▪ Quand l’Europe ouvrira enfin les yeux, l’euro entrera tête baissée dans la guerre des monnaies… Voilà pourquoi je crois en la baisse de l’euro.
▪ L’inflation peut être générée par plusieurs facteurs
Le premier est bien entendu le prix des matières premières qui fluctue au gré de l’offre, de la demande et de la spéculation. Le deuxième est l’inflation par les salaires.
Dans les deux cas, nous avons une hausse des coûts de production pour les entreprises, qui répercutent cette hausse sur les prix de vente au consommateur pour conserver leurs marges.
Ces deux premiers facteurs font partie de la réalité, du concret, à la différence du troisième facteur, qui est, restons corrects, plus "abstrait" !
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▪ Et la Fed créa la monnaie
Ce troisième facteur, c’est la création de monnaie. Considérons 100 billets verts (couleur choisie au hasard) en circulation, correspondant à la richesse d’un pays.
Considérons qu’un organisme puissant et manipulateur (par exemple, et toujours au hasard…) décide de fabriquer 100 billets verts supplémentaires, sans pour autant augmenter la richesse du pays.
Vous avez alors la valeur du billet qui est divisée par deux. Dit autrement : si je souhaite acheter 1% de la richesse de ce pays, il me faudra deux billets au lieu d’un.
Cela s’appelle l’inflation…
▪ Quand 1+1=1
En revanche, imaginons, (soyons fous !), que ce pays cherche absolument à être compétitif à l’exportation. Cela nous donne deux indications.
La première, que ce pays a compris qu’il n’était plus assez riche pour s’assurer son ancien train de vie.
La seconde, qu’en divisant par deux le prix de son billet vert, il allait pouvoir aller chasser sur les plates-bandes des autres.
Par exemple, si avant la création de monnaie, un billet vert valait un billet bleu, ce denier achètera désormais deux billets verts. Vous me suivez toujours, là ?
On peut donc en conclure que les habitants du pays au billet vert vont pouvoir vendre plus facilement leur produit, mais moins voyager. Ce qui devrait doper l’exportation et la consommation intérieure.
▪ Le dindon de la farce ?
Considérons maintenant un billet rouge (toujours une couleur au hasard) qui serait lié par décret à la valeur du billet vert. Cela lui permettrait de profiter de la dévaluation du billet vert pour l’export, sans avoir à se soucier des rapports de change.
De plus, le pays au billet rouge n’a pas peur de la pression politique, puisqu’il achète grâce à ses réserves accumulées le silence des "anciens pays riches", qui seront bientôt aussi des "anciens pays puissants".
Ainsi, dans cette guerre, il semble bien que le dindon de la farce soit le pays au billet bleu, qui va se voir concurrencer par deux autres pays à l’exportation, alors même que sa consommation intérieure tourne au ralenti. A moins que…
▪ Quand l’Europe se réveillera…
Permettez-moi de vous expliquer pourquoi chacun de ces pays a un défi différent à relever, et pourquoi le dindon de la farce n’est peut-être pas celui que l’on croit.
Le pays au billet vert, possédant une dette astronomique, a besoin du pays au billet rouge pour se financer. Il doit donc convaincre ce pays de le financer, tout en lui faisant concurrence à l’export. Tension assurée.
Le pays au billet rouge, lui, a besoin d’une croissance à deux chiffres pour supporter la pression démographique et une hausse des salaires bas de ses ouvriers. Il doit donc à la fois ménager ses relations avec les pays clients, tout en gardant assez de pression pour conserver sa monnaie au plus bas.
Et enfin, le pays au billet bleu, lui doit juste se rendre compte de ce qui se passe. Ensuite, quand il aura ouvert les yeux, il pourra entrer en guerre.
Casse-tête chinois
Imaginons que le pays au billet rouge soit la Chine, nous constatons que tout repose sur SA croissance :
– Les Etats-Unis en ont besoin pour se financer ;
– Les Européens en ont besoin pour malheureusement échanger leur savoir-faire contre de juteux contrats ;
– La Chine elle-même a besoin de cette croissance pour assurer du travail à tous ses habitants et contenir le risque social.
Le problème ?La croissance de la Chine repose sur la consommation des Etats-Unis et de l’Europe principalement. Or cette consommation est en repli, patine, ce qui pourrait bien finir par pénaliser la croissance chinoise.
▪ La boucle est bouclée et le casse-tête est… chinois
Je considère qu’il est probable que la croissance chinoise nous joue des tours et sème un nouveau vent de panique sur les marchés, doublé d’un parfum de révolution dans l’Empire du Milieu.
Les Etats-Unis ne parviendront pas à faire illusion encore bien longtemps sur leur dette et l’état de l’emploi qui ne fait qu’empirer malgré les chiffres. Vous l’aurez compris, il existe sans doute une chance extraordinaire pour l’Europe de jouer un rôle majeur en s’unissant et en entrant dans une lutte de dévaluation compétitive alors que les autres pays ont déjà gaspillé toutes leurs munitions.
Ainsi, l’euro pourrait au minimum trouver un équilibre, voire chuter fortement en cas de changement d’approche des autorités de plus en plus attirées par le protectionnisme.
[Jérôme Revillier est issu de l’industrie spatiale européenne. Passionné en finance, autodidacte, il a passé plusieurs années à chercher un marché de référence, pour finalement se spécialiser sur le Forex. Cette autoformation financière et son expérience technique lui permet de trouver toujours des opportunités originales et parfois à contre-courant de la pensée de la sphère financière. Quelques traders privilégiés suivent ses recommandations quotidiennes dans le cadre du service FxProfitTrader.]
Première parution dans L’Edito Matières Premières & Devises le 15/02/2011