Les indicateurs de sentiment n’ont jamais été aussi haussiers, les investisseurs ont tous un moral d’acier… si bien que le message est clair : sur les marchés, attention à la chute !
Les indicateurs de sentiment, tout comme les graphiques, sont utiles pour visualiser les situations sur les marchés. Cependant, je soutiens qu’ils ont perdu tout pouvoir prédictif, que ce soit en les prenant au pied de la lettre ou en tant qu’indicateurs contrariens.
Les marchés sont sans carte, sans boussole. C’est normal puisque nous n’avons connu aucune période comparable dans l’Histoire. C’est la grande aventure, ne l’oubliez pas – pour vous et surtout pour ceux qui prétendent piloter, les banques centrales, les grandes banques, les gourous etc.
Nous sommes dans une période où l’optimisme à l’égard des marchés financiers est généralisé. Il n’y a qu’un sens : l’achat, la hausse.
Cela ne signifie pas que les acteurs soient fondamentalement confiants dans l’avenir, non ; cela signifie qu’ils sont persuadés que quel que soit l’avenir, il sera favorable à la Bourse.
Les intervenants ont parfaitement assimilé l’idée que les autorités sont désormais des otages, sous le joug de la domination financière, et qu’elles ne peuvent tolérer le moindre recul des cours ni le moindre accident.
Gagnant-gagnant ?
Ils sont persuadés que nous sommes dans des situations gagnant-gagnant.
Même un accident financier de 100 milliards comme celui de Bill Hwang, chez Archegos, ne fait pas peur… Et même une hausse de la fiscalité et une ponction sur les profits font hausser les épaules.
Contrairement aux opinions qui circulent et qui voudraient nous faire croire que les marchés ont abandonné toute relation avec les fondamentaux, c’est l’inverse : nous sommes revenus aux vrais fondamentaux des marchés financiers.
Les marchés financiers sont de la finance – et la finance, c’est de la monnaie cristallisée sous une autre forme, c’est de la monnaie qui a pris une autre apparence, c’est de la monnaie qui a pris le raccourci de la Bourse au lieu d’emprunter le chemin de l’économie réelle, des échanges et de la production.
Ce qui est fondamental et que l’on avait escamoté, c’est le lien entre la finance et la monnaie, puisque la finance est un avatar organique de la monnaie.
Ce qui est magique, non fondamental, et qui était avant l’objet d‘une convention, c’est le lien entre la marche des affaires, les profits, l’activité économique et les indices boursiers. C’est ce lien – qui n’était que magique et conventionnel par le biais de l’analyse financière et de la notion de valorisation – qui est rompu.
L’économie et les valorisations ont cessé d’être des critères opérants.
La monnaie domine
Ce lien fondamental, à l’ancienne mode, a été rompu parce que l’aspect monétaire a repris le dessus : la disparition de la rareté monétaire a replacé les actifs financiers sous la domination de la monnaie.
Seule la raréfaction de la monnaie ou le renchérissement de son coût/prix modifiera la donne et fera revenir à la convention ancienne qui prétendait qu’il y avait un lien entre actifs financiers et activité économique.
Une nouvelle série de records sur les marchés boursiers américains a rendu les investisseurs de détail américains extrêmement optimistes.
Le pourcentage de haussiers nets – haussiers moins baissiers – dans l’enquête AAII Sentiment a atteint des niveaux qui n’ont été observés que très peu de fois au cours des dix dernières années.
Comme beaucoup d’autres indicateurs de sentiment, dont certains semblent également assez étirés, l’enquête AAII Sentiment Survey donne des signaux contrariens quand on se rapproche des extrêmes.
Historiquement, les performances à terme du S&P 500 ont été parmi les plus faibles lors des périodes où les investisseurs américains ont été aussi optimistes – bien qu’en moyenne elles aient toujours été légèrement positives.
On se rapproche des extrêmes ; le sentiment est très haussier, ce qui est souvent un indicateur contrarien.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]