▪ La Fed a parlé… et a fait exactement ce à quoi on pouvait s’attendre : rien.
Janet Yellen n’a pas remonté les taux ; elle s’est contentée d’asséner quelques phrases sur les perspectives économiques qui restent inchangées, le fait de renforcer l’emploi US, bla bla bla…
Rien de surprenant.
Les marchés ont eux aussi fait exactement ce à quoi on pouvait s’attendre : rien !
Et là encore… rien d’étonnant. Comme l’analysait Jim Rickards dans la Chronique de mercredi, alors même que la Fed n’avait pas encore annoncé sa décision :
« En fait, les cours se sont déjà ajustés en anticipant que les taux ne seraient pas relevés en mars. Si cela se produit effectivement, cela ne fera ni grimper les actions, ni baisser le dollar, car les mouvements de marché ont déjà eu lieu sur l’anticipation qu’il n’y aurait pas de relèvement. Nous l’avons déjà eu, notre assouplissement ».
▪ Simone Wapler allait un peu plus loin dans sa Stratégie mercredi en décortiquant les véritables motivations de la Fed… ce qui se cache derrière les beaux discours sur le dynamisme et l’emploi US.
« Radotons-le : la politique de la Fed n’a pas pour objet de ‘soutenir l’économie’, elle a pour seul et unique objet de camoufler l’insolvabilité de nombreux emprunteurs. C’est la même chose au Japon, en Europe et partout. Peu importe les soubresauts de marché de court terme. Les taux bas et négatifs sont en train de détruire la véritable épargne qui est le fondement même du capitalisme. On ne peut pas construire une société prospère en dépensant à tort et à travers l’argent qu’on n’a pas encore.
– Les crédits subprime du pétrole de schiste américain sont un des exemples craints de cette mauvaise allocation de crédit.
– Le marché des obligations d’entreprise était déjà distordu par les rachats de dettes souveraines des banques centrales. La nouvelle politique de la BCE ne fait qu’aggraver une situation déjà faussée. Pensez-vous que suite aux annonces de Mario Draghi ce soit les meilleures entreprises qui lèvent de l’argent ? Ont-elles subitement trouvé des projets exaltants auxquels elles n’avaient pas pensé la veille ?…
… ou n’ont-elles pas plutôt besoin de se refinancer, comme on dit pudiquement — c’est-à-dire d’emprunter moins cher pour rembourser une vieille dette qui leur coûte trop cher ?
Souvenons-nous que les banques centrales du Japon et de la Suisse rachètent aussi des actions. Lorsque les banques centrales rachèteront vraiment tout — obligations souveraines, obligations d’entreprises, actions — il n’y aura plus de thermomètre.
Serons-nous pour autant guéris de la plus grande crise financière depuis 1929 ? »
Il est permis d’en douter…
… et, par conséquent, il n’est probablement pas inutile de prendre quelques précautions. Pour revenir à ce que disait Jim il y a quelques jours :
« Ces forces compensatoires et arguments contradictoires laissent penser que cette semaine est un moment propice pour vendre des actions. Si la Fed ne relève pas les taux, le potentiel de hausse sera faible car les cours ont déjà été ajustés en fonction de ce scénario. La récession arrivera, quoi que la Fed fasse. Si la Fed relève bien les taux, les cours des actions se réajusteront violemment à la baisse, reproduisant ce qui est arrivé en janvier (et en août dernier).
D’une façon ou d’une autre, pour les actions, le temps se gâte. Il est temps de vendre et de vous réorienter vers les liquidités, les obligations et l’or. Ensuite, bottez en touche, ne bougez pas et regardez ce qu’il va se passer ».
Prudence donc… et si vous avez de l’or, il est sans doute temps de renforcer votre position.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora