Après un ralentissement fin 2018, les rachats d’actions reprennent et pourraient atteindre de nouveaux records.
Les rachats d’actions, l’un des sujets majeurs de l’année dernière, devraient se poursuivre cette année. 2018 fut une année phare pour les entreprises qui ont mis en place des programmes de rachat de leurs propres actions. Il semble clair à présent que cette tendance devrait se poursuivre.
L’année dernière, les programmes de rachat d’actions annoncés par les entreprises américaines ont atteint plus de 1 100 Mds$. Armées des liquidités excédentaires issues de la réduction de l’impôt sur les sociétés votée en 2017, les entreprises américaines ont racheté en masse leurs propres actions.
Mais au mois de décembre 2018, à peine 800 Mds$ avaient effectivement été investis en rachats d’actions. Cela signifie que par rapport à l’enveloppe globale annoncée, environ 300 Mds$ attendent encore d’être investis sur le marché.
En fait, Wall Street se prépare déjà à une nouvelle année record pour les rachats d’actions.
Dubravko Lakos-Bujas, stratégiste chez J.P. Morgan, a écrit dans un rapport récent que « les entreprises du S&P 500 devraient consacrer plus de 800 Mds$ à la réalisation de rachats d’actions en 2019 ».
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Le stratégiste de Wall Street a également expliqué que les rachats d’actions réalisés en 2018 étaient de bonne qualité. En effet, comme il le révèle dans son rapport, les entreprises ont financé leurs programmes de rachats d’actions à l’aide de leur trésorerie excédentaire, plutôt qu’en augmentant leur endettement. Le financement des rachats d’actions sur fonds propres représente une solution moins coûteuse que le recours à la dette.
Mais pourquoi la vague de rachats d’actions a-t-elle diminué à la fin de l’année dernière ?
La première raison réside dans le fait que les entreprises concernées avaient déjà racheté leurs propres actions à un rythme extrêmement rapide jusqu’au mois de septembre. C’est une des raisons majeures expliquant que le marché ait atteint son plus haut au cours de cette période, établissant même un nouveau record historique.
La deuxième raison est qu’en dépit des incertitudes et des craintes autour de la guerre commerciale, les entreprises américaines se sont montrées suffisamment confiantes en début d’année pour mettre en place leurs programmes de rachats d’action. C’est la raison pour laquelle les investisseurs ont ignoré les signaux d’alerte au cours des neuf premiers mois de l’année.
Cependant, le sentiment s’est fortement dégradé sur les marchés au cours du dernier trimestre, jusqu’à franchir à la fin du mois de décembre le seuil de correction définissant un marché baissier. De plus, les données statistiques publiées à travers le monde mettaient en évidence un risque de ralentissement économique à venir.
Un facteur clé souvent cité pour expliquer ce risque de ralentissement était la guerre commerciale prolongée, qui pourrait peser sur l’économie réelle et créer davantage d’incertitude. En retour, l’accroissement de la volatilité sur le marché a eu pour conséquence de décourager les entreprises à continuer d’investir dans leur développement ou d’utiliser l’ensemble des liquidités initialement destinées à leurs programmes de rachat d’actions.
La troisième explication de la réduction des rachats d’actions à la fin de l’année dernière réside dans le niveau record de dettes obligataires qui arrivaient à échéance. Ce surplus de dettes a également eu un impact négatif sur les anticipations de croissance. Le poids de la dette serait devenu encore plus insupportable si la Fed avait décidé d’augmenter ses taux d’intérêts comme prévu initialement.
Tensions et incertitudes
Certains analystes avaient même averti que la Fed risquait d’augmenter de nouveau ses taux d’intérêts à quatre reprises au cours de l’année 2019. Ces prévisions ont eu pour conséquence de faire craindre aux investisseurs que la politique monétaire menée par la Fed visant à soutenir l’économie pourrait réellement prendre fin.
La raison de cette inquiétude est simple : plus les taux d’intérêts sont élevés, plus il devient difficile d’emprunter et de rembourser la dette existante. Cette menace est particulièrement grande pour certaines entreprises étrangères et pays émergents caractérisés par des ratios d’endettement encore plus élevés qu’aux États-Unis.
Un renforcement du dollar résultant d’un durcissement de la politique monétaire de la Fed aurait en effet pour conséquence un déclin du taux de change des autres devises, ce qui rendrait plus difficile le remboursement des dettes libellées en dollars.
Enfin, les tensions sur les marchés financiers ont été amplifiées par les incertitudes politiques.
Des doutes ont surgi concernant la capacité du gouvernement américain à continuer de fonctionner normalement suite à la prise de contrôle de la Chambre des représentants par les démocrates lors des élections du mois de novembre, garantissant une aggravation des tensions existantes entre la Maison Blanche et le Congrès US.
On peut dire que ces craintes étaient justifiées. Le shutdown du gouvernement américain au début de l’année 2019 était en effet largement lié à ce changement dans l’équilibre des pouvoirs à Washington.
Les tensions géopolitiques se sont également amplifiées à la fin de l’année 2018, avec notamment la révolte des gilets jaunes en France, la situation autour du Brexit au Royaume-Uni, le risque de récession en Italie et l’aggravation des troubles en Amérique du Sud.
La combinaison de l’ensemble de ces facteurs a entraîné une situation de volatilité extrême sur les marchés financiers à la fin de l’année et explique pourquoi le dernier trimestre 2018 a été le pire pour les actions depuis la Grande dépression. Le contexte n’était donc pas favorable à la poursuite des programmes de rachat d’actions. Ces programmes ont normalement pour objectif d’augmenter le cours de bourse des actions, mais le contexte de marché largement défavorable en aurait annulé les effets.
Le choix le plus prudent pour les entreprises dans un tel contexte consistait donc à attendre jusqu’à ce que la situation se stabilise l’année suivante.
Mais Jerome Powell a par la suite cédé aux caprices de Wall Street et a adopté une position beaucoup plus conciliante concernant les taux d’intérêts et la réduction du bilan de la Fed. Cela signifie que le champ est libre à présent pour relancer les programmes de rachat d’actions.