de dette.
C’est une vérité partielle. Il est vrai que l’argent créé ne suffit pas à couvrir les intérêts, mais il est faux de penser que la seule manière de rembourser est d’emprunter encore plus. »
Une vérité partielle ? En quoi ?
Et quelle est alors l’entière vérité, Monsieur ?
Le travail comme valeur d’échange
« Cette supposition ne tient pas compte de la valeur d’échange du travail. » Bien. Veuillez élaborer…
« Supposons que vous remboursiez votre emprunt de 10 000 $ en payant des traites d’environ 900 $ par mois, dont quelque 80 $ d’intérêts. Vous êtes sous pression, vous devez rembourser… alors vous décidez d’accepter un emploi à temps partiel…
La banque décide ensuite de faire polir ses sols une fois par semaine. Vous répondez à l’offre d’emploi dans le journal, et vous êtes embauchés pour accomplir cette tâche, pour 80 $ par mois. Vous gagnez ainsi l’argent dont vous avez besoin pour rembourser les intérêts sur votre prêt, et – c’est là que nous voulions en venir—la banque vous verse l’argent que vous lui avez versé vous-même précédemment.
Tant que vous travaillez pour la banque chaque mois, les dollars que vous versez à la banque pour payer les intérêts vous reviennent en tant que salaire, avant de repartir à la banque pour rembourser votre prêt. »
C’est ainsi : le service de la dette implique de servir votre maître.
Mais… que se passe-t-il si vous refusez de cirer les planchers à la banque ? Si vous ne servez pas votre maître ?
« Il n’est pas nécessaire de travailler directement pour la banque. Peu importe la provenance de cet argent : il trouve son origine dans une banque, et il sera rendu à une banque. Le circuit sur lequel il se déplace peut-être grand ou petit, mais le fait demeure : tous les intérêts finissent par être payés par un effort humain. »
Un servage moderne
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de tout ceci ?
« Les conséquences de ce fait sont encore plus étonnantes que l’hypothèse selon laquelle l’argent créé n’est pas suffisant pour rembourser les intérêts. Indéniablement, le total de cet effort humain vise, à terme, à bénéficier à ceux qui ont créé la monnaie fiduciaire. C’est une forme de servage moderne dans lequel la grande majorité de la société travaille en tant que serf d’une classe dirigeante de noblesse financière. »
Nous trouvons cette conclusion consternante.
Nous supposons que certaines pièces du puzzle sont manquantes. Les mystères les plus profonds des arts monétaires nous échappent.
Mais nous supposons aussi que M. Griffin trace un portrait assez fidèle de la situation.
Allons-nous briser les chaînes qui lient nos poignets ?
Allons-nous pour ce faire rembourser chaque dollar que nous devons – la totalité des 82 000 Mds$ ? Allons-nous éliminer la totalité de l’argent en circulation ?
Ce sont des questions théoriques, bien entendu. Nous ne pouvons pas nous permettre de briser ces chaînes, pas plus que nous ne pouvons nous permettre de briser notre propre cou.
Seule une tension constante et implacable pourra en venir à bout… nous ne pouvons pas faire le choix de nous en débarrasser.
Quand ce jour viendra, nous serons enfin libres. Libres – et sans la moindre fortune.