Pour affronter la prochaine crise, les marges de manœuvre de politique monétaire sont inexistantes. Il restera la politique tout court.
Nous avons vu le murmure la semaine dernière… aujourd’hui, l’explosion !
Le cirque politique attire les foules à Washington, et pendant ce temps, les nouvelles les plus importantes sont ignorées et méprisées. Et rien n’y remédiera.
Comme nous le disions jeudi, le long chemin des Etats-Unis vers la faillite commencera par des murmures… mais se terminera par une explosion.
Les murmures viendront — comme toujours — en réaction à une crise de dette. Chute du prix des actions et des obligations, hausse du chômage, défauts de dette, saisies — l’effondrement poussera les gens à gémir, pleurnicher et réclamer de l’aide.
La maîtresse au feu, les cahiers au milieu
Les gens auraient dû retenir les leçons de la crise de 2008-2009. Mais la Fed a préféré incendier l’école, plaçant les taux d’intérêt si bas qu’épargner n’avait aucun sens.
Au lieu d’économiser, les gens ont donc emprunté plus… et ils sont désormais plus vulnérables que jamais.
Que feront-ils lorsque la prochaine crise arrivera ? Lorsque leurs actions seront divisées par deux ? Lorsque leur emploi disparaîtra ? Lorsque le déficit fédéral atteindra les 2 000 Mds$ ?
Ils s’attendront à ce que les autorités volent à leur secours — tout comme elles l’ont fait après les trois dernières crises en 1987, 2000 et 2008.
Cela devrait signifier une nouvelle vague de taux d’intérêt d’urgence extrêmement bas (Erreur n°3) et un nouveau programme de gabegies qui creuseront le déficit (également appelées « relances budgétaires »), tous conçus pour compenser les effets d’une économie déflationniste.
Telle a toujours été l’idée, au passage. On appelle ça une politique contracyclique. Lorsque le cycle économique est en pleine forme, les autorités le calment. La politique monétaire passe en mode « resserrement » — avec des taux de prêt plus élevés. La politique budgétaire est elle aussi resserrée — avec moins de dépenses et des surplus plus importants.
Ensuite, lorsque le cycle économique se retourne, les autorités sont prêtes : elles peuvent réduire les taux et dépenser une partie de l’excédent accumulé.
Si vous connaissez un peu la Bible, vous reconnaîtrez l’origine antique de cette idée. Pharaon, aidé par son conseiller juif, Joseph, a mené une politique économique contracyclique il y a des milliers d’années.
Joseph expliquant à Pharaon la politique contracyclique (Peinture de Raphaël)
Durant les sept années de vaches grasses, il accumula du grain. Durant les sept années de vaches maigres, il distribua ce grain au peuple.
Quand les vaches sont maigres et les greniers vides
Le problème avec les autorités américaines, c’est qu’elles n’ont jamais pu simplement stocker du grain. La dernière fois que les autorités américaines ont enregistré un vrai surplus, c’était pendant les dernières années de l’administration Clinton, il y a près de 20 ans.
Depuis, les gouvernements successifs ont vidé les granges… et emprunté 21 000 Mds$ pour payer le grain qu’elles ont oublié de stocker.
Alors que font-ils ? Semblant.
Ils distribuent du grain factice — de l’épargne qui n’a jamais été économisée ni gagnée… et de l’argent qui n’est rien d’autre que des avoirs sur une richesse qui n’existe pas. Ces avoirs sont ensuite ajoutés à la dette fédérale.
Les autorités sont alors plus vulnérables, elles aussi. Elles doivent emprunter encore plus d’argent rien que pour assurer le remboursement de leurs dettes.
Cela met le marché de la dette sous pression… fait grimper les taux d’intérêt… et rend l’économie encore plus faible, réduisant ainsi les recettes fiscales.
Ce n’est qu’une déflation de dette classique. Cela se produit à chaque fois sans exception — les taux d’intérêt grimpent et la dette devient trop lourde à porter.
Et ensuite ? Les pauvres, les riches, les compères et les zombies… les yeux pleins de larmes, le portefeuille vide… se tournent vers les autorités :
Aidez-moi. Comprenez-moi. Touchez-moi. Guérissez-moi.
Les autorités peuvent-elles réussir un sauvetage de plus, comme après 1987, 2000 et 2008 ?
Sans taux d’intérêt à réduire (le taux directeur de la Fed est toujours négatif, en termes réels)… sans excédent budgétaire où puiser (nous en sommes à la dixième année de vaches grasses… et les Etats-Unis augmentent toujours leur dette au rythme de plus de 1 000 Mds$ par an)… que peuvent faire les autorités ?
Boum !
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» Telle a toujours été l’idée, au passage. On appelle ça une politique contracyclique. Lorsque le cycle économique est en pleine forme, les autorités le calment. La politique monétaire passe en mode « resserrement » — avec des taux de prêt plus élevés. La politique budgétaire est elle aussi resserrée — avec moins de dépenses et des surplus plus importants. »
Ironiquement de l’histoire c’est que les surplus budgétaires et les taux d’intérêt élevés sont en fait à l’origine de la prospérité économique, dans le premier cas en permettant de réduire la dette publique (donc de libérer des capitaux pour prêter au secteur privé de façon non inflationniste), dans le second en encourageant l’épargne (augmentant le stock de capital disponible pour investir).
A l’inverse, les déficits et les taux bas cassent la croissance…