La crise du coronavirus ferait presque oublier qu’une élection présidentielle est prévue aux Etats-Unis cette année. Quelles sont les chances de Donald Trump, et ses opposants démocrates font-ils le poids ?
A 2h30 du matin, la nuit de l’élection présidentielle de 2016, le légendaire investisseur Carl Icahn a quitté la soirée organisée à la Trump Tower et placé un ordre d’achat d’actions s’élevant à 1 M$.
Et vous, qu’avez-vous fait, cette nuit-là, à 2h30 ?
Si vous aviez suivi nos prévisions, vous auriez pu acheter vos actions avant Carl Icahn. Car nous avions régulièrement prédit la victoire de Trump dès la fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre 2016 sur une chaîne de télévision nationale américaine.
Les chroniqueurs qui m’ont interviewé sont restés bouche bée un instant, lorsque j’ai déclaré que Trump allait gagner : à l’époque, Hillary Clinton était favorite à 92%.
Après avoir repris leurs esprits, ils m’ont demandé des précisions, que j’ai volontiers communiquées, notamment des détails expliquant pourquoi les sondages étaient faussés, et pourquoi la participation allait surpasser les prévisions dans les « swing states » [NDLR : Etats demeurant indécis jusqu’au dernier moment].
Aujourd’hui, les gros titres de la presse conventionnelle et les chroniqueurs vous offrent tous une évaluation de la situation politique du processus électoral de 2020. C’est très bien pour l’observateur lambda, mais pas pour nos lecteurs…
Car même si Trump pourrait l’emporter en novembre, les investisseurs ne peuvent exclure qu’un ou plusieurs nouveaux chocs – liés notamment aux suites de la crise du coronavirus –ne surviennent au cours des prochains mois et ne fassent reculer les marchés sur la base de la surprise ou d’une incertitude accrue.
Les élections ont un effet sur l’économie
Avec mon équipe, je préviens mes lecteurs à l’avance, au fil des événements, qu’il s’agisse de processus politiques ou de facteurs macroéconomiques ayant une influence sur Wall Street et nos portefeuilles.
Que l’on apprécie ou non Trump, partir simplement du principe qu’il va gagner vous permettrait au moins de savoir où en sont les choses actuellement, et d’ajuster votre portefeuille en conséquence. Mais il ne suffit pas d’attendre et de voir si Trump va bel et bien l’emporter.
Car cela pose un problème : en 2016, les investisseurs et les politiciens qui étaient partis du principe que Hillary Clinton l’emporterait ont été sidérés face à la victoire de Trump.
Les investisseurs doivent donc être attentifs aux nouveaux facteurs de choc, cette année.
Le fait est que les élections ont un effet sur l’économie. Nous suivons de près cette élection afin de vous offrir une longueur d’avance en termes de market-timing et d’allocation de votre portefeuille.
Pourquoi les investisseurs devraient-ils s’intéresser à la politique ?
Les lecteurs se demandent peut-être pourquoi une lettre d’information financière consacre autant de temps à la politique. La raison est évidente : en cette période électorale, la politique et l’économie ne font qu’un.
Trump va sans doute proposer des baisses d’impôts, dans son programme de campagne, tandis que les démocrates sont tous en faveur d’une augmentation.
Les républicains veulent alléger les réglementations dans des domaines concernant l’énergie, l’environnement et la santé, tandis que les démocrates veulent de nouveaux programmes coûteux tels que le Green New Deal [NDLR : New Deal environnemental], l’assurance-maladie (Medicare) pour tous, la gratuité des études universitaires et l’effacement des prêts étudiants.
Chaque électeur n’a que l’embarras du choix, parmi ces programmes et candidats. Mais personne ne peut nier que ces politiques affectent la croissance économique, le cours des actions et l’éventualité qu’un secteur de marché particulier soit soutenu ou pénalisé à mesure que ces programmes seront mis en œuvre par le vainqueur.
Profondes différences
La plupart des prévisions économiques et de marché que vous pouvez lire aujourd’hui seront à jeter à la poubelle au fil de la campagne (et même de la primaire en cours). Les investisseurs vont brutalement prendre conscience de profondes différences entre les deux partis.
En ce qui concerne le candidat qui représentera les démocrates à la présidentielle, la course qui a débuté avec 25 candidats s’est désormais réduite à deux candidats – classés comme suit, selon le tableau publié par le New York Times, le 20 mars 2020 (depuis, les primaires démocrates ont été suspendues à cause de l’épidémie de coronavirus).
Bien entendu, les résultats des sondages changeront beaucoup à mesure que la primaire reprendra, que les conséquences de la crise du coronavirus se feront sentir, etc. Mais il est important d’avoir en tête ces chiffres pour suivre le reste des événements et les rapports de force entre les candidats.
Les présidents américains ne remportent pas le pays : ils remportent des Etats
Ne donnez pas trop d’importance aux moyennes des sondages nationaux indiquées ci-dessus. C’est un bon sujet de conversation lors des dîners en ville, mais elles ne signifient rien en termes d’analyse de la course.
Ces sondages nationaux importent peu car il ne s’agit pas d’une élection nationale. Les Etats-Unis élisent des présidents à la tête du pays, mais cela se fait Etat par Etat, selon des règles établies par chaque Etat, et un collège de grands électeurs (représentant chaque Etat).
Les présidents ne remportent pas le pays. Ils remportent (ou perdent) un par un le Michigan, l’Ohio, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le reste des 50 Etats, ainsi que le district de Columbia.
Pour comprendre cette dynamique, il convient d’examiner les sondages des Etats – c’est ce que nous allons faire dès demain, en prenant le cas de l’Iowa.