Tout va bien encore aujourd’hui.
- Bloomberg nous dit que la croissance chinoise a surpris en bien, les marchés actions et obligataires sont toujours au sommet.
- Presque personne ne parle plus des banques italiennes. L’idée des bad banks nationales a fait l’unanimité au sein de l’Eurogroupe. Monte dei Paschi di Siena et les deux banques vénitiennes, Popolare di Vicenza and Veneto Banca, seront soulagées de 50 Mds€ de prêts non performants, ce qui n’en laissera qu’environ 275 Mds€ dans le système. Dans un an, les banques italiennes auront divisé par deux leur taux de prêts non performants revenant à 8%, a indiqué le gouverneur de la Banque d’Italie Ignazio Visco. Selon The Wall Street Journal, l’annonce de l’augmentation de capital de Banca Carige a soulevé l’enthousiasme des foules.
- The Wall Street Journal nous apprend que le fonds américain EnerVest de prise de participation dans le pétrole qui avait levé 2 Mds$ et emprunté 1,2 Mds$ il y a quatre ans vient de succomber. Les investisseurs et les prêteurs ne reverront pas leur argent. Le fonds avait démarré au sommet de l’activité du gaz et du pétrole de schiste. Mais qui se soucie encore de deux misérables milliards de nos jours ?
- En France, les dépôts sur les livrets de Caisse d’Epargne qui rapportent 0,75% ont atteint des records. Mais les banques françaises peuvent trouver de l’argent beaucoup moins cher sur les marchés et ces dépôts les encombrent. Si elles les remettaient à la Caisse des Dépôts, cette dernière devrait lever des fonds propres mais Le Figaro nous assure que les banques commerciales se tiendront bien et ne feront pas une telle vilennie.
- JP Morgan Chase va racheter pour 19 Mds$ des ses propres actions de la banque et le patron de la banque américaine se frotte les mains du feu vert donné par la Fed nous indique Business Insider.
Tout va bien. La fausse monnaie fait son oeuvre, « extend and pretend » : toutes les faillites, les prêts bidon se dissolvent dans cette ingénierie financière des banques centrales.
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Au fur et à mesure que les marchés montent, les voix des sceptiques inaudibles, se raréfient.
Les banques centrales trouvent leur justification dans des modèles censés pouvoir leur permettre de maîtriser la création monétaire.
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Un certain nombre de relations à la base des actions des banques centrales ont été acceptées de façon consensuelle : relations entre monnaie et inflation, crédit et investissement ou emploi et inflation.
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Or à l’heure actuelle, on observe une illogique absence d’inflation ou une faiblesse de l’activité malgré les prévisions validées par les modèles fondés sur ces relations. De multiples commentaires ont été déjà faits à ce sujet, mais, à l’occasion de la dernière réunion de son Comité de politique monétaire, la réserve fédérale américaine, la Fed, a reconnu qu’une autre de ses modélisations ne fonctionne plus.
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C’est la conséquence de l’entrée dans un monde économique de plus en plus administré. En créant massivement de la monnaie, les banques centrales ont bloqué les mécanismes de marché. Le risque n’est plus évalué, l’optimisation de l’allocation du capital ne fonctionne plus. Les banques centrales ont installé l’économie occidentale dans un système plus proche de celui créé par la planification « scientifique » de la défunte URSS, que du système rêvé par Von Mises ou Hayek. Après dix ans de cette politique, il est temps d’en changer et de redonner la liberté aux taux d’intérêt.
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Comme nos aînés ont su sortir du système de contrôle des prix pour retrouver la croissance, il nous faut sortir de l’interventionnisme monétaire sans limite pour retrouver nous aussi une vraie croissance.Hubert Rodarie, Directeur général délégué du groupe d’assurance SMA, Figarovox
Une « idée de gardien de phare » est une idée, émise par quelqu’un qui semble avoir vécu dans l’isolement le plus total, à l’écart des autres bipèdes. En elle n’est ni consensuelle, ni grand public, en d’autres termes,
Hubert Rodarie aurait-il eu une pensée de gardien de phare ?
Redonner sa liberté aux taux d’intérêt ?
Notre isolé oublierait-il les milliers de fonctionnaires des banques centrales partout dans le monde qui gèrent cette « planification scientifique » des taux d’intérêt ; oublierait-il les millions de fonctionnaires qui ont besoin de crédit infini et quasi-gratuit pour sauver ce qui selon eux doit l’être, pour financer ce qui sinon ne le serait jamais, tous ces faux investissements bidons ; oublierait-il les politiciens qui ont besoin d’argent pour acheter leurs électeurs en leur promettant des lendemains qui chantent.
En réalité non, Hubert Rodarie ne va pas au bout de ses propres idées. Ce n’est pas un vrai gardien de phare comme le montre sa conclusion :
Le seul vrai problème est de réduire raisonnablement les conséquences d’un retour à la liberté qui se traduira par une remontée des taux pour que prêteur et épargnant soient à nouveau rémunérés et les mauvais projets écartés. C’est possible, mais cela nécessite, là aussi, d’innover.
On ne peut pas réduire les conséquences de la liberté. On pilote ou pas, on laisse faire ou pas, on est libre ou pas. C’est assez binaire et sans nuance : si on est libre, on assume la conséquence de ses actes, on en est responsable.
On ne peut pas « réduire raisonnablement les conséquences » d’actions totalement irraisonnables et folles engagées depuis dix ans (et presque trente au Japon).
Si remontée des taux il y a, il y aura du sang sur les murs des salles de marché et des épargnants ruinés. Les banquiers centraux, les politiciens, leurs amis conseilleurs universitaires keynésiens et les investisseurs institutionnels dépositaires de véritable épargne (les assureurs et fonds de retraite) devront assumer les conséquences de leurs folies.
La stratégie « extend & pretend » n’est pas encore épuisée, loin de là.
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