Pour stabiliser le système, il va falloir des sommes colossales… qui portent en elles le germe de nouvelles crises, encore plus graves.
Pour stabiliser le système financier, économique et monétaire mondial – en respectant la séquence dans cet ordre –, il faut des actions monétaires, budgétaires et réglementaires. Tout est colossal, et s’agissant des sommes en jeu, on parle de milliers et de milliers de milliards (il n’est pas dans mes compétences de parler du réglementaire).
L’énormité des montants qui s’ajoutent aux déséquilibres déjà existants conduit mécaniquement à la destruction des monnaies telles que nous les connaissons.
Plus le temps passe et plus le processus devient puissant, irrésistible : on a déjà détruit plus de 40 000 Mds$ d’actifs dans le monde et ce n’est pas être alarmiste que de dire simplement que le monde total est devenu insolvable. La « chaîne du bonheur » de la finance est rompue en de nombreux points. Le compte n’y est plus.
Les dégâts, ces jours-ci, se propagent selon un processus terrible : la pénurie de dollars à l’extérieur des Etats-Unis.
Boussoles perdues
L’un des problèmes, c’est l’ignorance. Les autorités ne parviennent pas à stopper la destruction en chaîne parce que leurs théories sont fausses ; elles ne savent plus comment fonctionne le système, elles ont perdu les cartes et les boussoles.
Elles balancent donc au jugé des dollars, des euros, etc., en priant pour qu’ils tombent au bon endroit et produisent le bon effet.
C’est ce qu’elles ont fait pendant 12 ans… et elles ont tellement arrosé, avec une efficacité médiocre, que cela a produit une bulle inflationniste sur les marchés financiers. L’argent qui n’allait pas là où il devait aller a fait une hernie. C’est cette hernie qui éclate partiellement ces jours-ci. On appelle ce phénomène le problème de la transmission.
Pour résumer : il y a l’action monétaire pour tenter, à coup de milliers de milliards, de stopper la destruction en chaîne des actifs financiers. Mais il faut également une action budgétaire pour, comme on dit, « soutenir la demande » étant donné que celle-ci est en train de s’effondrer partout. Tout comme l’offre d’ailleurs !
Si on veut pouvoir repartir après le virus il faut une énorme action budgétaire. Enorme car les destructions sont énormes… et parce qu’il faut absolument éviter une reprise en « L » et produire au contraire une reprise en « V ».
Destruction des monnaies
C’est à partir de cette action budgétaire que je prévois la destruction des monnaies, via la destruction du crédit des Etats/gouvernements.
Pour financer les dépenses budgétaires colossales, on va émettre des emprunts d’Etat en masse… on va solliciter encore plus la bulle des emprunts d’Etat… on va bloquer les taux d’intérêt pour éviter que ces emprunts ne coûtent trop cher… ces emprunts cesseront d’avoir un prix naturel, on va s’enfoncer dans l’artificiel… puis un choc va intervenir et la bulle éclatera.
La bulle mère de toutes les bulles est la bulle des emprunts Etat – et elle est, elle aussi, condamnée à éclater.
Compte tenu du fait que nos systèmes monétaires sont adossés aux emprunts d’Etat, compte tenu du fait que les dettes souveraines sont la pierre angulaire du système bancaire, la destruction sera incontrôlable.
L’engrenage s’est mis en branle la semaine dernière quand, au lieu de baisser, le rendement du phare mondial, le 10 ans US, s’est mis à monter de façon anormale, à contre-courant du fameux risk-off. C’est le signe, c’est le signal.
Le processus décrit est un processus historique. Il va donc être étalé dans le temps, mais c’est un rouleau compresseur : rien ne l’arrêtera.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
Doit-on en déduire – à la lecture de cet article – que le système financier actuel est devenu obsolète et nuisible ?
Faut-il créer un nouveau système économique, financier, monétaire, politique et social qui soit au service réel des Citoyens de la Terre ?
Que peuvent faire les rédacteurs de la Chronique Agora, les citoyens, les professionnels de l’économie et de la société civile, avec conscience et cohérence ?