Nicolas Perrin
▪ La huitième mouture du rapport In Gold we Trust, rédigé par Ronald-Peter Stöferle, Managing Partner & Investment Manager chez Incrementum Liechtenstein AG, est parue le 24 juin dernier. Chaque année, l’analyste autrichien revient sur ses dernières prévisions et réajuste ses objectifs au vu des évènements intervenus. Cet analyste qui se réclame de l’Ecole autrichienne d’économie (donc non keynésien) nous livre de succulentes citations des pontes des institutions financières mondiales et des commentateurs des marchés financiers les plus renommés.
Les dégâts massifs occasionnés par la brutale chute des cours allait rendre assez longue la réparation de la figure technique |
Avec une once autour des 1 300 $, l’objectif de prix à 12 mois de 1 480 $ exprimé dans le rapport du 27 juin 2013 s’est révélé clairement trop optimiste. Néanmoins, la prévision de Stöferle selon laquelle l’once avait touché un plus-bas multi-annuel au mois de juin 2013 n’a pas été démentie par les faits. Stöferle avait par ailleurs insisté sur le fait que les dégâts massifs occasionnés par la brutale chute des cours allait rendre assez longue la réparation de la figure technique.
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▪ Les huit facteurs ayant joué un rôle décisif dans la tendance baissière qui a dominé l’année 2013
– Fortes tendances à la désinflation ;
– Hausse des taux d’intérêts réels ;
– Ralentissement de la croissance de l’offre de monnaie (en particulier au niveau de la BCE et tapering de la Fed) ;
– Augmentation du coût de la détention d’or du fait du rally des marchés actions ;
– Opinion des analystes de plus en plus négatives (Goldman Sachs, Crédit Suisse, Société Générale…) ;
– Retour de la confiance dans l’Eurozone ;
– « Quasi-retour de la confiance des intervenants vis-à-vis de la stabilité des institutions financières à des niveaux d’avant-crise » ;
– Possible suppression du prix de l’or et de l’argent.
Ces facteurs ont conduit les ETF à voir leurs « stocks » d’or fondre de 900 tonnes en 2013.
▪ L’or est désormais un investissement contrarien
« Le consensus considère que le marché haussier de l’or est terminé » et « la majorité des bulls semblent avoir jeté l’éponge », explique Stöferle.
La période actuelle rappelle la correction de milieu de cycle intervenue de 1974 à 1976 |
La période actuelle rappelle la correction de milieu de cycle intervenue de 1974 à 1976, comme cela a été signalé dans le précédent rapport : désinflation significative, taux d’intérêts réels en hausse, niveau de pessimisme extrêmement élevé. Néanmoins, pour Stöferle, les fondamentaux de l’or restent intacts.
« La politique monétaire ne fonctionne pas comme un scalpel, mais comme une massue.
Au cours des cinq dernières années, deux tentatives de ce type [sortie de la politique monétaire non-conventionnelle de la Fed] ont déjà échoué. […] Nous pensons que le tapering, c’est-à-dire la sortie progressive du QE, aura une nouvelle fois un effet significatif sur les marchés financiers. Toute tentative visant à réduire réellement le montant de monnaie créée jusqu’ici serait sans aucun doute suivie d’une sévère récession. […] Le réflexe face à un affaiblissement des effets de la politique monétaire stimulante à court terme sera une nouvelle fois la prise d’une ‘ecstasy monétaire’ encore plus forte. Nous croyons, contrairement à la majorité des autres intervenants, que non seulement le QE ne sera simplement pas stoppé, mais qu’il sera probablement poursuivi sur le long terme, ou remplacé par l’autres drogues monétaires peut-être plus fortes, comme les taux d’intérêts négatifs ». (cf. l’action de la BCE au mois de juin 2014).
Les banques centrales sont confrontées au choix difficile de voir la bulle continuer à gonfler artificiellement, ou à un douloureux ajustement économique. Au vu de l’histoire récente, nous croyons qu’en cas de doute, c’est la première méthode qui sera privilégiée ».
L’or n’a donc pas dit son dernier mot, comme nous le verrons dès demain.