Les quatre semaines de rebond des places boursières se soldent par un écart de +15% en moyenne. Soit c’est un juste retour des choses pour les uns (après -20% sur les sommets de la fin mai 2015) parce que les actions, c’est fait pour monter éternellement dans un système financier à choix unique… Soit c’est un — gros — « rebond de chat mort » pour les autres, qui énumèrent les mille et un arguments fondamentaux plaidant pour un dégonflement radical des bulles d’actifs alors que le marché haussier vient de fêter son septième anniversaire.
Je n’adhère que partiellement à chacune des deux interprétations… mais nous pouvons parvenir à un compromis acceptable en ne retenant que le pire des deux.
Nous sommes dans un marché à choix unique… qui de ce fait n’a plus rien d’un marché. Il n’a que faire de l’énumération des arguments démontrant que le prix des actifs est surévalué. C’est d’ailleurs cette surévaluation qui est l’effet recherché et qui constitue le corollaire de l’euthanasie du rentier.
Comme dans une partie de poker truquée, quelques joueurs triés sur le volet n’ont qu’à claquer des doigts pour se voir remettre séance tenante des piles de jetons. Ils leur permettront d’intimider jusqu’au possesseur d’un brelan d’as (qui espère un carré)… car le doute sera toujours du côté de celui qui n’a pas la main sur le talon dont sont extraites les cartes, et nul n’est à l’abri de la toute-puissante quinte flush.
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Métaphoriquement, ce « talon » — contrôlé par la BCE — peut au choix sortir une baisse de taux, un QE, un TLTRO… et très exceptionnellement, les trois à la fois.
Lorsque pour la deuxième fois en moins d’un an, les trois « cartes habillées » — valet/dame/roi — sortent simultanément pour compléter dans la même couleur un duo 9/10 de trèfle détenu par le chip leader (le détenteur de la plus grosse pile de jetons), tous ceux qui avaient un brelan de valet, dame ou roi — devenu au passage un carré — comprennent bien qu’ils se sont fait littéralement truffer.
La séance de jeudi fut néanmoins la première de son genre en 20 ans ! |
Rinçage général
Ce genre d’arnaque n’est pas nouveau, mais la séance de jeudi fut néanmoins la première de son genre en 20 ans !
Elle a rincé successivement — et en moins de trois heures prises en continu — ceux qui avaient un carré de roi à la baisse (+3% en 20 minutes à 4 580 sur le CAC 40)… puis ceux qui avaient doublé la mise avec la nouvelle donne, se voyant servir un carré d’as providentiel à la hausse. Ils se sont pris quant à eux un -5% à 4 350 en deux heures, puis un -6% avec un test des 4 305 points en transactions hors séance.
La séance de vendredi a achevé de dégoûter tout le monde avec un 3,3% à la hausse qui n’avait statistiquement aucune chance de se produire.
Pour les opérateurs férus d’analyse technique — en particulier ceux qui possèdent des logiciels analysant tous les cas de figure récurrents dans une tendance positive ou négative depuis que le CAC 40 existe (janvier 1988) — la hausse de vendredi constitue un « cygne noir ».
En ce qui concerne la description de la « chandelle » apparue jeudi, il n’en n’existe aucune sur les 20 dernières années qui apparaisse dotée d’une mèche haute de 150 points (c’est-à-dire plus de 3%) et d’un corps rouge de -2% concluant un top moyen terme.
Les chandelles présentant le plus de similitudes avec celle de ce 10 mars 2016 remontent au 2 décembre 2002 et au 2 août 2001 : mèche haute de 2%, un corps rouge de -1% environ. Avec des mèches plus modestes (mais d’au moins 50 points) et de longs corps bien rouges, on peut mentionner les séances du 16 avril 2010 puis du 3 janvier 2000.
Dans 100% des cas ci-dessus, tout comme dans 100% des cas des grandes mèches hautes (avec ou sans corps rouges) en sommet de vague moyen terme, une correction de 10% a suivi ce genre de contrepied baissier.
Oui, un repli s’est enclenché dans 100% des cas au cours des 20 dernières années !
