Alors que les gens se précipitent sur les obligations souveraines nous sommes persuadés qu’à cinq ans, elles se révèleront être un mauvais choix.
Les autorités chinoises ont abandonné toute prudence monétaire et financière ; elles ont perdu l’espoir d’assainir. Elles ont raison car, de toute façon, il est trop tard.
La reflation chinoise actuelle porte ses fruits, du moins au niveau des indicateurs soft et des marchés. Elle est pour l’instant sur-réagie. Elle ne résout rien, pas plus en tout cas que celle de 2016. Si on devait en rester là, elle durerait ce que durent les roses, une saison.
Les deux autres ensembles économiques, les États-Unis et l’Eurozone, sont en ralentissement. Il faudrait qu’ils contribuent de façon stimulante à l’effort mondial de lutte contre le retour des forces déflationnistes pour stopper la dégradation.
Avec le temps, tout devient plus lourd et les remèdes ont un rendement de plus en plus limité. Par ailleurs, il y a les questions politiques et sociales qui entrent en ligne de compte. Les consensus ne sont plus là.
La courbe des taux américains est très inquiétante et elle suggère que la Fed devrait être plus audacieuse, c’est-à-dire plus laxiste, en coupant les taux courts de 0,50%. L’allure des obligations souveraines dans le monde et aux États-Unis est effrayante et elle préfigure la montée de forces déflationnistes terribles.
Ce n’est absolument pas un hasard si Trump, Kudlow et Steven Moore réclament une baisse des taux immédiate de 0,50% : ils ont raison. Ils ont raison, bien sûr, mais dans le cas d’une gestion « dans la seringue » – c’est-à-dire prisonnière de l’inflationnisme.
Le dollar index reste fort au-dessus des 97 ; les monnaies des pays émergents ont passé une bien triste semaine, en particulier les monnaies du Mexique, du Brésil, de l’Argentine, de l’Afrique du Sud et de la Russie. La vigueur du dollar renforce les tendances au ralentissement mondial, ce qui signifie que les vents contraires persistent.
Les conseillers de Trump veulent des taux plus bas tout en augmentant les déficits afin de stimuler l’activité ; hélas, la doctrine de Laffer ne marche pas, les réductions d’impôts ne s’autofinancent pas, les stimulations ne paient pas assez et le coût des déficits augmente clairement. Le coût des dettes augmente, on est à 8,7% du budget et cela limite les marges de manœuvre.
Petit à petit, la question des dettes du gouvernement et de leur financement prend de l’importance ; cette importance sera encore plus grande si la récession menace et finit par arriver. Comment financer ?
On comprend l’empressement des inflationnistes à essayer de mettre sur la table l’hypothèse du passage à la Théorie monétaire moderne, qui n’est que le nouveau nom de l’inflationnisme renforcé et accéléré.
Les remèdes qui ont prévalu jusqu’à présent ne seront pas suffisants – et puis ils sont épuisés. Nous sommes persuadés qu’il va falloir innover, explorer des chemins encore plus aventureux et donc plus spoliateurs pour le public, pour vous.
La foule se précipite sur les obligations souveraines alors que c’est de là que viendra le problème : déficits accrus et croissance faible = difficultés de financement.
C’est sur cet aspect que les régulateurs innoveront et ce ne sera pas à l’avantage des porteurs.
Alors que les gens se précipitent sur ces bons du Trésor, nous sommes persuadés qu’à cinq ans, ils se révéleront être un mauvais choix
Le problème du financement des déficits (chiffres en Mds$) :
Année | Intérêts sur la dette | Rendement du 10 ans | Dette cumulée | % du budget |
2008 | $253 | 3,7% | $5 803 | 8,5% |
2009 | $187 | 3,3% | $7 545 | 5,3% |
2010 | $196 | 3,2% | $9 019 | 5,7% |
2011 | $230 | 2,8% | $10 128 | 6,4% |
2012 | $220 | 1,8% | $11 281 | 6,2% |
2013 | $221 | 2,4% | $11 983 | 6,4% |
2014 | $229 | 2,5% | $12 780 | 6,5% |
2015 | $223 | 2,1% | $13 117 | 6,0% |
2016 | $240 | 1,8% | $14 168 | 6,2% |
2017 | $263 | 2,7% | $14 824 | 6,8% |
2018 | $325 | 2,9% | $15 750 | 7,9% |
2019 | $393 | 3,4% | $16 919 | 8,7% |
2020 | $479 | 3,6% | $18 087 | 10,1% |
2021 | $548 | 3,8% | $19 222 | 11,1% |
2022 | $610 | 3,8% | $20 334 | 11,8% |
2023 | $664 | 3,7% | $21 304 | 12,5% |
2024 | $702 | 3,7% | $22 064 | 12,9% |
2025 | $733 | 3,7% | $22 756 | 12,9% |
2026 | $762 | 3,7% | $23 390 | 12,9% |