▪ Nous sommes en Chine pour jeter un oeil à nos investissements. Non que nous en ayons beaucoup… mais justement : moins on en a, plus chacun d’entre eux est important.
De tous les grands marchés boursiers de la planète, seuls deux sont raisonnablement valorisés. La Chine en fait partie — et la Russie.
A Pékin, il pleut. Dehors, les rues sont encombrées d’embouteillages. La scène semble normale pour une grande ville. On pourrait être à New York, Londres ou Paris. Ce qu’il y a de remarquable dans la vue depuis notre fenêtre, cependant, c’est qu’elle soit née en si peu de temps. Jamais encore tant de gens n’avait évolué si rapidement dans le monde moderne.
De nos jours, Paris ressemble d’assez près à ce qu’il était une fois que le baron Haussmann eut terminé de redessiner la ville dans les années 1860. Le paysage londonien a beaucoup changé ces dernières décennies — avec l’ajout de nouveautés comme le London Eye ou des immeubles comme le Gherkin ou le Shard. Mais les bases de la ville ont été mises en place sur des siècles et restent relativement inchangées. New York aussi était en majeure partie achevé il y a 60 ans de ça. Mais le Pékin moderne est neuf. Il y a quelques années, il existait à peine. Lorsqu’en 1979 Deng Xiaoping a annoncé que désormais, gagner de l’argent était une bonne chose, il y avait peu de routes correctes… peu de voitures correctes… et peu de bars corrects dans la ville. A présent, il y en a partout.
▪ La Chine, un exemple ?
A présent, c’est la Chine, et non les Etats-Unis, qui offre une lueur d’espoir… et un modèle de développement pour le reste du monde. C’est du moins le principe du nouveau livre de Stefan Halper, The Beijing Consensus. Cet ancien membre de la Maison Blanche affirme que le capitalisme d’Etat chinois est plus attractif que la version américaine, nourrie par les marchés :
"Il y a 20 ans […] la mondialisation a été menée par le capitalisme américain et ses deux idées fondatrices — que les marchés, non les gouvernements, nourrissent le progrès et que la démocratie est la manière optimale d’organiser la société […] Aujourd’hui, dans le monde au-delà de l’Occident, ces certitudes s’érodent".
Le succès de la Chine est majoritairement mal compris. Remarquez, il en va de même pour le capitalisme américain |
Le succès de la Chine est majoritairement mal compris. Remarquez, il en va de même pour le capitalisme américain. Venez en Chine et vous serez impressionné, comme nous l’avons été, par le progrès matériel stupéfiant accompli ces 30 dernières années. Sauf que ces progrès n’ont pas été accomplis à cause du génie des planificateurs centraux de la Chine : ils l’ont été en dépit d’eux.
Le droit à la propriété — il faut être certain que l’on peut contrôler et profiter de ce que l’on produit. Une devise stable — il faut pouvoir compter sur le moyen d’échange. La liberté d’action — il faut pouvoir vaquer à ses affaires sans trop d’intrusions gouvernementales. La Chine fournissait ces conditions minimales. Ses hommes d’affaires, entrepreneurs et brasseurs d’argent se sont donc mis au travail.
Les planificateurs ont continué à planifier. Mais leurs plans perturbaient bien moins la marche de l’économie que durant les années Mao.
Un quart de tous les revenus personnels aux Etats-Unis est désormais versé par le gouvernement |
▪ Démocratie et progrès matériel
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les planificateurs… les régulateurs… les contrôleurs… les empêcheurs de tourner en rond… et les zombies — tous ceux qui empêchent la véritable prospérité — se sont faits plus hardis. Et plus nombreux. Un quart de tous les revenus personnels aux Etats-Unis est désormais versé par le gouvernement — soit en salaires, soit en allocations. C’est une hausse par rapport aux 21% de 2000. Chaque penny de cet argent provient d’un accord politique d’une sorte ou d’une autre, non d’une transaction de libre échange.
Les Etats-Unis sont une "démocratie". Mais la démocratie n’a en fait pas grand’chose à voir avec le succès matériel. Les entrepreneurs et les investisseurs sont indifférents à la forme que prend le gouvernement. Ce dont ils se soucient, c’est de choses que nous avons mentionnées ci-dessus — la possibilité de conserver leur propriété, l’intégrité de leur monnaie et la liberté de faire des affaires sans trop d’interférences.
Pendant que le "capitalisme d’Etat" chinois réduisait son rôle dans l’économie, les démocrates et les républicains, aux Etats-Unis, concevaient de nouvelles lois et réglementations. Il devint vite plus rapide, facile et économique d’ouvrir une usine dans la province du Guangdong qu’en Californie. Puis, une fois en fonctionnement, le Californien s’apercevait que ses impôts étaient plus élevés que ceux des Chinois… de même que ses coûts réglementaires.
Aujourd’hui, tant la Chine que les Etats-Unis ont leur version du "capitalisme d’Etat". Mais le capitalisme fonctionne mieux quand l’Etat reste à sa place. Lorsqu’il tente de dominer et contrôler l’économie, le copinage prend le dessus. Les coûts grimpent… la croissance ralentit… les riches deviennent plus riches… et tout fiche le camp. C’est là la vraie raison pour laquelle le capitalisme américain ne semble plus si attractif.
1 commentaire
Je comprend le fond de l’article sur la présence affirmée ou non de l’Etat au sein de l’économie.
Mais je veux mettre un bémol sur la phrase :
« Il devint vite plus rapide, facile et économique d’ouvrir une usine dans la province du Guangdong qu’en Californie ».
Car cela est indéniablement vrai. Cependant et via une question ouverte je vous demande quelle est le cout environnementale et sanitaire de la politique ultra libérale de la Chine ? Personnes aujourd’hui ne peux ni/ou ne veux avancer un chiffre!
J’ai envie de dire que vous avez eu de la chance d’être à Pékin un jour de pluie, car ce sont effectivement les meilleurs moments surtout juste après pour en profiter et prendre un bon bol d’air.
Profitez en bien,
Slts
Pierre