La guerre contre les espèces s’intensifie tandis que les tensions s’aggravent – à l’intérieur des nations aussi bien qu’au niveau international. Tout cela n’augure rien de bon…
La campagne d’intoxication mondiale pour faire croire que l’usage du cash (des espèces) est dépassé bat son plein.
L’idée des élites – c’est-à-dire de Davos, du FMI et des gouvernements – est simple : il faut utiliser le système de la grenouille que l’on ébouillante lentement.
Adapté à la question des paiements et de l’usage des espèces, cela consiste à ancrer dans les idées populaires, jour après jour, que peu à peu l’usage des espèces régresse pour arriver à la conclusion finale espérée : les espèces ne sont plus utiles, les maintenir est une aberration, sous-entendu ceux qui les utilisent sont soit des terroristes, soit des fraudeurs. En clair, ceux qui n’utilisent plus des espèces sont les gens bien qui n’ont rien à se reprocher.
On retrouve ici la structure des thématiques scélérates des élites – thématiques qui consistent à culpabiliser, à vilipender, à salir tous ceux qui s’opposent à leurs projets.
Il faut répondre coup par coup et point par point à cette technique de la grenouille ébouillantée.
Réserve de valeur
Si l’utilisation des espèces pour les paiements courants régresse, c’est pour une raison parfaitement justifiée de commodité.
En effet, grâce aux paiements par carte et surtout grâce au paiement sans contact, le paiement numérique a fait de considérables progrès ; il apporte par conséquent un confort incontestable. La montée des paiements numérique est une réalité et il n’y a aucune raison d’en douter.
Le revers de l’argument qui n’est pas utilisé et que personne ne met en valeur est que le cash a changé, sinon de nature, du moins d’utilité.
Le cash est redevenu pour beaucoup de gens une réserve de valeur parfaitement fiable qu’il s’agit justement de préserver.
Je n’utilise pas les espèces pour mes paiements car ma réserve de cash, j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. C’est cette réserve qui me permettra, un jour, lorsque les banques refuseront d’en délivrer ou lorsque les distributeurs automatiques seront contingentés, d’exercer ma liberté individuelle.
Une forme inférieure de monnaie
Autrement dit, j’insiste, le paiement numérique devient une forme inférieure, dégradée, de la monnaie, tandis que le cash acquiert un statut supérieur et devient une forme valorisée de ma réserve monétaire.
Pour enfoncer le clou, on peut sans crainte d’exagérer dire que le paiement numérique est un paiement en mauvaise monnaie puisque cette mauvaise monnaie, on s’en débarrasse tandis que la vraie monnaie de degré supérieur, le cash, cette vraie monnaie, on la conserve. Nous sommes en plein dans ce que nous explique la loi de Gresham : la mauvaise monnaie chasse la bonne.
C’est un phénomène historique que Gresham nous livre sous une forme très ramassée.
En effet, l’Histoire montre que dans les périodes de troubles monétaires – et nous sommes dans une de ces périodes – la mauvaise monnaie brûle les doigts, on l’utilise sans cesse, elle circule. A l’inverse, la bonne monnaie, celle en qui on a confiance comme réserve de valeur et instrument de liberté, on la garde. Il en fut ainsi avec l’or.
L’or, monnaie suprême
L’or en tant que monnaie a progressivement disparu de la circulation tant il était précieux. Ceci a été visible à toutes les périodes de l’Histoire : au cours des guerres, au cours des révolutions, le papier circule, les formes dégradées de la monnaie tournent sans arrêt, tandis que la forme suprême, la forme archétypique que constitue l’or est stockée.
Le papier et maintenant le numérique sont les monnaies des serfs et des esclaves ; l’or est la monnaie des rois.
Les banques centrales et les grandes puissances savent cela… mais elles ne veulent surtout pas que vous, vous le sachiez.
En 1971, Nixon était tétanisé par les déficits américains et par les demandes de conversion de dollars en or, en particulier les demandes françaises. Il a tenu à tout prix à protéger le stock d’or – ce qui est parfaitement raconté par Kissinger dans ses mémoires – afin de préserver l’instrument de paiement impérial que constitue le métal.
Depuis cette date, les banques centrales (sauf celles qui sont gérées par des idiots) conservent précieusement leur or. Elles savent qu’en cas de conflit militaire, l’or sera indispensable et que tout instrument de paiement dont la valeur repose sur des contrats, sur des conventions ou sur la confiance sera refusé.
Aggravation des tensions
Vous savez que je m’attends à une période trouble.
La crise de 2008 a considérablement attisé les antagonismes sur la planète. Les antagonismes, qui sont le produit nécessaire de la crise, dressent les pays les uns contre les autres – et ce n’est pas un hasard si on assiste à une guerre tiède entre le camp occidental, qui régresse, et le camp oriental et asiatique, qui progresse.
Les conditions d’un conflit mondial, qu’il soit tiède ou chaud, se mettent progressivement en place.
Dans le cadre de ce conflit, les papiers, les contrats, les conventions seront balayés. Ce qui règnera, ce sera la double loi à la fois du plus fort et de l’utilité. A quoi servira un billet de papier-monnaie ?
Parallèlement à cette montée des tensions internationales que j’annonce depuis 2008 (en particulier dans un article très clair intitulé « Un jour ou l’autre il faudra bien qu’il y ait la guerre »), nous assistons à une montée des antagonismes internes, c’est-à-dire domestiques.
Les classes sociales se dressent les unes contre les autres. On appelle cela la lutte des 99% contre les 1%, ou bien on appelle cela la lutte entre les populistes et l’establishment. Ces antagonismes vont s’exacerber avec la double crise en cours, crise sanitaire et crise financière.
Les valeurs sur lesquelles nos sociétés sont bâties sont progressivement balayées, le cynisme s’installe, la loi du plus fort, la loi de la police, remplacent nos consensus. Tout cela n’augure rien de bon. Ce n’est pas un hasard si les banques centrales, tétanisées, acculées à de plus en plus d’artifices, préparent des ersatz de monnaie comme les monnaies numériques.
En attendant, vous savez que je prédis la chute des quasi-monnaies, c’est-à-dire la chute de valeurs des actifs papier qui sont cotés sur les marchés. Le jour où les actifs cotés sur les marchés verront leur valeur chuter, c’en sera fini de la solvabilité bancaire et par conséquent de la garantie et de la sécurité de vos dépôts. La monnaie scripturale sera en première ligne de destruction.
En attendant, ce qui conservera sa valeur encore un bout de temps, ce sera le cash. Et après le cash, ce sera l’or, le métal.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]