Une crise financière d’ampleur historique se prépare… et pendant ce temps, aveuglément, les marchés grimpent et grimpent…
Nous sommes en train de préparer une crise financière de grande ampleur. Sanglante. Dans un an, dans cinq ans, dans sept ans ? Peu importe, à l’échelle de l’Histoire. La crise de 1923 en Allemagne a été construite dès avant la guerre de 14 !
Rien n’a été appris en 2008, et surtout rien n’a été compris.
Ce ne sont pas les quelques dysfonctionnements que l’on a relevé qui sont les causes de la crise. Non, c’est la logique, le fondamental, l’essence du marché financier qui est responsable.
Le marché financier ne s’auto-régule pas comme les marchés de biens et de services ; il est enclin au contraire à l’emballement – et cet emballement devient fou lorsque les autorités monétaires non seulement l’encouragent, mais aussi l’alimentent monétairement.
Quand j’ai fait mes débuts en Bourse, j’ai eu un bon maître qui résumait en une seule phrase toute la sagesse d’un vieux professionnel :
« En Bourse, plus ça monte et plus il y a de cons ! »
Une erreur considérable
Pour compléter la réflexion, une analyse théorique de l’économiste André Orléan, ci-dessous :
« Lors de la crise de 2008, tout ce qui était ‘autour’ du marché a dysfonctionné sans que le marché lui-même ne soit questionné.
On ne trouve aucune remise en cause du principe concurrentiel lui-même, autrement dit du rôle qui est assigné aux marchés financiers dans l’allocation internationale des capitaux.
Leur primauté et leur intégrité se trouvent d’ailleurs explicitement réaffirmées comme le but visé par le G20. A mon sens, c’est là une erreur d’ampleur considérable.
L’instabilité est, à mes yeux, inhérente à la concurrence financière elle-même. Les facteurs énumérés par le G20 ont certes une part de responsabilité mais la responsabilité centrale est à chercher dans le principe concurrentiel lui-même appliqué aux titres financiers !
Cela tient à sa logique propre qui fait que, par exemple, une croissance du prix n’engendre pas mécaniquement, comme c’est le cas sur les marchés de biens ordinaires, des forces de rappel qui tendent à peser à la baisse sur le prix, à savoir une diminution de la demande.
Les prix financiers peuvent dériver fortement, à la hausse comme à la baisse, sans que les marchés produisent des forces contraires dans la mesure où le principe d’autorégulation que connaissent certains marchés de biens ordinaires n’y prévaut nullement.
Voilà le nœud du problème comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire. En conséquence, nos économies ne sauraient s’en remettre à la concurrence financière sans courir de grands risques.
A l’opposé, le G20 croit dans les vertus des marchés financiers et interprète ses crises comme des accidents qui auraient pu être évités si le mécanisme concurrentiel n’avait pas été pollué.
Aussi, pour éviter les crises, faudrait-il rétablir le mécanisme concurrentiel dans toute sa pureté, en suivant le modèle des grands marchés boursiers centralisés. Telle est la doctrine officielle : promouvoir la transparence. »