La Fed est à la manœuvre sur le marché des repos, mais le système est à bout de souffle – désormais, ne reste plus qu’une seule solution…
« La Fed injecte 82 Mds$ sur les marchés financiers », titrait le Wall Street Journal mercredi dernier, en référence aux actions de la Réserve fédérale de mardi. La Fed avait déjà ajouté 60 Mds$ la veille.
La « folie repo » dure depuis quatre mois.
Il est temps de se poser quelques questions…
De la théorie au désespoir
Qui est le plus gros débiteur au monde ? Qui a déjà prévu d’emprunter 20 000 Mds$ supplémentaires sur les 20 prochaines années ?
Qui a fait le plus gros pari contre la devise US et les obligations d’Etat américaines ? Qui a alors le plus intérêt à voir le dollar US… et les obligations US… chuter ? Qui pourrait gagner jusqu’à 23 000 Mds$ si le billet vert suivait les traces du bolivar vénézuélien demain ?
Et qui est en position d’y arriver ?
Ces questions ont toutes la même réponse : le gouvernement américain. Personne n’a autant à gagner de l’inflation et d’une chute du dollar et des obligations US en dollar.
En août dernier, cet intérêt était encore essentiellement théorique. Depuis septembre, il est réel. Bientôt, il sera désespéré.
Des crevettes pour Noël
Oui, cher lecteur, si vous laissez les dindes décider, vous aurez de la soupe aux crevettes pour Noël. Ces dindes-là, en tout cas, vont fichtrement s’assurer que le dollar chute.
La dette américaine ne peut pas être remboursée. Donald Trump avait promis de l’éponger en huit ans. A la place, il l’augmente de près de 100 Mds$ par mois. De tels déficits ne peuvent pas être couverts par les impôts ou par l’emprunt honnête. Ne reste plus que l’impression de (fausse) monnaie par la Fed ; c’est le seul moyen de sortir du piège de la dette.
La semaine dernière, « les investisseurs attendaient les chiffres pour y trouver plus d’indices sur la politique de la Fed », disaient les médias. Ils perdent leur temps. Le programme est déjà décidé… la stratégie est déjà déterminée… le destin de la Fed – et le nôtre – est scellé.
C’est « l’inflation ou la mort ». Il n’y a pas d’autre moyen. S’il y a jamais eu des doutes sur la question, ils ont été éliminés le 17 septembre 2019.
C’est à ce moment-là que la liquidité s’est asséchée sur les marchés des repos – un important segment des marchés du prêt. Le taux pour emprunter au jour le jour s’est envolé à 10%, et la Fed est arrivée à la rescousse.
Depuis, elle injecte des milliards de dollars sur le marché des repos.
A bas l’empire
La guerre et l’inflation ont toujours été des moyens fiables de faire s’effondrer un empire. Nous doutons qu’ils échouent cette fois-ci.
Les Etats-Unis sont en guerre depuis près de 20 ans… et les choses ne donnent pas signe de ralentir (le lecteur se souviendra que nous avons appelé cela la première erreur désastreuse du XXIème siècle pour les Etats-Unis). De son côté, la Fed injecte de l’inflation depuis des décennies (la deuxième erreur américaine), mais elle fait désormais tourner la planche à billets plus rapidement que jamais.
Ces deux éléments suivront des chemins prévisibles… comme un mauvais mariage… de prometteur à tolérable, puis de tolérable à insupportable.