La figure symétrique (longue mèche basse surmontée d’une bougie verte) est assez fréquente en conclusion d’une vague de correction moyen ou long terme (capitulation baissière) et marque l’amorce d’une inversion de tendance. Typiquement ce qui s’était produit les 14 octobre puis 16 décembre 2014.
Les autres grandes mèches basses ont toutes marqué une inversion de tendance comme le 24 août 2015, le 14 octobre 2014… et naturellement le fameux renversement haussier long terme du 9 mars 2009, point d’origine du bull market dont certains parient qu’il conduira le CAC 40 à 7 000.
Une première historique
En fait, depuis l’origine du CAC 40, il n’existe aucun exemple d’une grande mèche basse surmontée d’une bougie verte suivie d’une rechute de -3,25%.
La dernière grande mèche haute suivie d’un effacement de la hausse des six précédentes séances à Paris remonte au 3 décembre dernier |
Enfin, la dernière grande mèche haute suivie d’un effacement de la hausse des six précédentes séances à Paris remonte au 3 décembre dernier… et le pullback sous 4 800 avait marqué l’amorce de la grande correction jusque vers 3 900 points.
Les permabulls ne manqueront pas de justifier le rebond de 4 350 vers 4 500 du vendredi 11 mars par l’action décisive de la BCE, tellement profitable pour les banques européennes… Ces dernières vont se partager un milliard d’euros de plus chaque jour ouvrable jusqu’en mars 2017 (soit quatre milliards au lieu de trois depuis le 9 mars 2015).
Les « réalistes » n’auront aucun mal à démontrer que les trois milliards originels n’ont jamais provoqué la moindre accélération de la croissance économique ou du crédit depuis 12 mois, et encore moins de l’inflation.
En quoi le milliard supplémentaire permet-il d’espérer un résultat différent ?
Le Japon injecte depuis 18 mois l’équivalent — rapporté à son PIB d’environ 5 000 milliards de dollars — de 180 milliards de dollars par an. Cela représente 160 milliards d’euros… soit le double du QE de la BCE dans son nouveau format.
La banque centrale du Japon vient pourtant de jeter l’éponge côté QE |
La banque centrale du Japon vient pourtant de jeter l’éponge côté QE. Elle constate que même avec l’injection de 10% de PIB de monnaie/dette, elle n’arrive pas à générer 1% de croissance supplémentaire en rythme annuel (-0,3% au quatrième trimestre 2015, malgré le « plein emploi »), alors que la France affichait un score positif de 0,3%, malgré un chômage record.
Le degré zéro de l’intelligence patrimoniale ?
Pour notre part, nous ajouterons que 17% de rebond en Europe depuis le 12 février, à contre-courant des fondamentaux et sur la seule anticipation d’un déchaînement de bruit et de fureur monétaire de part de la BCE, c’est « bien payé »… et +17% en 4 semaines, cela constitue même une sorte de maximum historique à Paris.
De même, il est assez inespéré de voir les indices américains effacer l’intégralité de leurs pertes annuelles sur le seul espoir que la Fed ne bouge pas d’ici l’été… alors que tous les voyants (croissance, bénéfices, confiance, etc.) virent au rouge depuis décembre dernier — à part naturellement l’emploi, puisque les chiffres officiels sont maquillés comme des carrés d’as.
Pour conclure, voir apparaître des scénarios graphiques qui n’ont jamais existé, la répétition de stratégies monétaires qui ont constamment échoué et qui débouchent sur la contraction des bénéfices distribuables… voilà autant de raisons de ne plus se risquer sur le marché des actions et privilégier l’or. Certes, il ne rapporte rien… mais au moins, il ne vous coûte pas -0,4% comme la dette à deux ans allemande, ou -1% sur son équivalent suisse !
Nos voisins helvétiques ont naturellement commencé à riposter à la confiscation d’une partie de leur cash (-0,2% au-delà de 100 000 ChF) en achetant de l’or ou en bourrant leurs coffres-forts de piles de billets de 100 ChF (27,5% des billets en circulation) ou de 1 000 ChF (10,3% des billets existants).
Cela semble caractériser le degré zéro de l’intelligence patrimoniale… mais n’est-ce pas la seule réponse pertinente face à la stratégie du « zéro choix » imposé depuis sept ans par les banques centrales ?