Le système actuel, basé sur la dette, cherche à se perpétuer à tout prix : cela va passer par une intensification de la répression – et pas uniquement financière.
Nous sommes en marche vers un monde de surveillance, de contrôle, de répression et de servitude.
Ce n’est pas un choix délibéré des hommes, fussent-ils les élites. Non, c’est un mouvement produit par la situation du système et sa logique ultime : sa reproduction en tant que système d’accumulation au profit de quelques-uns. Cette reproduction est sa logique inconsciente, non sue, non mise à jour.
Et le prix de cette reproduction importe peu.
La crise de 2008 a été une crise de reproduction avec un système qui a buté sur ses limites.
Lesdites limites étaient constituées par l’endettement, qui a permis au système de se prolonger malgré les difficultés à maintenir la profitabilité et la valeur du capital dans un monde soumis d’une part aux pressions dépensières sociales démocrates, et d’autre part à la hausse de la composition organique du capital. La modernisation, si l’on veut.
La dette n’est plus une solution
La dette qui a été la solution jusqu’en 2008 a cessé de l’être. On est passé en situation de surendettement permanent.
Pourtant, on ne connaît pas d’autre solution pour prolonger cette voie : faire encore plus de tout ce qui conduit aux crises.
L’augmentation du taux d’exploitation de la main d’oeuvre et les quelques destructions de capital des plus faibles sont loin d’être suffisantes et de faire le compte. Le boulet des dettes est trop gros pour les cash-flows d’une part et la croissance érodée d’autre part.
On s’est résolu à avilir la monnaie, c’est-à-dire à inflater de façon accélérée le bilan des banques centrales.
On a voulu profiter du fait que certains gardaient la monnaie qu’ils gagnaient sans l’utiliser pour en créer plus. Ils ne s’en servent pas, donc on en crée d’autre pour s’en servir à leur place.
On a développé la thèse idiote de l’excès d’épargne : s’il y a déflation, c’est parce qu’il y a excès d’épargne. On peut donc compenser en créant de la monnaie pour remplacer celle qui est stockée et thésaurisée. On a décidé de se lancer dans l’inflation des signes monétaires et quasi-monétaires.
Naissance d’un nouveau système
Tout cela conduit à un nouveau système : on a créé une masse énorme de capital fictif, c’est-à-dire de capital non-productif, qui ne fait que reflater les dettes improductives du système. Les dettes des uns, dettes qui prolifèrent, sont toujours le capital des autres, lequel ne cesse donc de grandir.
Ce fut avec les théories qui sont nécessaires pour le justifier, le grand mouvement de financiarisation. Les fonctions créent à la fois les organes et les théories qui les justifient !
Pour accumuler plus et ne pas courir le risque de la fragilité exacerbée, il faut que les dettes coûtent de moins en moins cher. Il faut en produire un maximum et pouvoir les rouler, les renouveler, sans qu’elles deviennent exigibles.
Quand la baisse des taux ne suffit plus, il faut les mettre à zéro, puis quand on est à zéro, il faut inventer les taux négatifs ; c’est ce que l’on appelle la répression financière.
En clair, pour refaire un tour, il faut détruire les rémunérations de l’épargne normale, il faut laisser faire la spéculation car elle crée des collatéraux, des gages qui solvabilisent les dettes.
En route vers la Chine
Il faut intensifier les pressions fiscales et lutter contre non seulement la fuite devant l’impôt, mais aussi la fuite devant la répression financière, la rébellion devant la destruction des petits fonds de commerce et des avantages acquis.
Il faut oser détruire les retraites et les protections sociales.
Il faut contrôler les comptes bancaires, les patrimoines, les dépenses, forcer à certains emplois considérés comme positifs, comme les dépenses climatiques et les dépenses militaires.
Il faut peu à peu mettre en place une société où le jeu des désirs, des préférences individuelles, des déterminations personnelles et des groupes sont considérés comme déviants.
Paupérisation plus répression, plus rejet, plus nazification des plus faibles et défavorisés produisent ce que l’on appelle, pour le mépriser, le populisme.
La montée mondiale des populismes, de droite comme de gauche avec la diabolisation, l’ostracisation des peuples, conduit à une nouvelle étape. On impute au peuple un penchant fasciste pour ainsi pouvoir lui appliquer des lois scélérates et liberticides.
Fin de la liberté d’expression, fin de la liberté d’association, arrestations préventives, écoutes, fichage, lutte pour imposer le politiquement correct, la pseudo-justice sociale, l’ouverture aux migrants, la destruction de la famille, la fin de la préférence nationale et locale, etc. Tout cela devient monnaie courante, tout cela fait tache d’huile.
La Chine suit la même pente.
Le système chinois n’échappe absolument pas à nos contradictions, à nos tendances – au contraire : il se surendette, il est fragile.
Toutes les valeurs chinoises sont fausses et ne tiennent que par les artifices.
Le pouvoir veut rester en place. Pour cela, il a besoin de plus en plus de béquilles, d’emplâtres et de coercition.
Donc il double un système économique pseudo-libéral d’un système social et politique dictatorial, qui n’est rien d’autre qu’une caricature maladroite, grossière, cynique, du nôtre.
Nous ne sommes pas l’avenir de la Chine : non, c’est la Chine qui est notre avenir, elle nous préfigure.
La convergence se fait vers le bas, vers le mal, vers la régression, vers l’avilissement.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
J’espère pouvoir profiter de votre lucidité encore longtemps.