Nos chers politiciens confondent allègrement l’argent des contribuables avec une cagnotte tombée du ciel dans laquelle ils pourraient piocher à loisir.
Mais nos sous dans tout ça ? Car c’est bien de notre argent dont il s’agit, n’en déplaise à certains politiciens de carrière soucieux de complaire à une population donnée.
Voici un nouvel exemple offert par notre ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Comme il n’en n’est plus à un détail près, notre agrégé de Lettres modernes confond « investissement » et « dépense ».
Comme l’Etat ne va pas devenir actionnaire des PME innovantes qu’il va subventionner avec vos impôts, il n’a pas non plus vocation à percevoir de dividendes. En revanche, si certaines entreprises s’avèrent incapables de rembourser un prêt consenti par l’Etat ou par une collectivité locale (par exemple parce qu’elles ont entre-temps déposé leur bilan), l’Etat enregistrera une perte sèche.
Dépense, donc. Autant dire que le hashtag #MakeOurBudgetGreatAgain ne devrait pas cartonner sur Twitter…
Placements : faut-il prendre des risques, comme le voudraient nos ministres ?
Le 15 décembre, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a publié les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement. Edouard Philippe et Bruno Le Maire serinent aux Français qu’ils devraient prendre plus de risques avec leur épargne, en particulier en investissant dans les PME. Si les épargnants se montrent réticents, notre bon gouvernement les y incitera vivement.
Ceci posé, comment ces Edouard Philippe et Bruno Le Maire gèrent-ils leur argent (à eux) ?
Le patrimoine du Premier ministre est estimé à 1,7 M€. Au sein de ce joli pactole, combien d’actions, à votre avis ? A part peut-être dans un compte-titres BNPP dont la valeur vénale avoisinait les 8 000 € lors de la déclaration, on ne voit guère où elles pourraient se loger.
Le patrimoine de notre ministre de l’Economie et des Finances se monterait quant à lui à 1,5 M€. Des actions en compte-titres ? Non. Dans un contrat d’assurance-vie, alors ? Non plus. Bruno Le Maire n’en détenait pas au jour de la déclaration.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir
Conclusion de Simone Wapler :
« Rien – zéro – nada – même pas une participation dans le garage du beau-frère, ou le restaurant d’une cousine… Comme d’habitude c’est ‘faites ce que je dis mais pas ce que je fais’ et nos parasitocrates n’ont aucun enjeu dans les orientations forcées qu’ils donnent : gouvernement, autorités de contrôle et industrie financière ne risquent en effet rien en cas de krach des marchés actions. »
Faut-il privilégier les placements « sans risque », comme le recommande Marine Le Pen ?
Rassurez-vous, d’autres politiciens proposent aux épargnants des produits « sans risque » :
3% : « une rémunération exceptionnelle pour un placement sans risque », promet Marine Le Pen. C’est vrai que c’est tentant. Le problème, c’est qu’à la différence de l’emprunt lancé par le Front National en juin 2017 pour financer les législatives imminentes (11-18 juin), celui-ci est censé permettre au FN de « financer les prochaines échéances électorales, en particulier les européennes de 2019 », explique Capital. Une échéance assez lointaine qui pose la question de savoir si cet argent frais n’a pas surtout vocation à renflouer les caisses du parti. A vous de voir quel niveau de confiance vous accordez à Marine Le Pen…
Là où je suis en revanche d’accord avec la présidente du FN, c’est pour dire que ce type d’initiative privée permet effectivement de sauvegarder le pluralisme et la démocratie. Je l’invite d’ailleurs à aller plus loin dans sa démarche et à réclamer la suppression de toute subvention publique aux partis politiques.
Cela responsabiliserait tant les citoyens que les dirigeants politiques, dont on peut facilement imaginer qu’ils limiteraient leurs voyages en hélicoptère et autres gabegies.
La vie publique est aujourd’hui largement fonctionnarisée. On doit notamment cette dérive à la manne d’argent public qui tombe de manière métronomique dans les caisses des grands partis. Assurés de franchir le seuil de remboursement de leurs dépenses de campagne, les partis dominants concentrent l’essentiel des aides publiques.
En interdisant toute subvention publique aux partis politiques (ainsi qu’aux associations, dont certaines sont clairement engagées politiquement), la vie publique s’en trouverait plus démocratique, concurrentielle sur le plan des idées (disparition de la prime aux grand partis) et moins coûteuse pour la société.
Retraites : vous n’auriez pas une calculatrice de rab ?
Que vous soyez ou non salarié, vous allez voir que l’absorption progressive du RSI par le régime général de la Sécurité sociale a trouvé une nouvelle justification. En effet, que vous cotisiez pour votre retraite auprès du premier ou auprès de la seconde, le calcul de votre pension de retraite semble être effectué avec la même application logicielle.
Du côté du régime général, comptez 11% d’erreurs en 2016, soit une hausse de 40% par rapport à 2015 :
Quid du côté du RSI ? Fin décembre, Eric Verhaeghe a interviewé Denis Lalys. Le secrétaire général de la Fédération CGT-RSI nous a appris que l’organisme opère « une gestion dramatique du flux du service informatique du RSI qui a conduit à ce qu’aujourd’hui les salariés calculent les retraites à la main. On en est là aujourd’hui dans les caisses du RSI. » Rassurez-vous, depuis, le RSI est devenu la Sécurité sociale indépendants (SSI) et tout va s’arranger.
Plutôt que de vous lamenter sur votre propre sort, je vous demanderai de bien vouloir avoir une pensée pour nos courageux députés. Ces derniers se sont récemment sacrifiés pour la Nation en alignant leur régime de retraite sur celui de la fonction publique.
Le Parisien nous révèle que depuis, certains élus du Palais Bourbon jalousent ouvertement le régime de retraite de ceux du Palais du Luxembourg.
« Avec les nouvelles règles mises en oeuvre le 1er janvier dernier, les locataires de l’Assemblée nationale percevront, en effet, une pension de quelque 700 € par mois contre… 1 831 € pour les élus du Palais du Luxembourg… Un écart de plus de deux fois et demi ! ».
Précisons que ces chiffres s’entendent pour un seul mandat.
Une idée : et si on alignait tout le monde sur les mêmes règles de droit ? Ca, ça serait de la justice sociale, de la vraie, non ?
2 commentaires
Excellente idée…l’économie annuelle se chiffrerait à plus de 34 milliards d’euros (environ la moitié du déficit public), 9 mds pour les régimes spéciaux hors fonction publique et 25 mds pour le régime des fonctionnaires
Liberté, EGALITE, fraternité, donc un seul et unique régime, les mêmes cotisations pour les mêmes prestations à venir