▪ Le mois dernier j’ai passé deux jours à Toronto. Entre autres choses, j’ai pu discuter avec un investisseur spécialisé dans les sociétés à faible capitalisation dans le secteur des ressources. Au fil des années, ce type, à qui tout réussit, a placé des milliards de dollars dans des mines en début d’exploitation et des développeurs d’énergie.
En outre, il a aidé bon nombre de ces entreprises lors des périodes de croissance. Dans les bons moments comme dans les mauvais, cet homme semble savoir comment trouver les bonnes entreprises — et gagner de l’argent. Que peut-il nous apprendre ?
Autour d’un thé vert et de petits gâteaux bio, nous nous sommes apitoyés sur le krach du prix des actions de beaucoup de minières aurifères — grandes et petites — au cours des deux dernières années ; et malgré le nombre de problèmes biens connus, au milieu d’investissements ayant abouti à la ruine, nous avons trouvé de bonnes raisons d’espérer.
Devenir trader sur le marché des devises ? Comment ça ? Eh bien… tout est là. N’attendez plus ! |
Commençons par un graphique. Voici le prix de l’or sur cinq ans, avec des moyennes mobiles sur 60 et 200 jours.
Comme on peut le voir, le prix de l’or a augmenté en 2009, 2010 et 2011 puis il a trouvé une zone de consolidation en 2012. C’était là le bon temps. Les minières étaient valorisées dans une fourchette entre 1 600 et 1 700 $ l’once. « L’or avait vraiment le vent en poupe », selon les termes de mon interlocuteur.
▪ Et puis tout a changé…
Au début de l’année dernière, au premier trimestre 2013, les minières aurifères ont commencé à connaître un fort décrochage. De 1 900 $, l’or a dégringolé autour des 1 200 $ entre janvier et juillet 2013.
Tout d’un coup, les investisseurs se sont rendu compte que la plupart des minières aurifères avaient des marges minces, voire minuscules |
« Les prix de l’or ont chuté de plus de 30% en quelques mois », à en croire mon ami canadien. « Tout d’un coup, les investisseurs se sont rendu compte que la plupart des minières aurifères avaient des marges minces, voire minuscules. Ou qu’elles PERDAIENT de l’argent, incroyable ! Pourquoi ? Parce que beaucoup d’équipes de direction allouaient le capital n’importe comment ».
Par conséquent, en 2013, l’industrie minière a connu une ruée folle alors que les entreprises réduisaient leurs coûts par d’importants licenciements et des reports de projets, ainsi qu’une recherche constante d’efficacité opérationnelle. Qu’est-il arrivé ?
« Regardez les bénéfices au premier trimestre de Goldcorp, Agnico-Eagle Mines, New Gold Inc. et même Barrick Gold », me dit mon interlocuteur. « Ils font tous des progrès du côté des coûts ».
Effectivement. Rien que cette semaine, Goldcorp a rapporté des « coûts de maintien globaux » de 840 $ l’once pour le premier trimestre. Ce chiffre dépasse les prévisions précédentes de Goldcorp et marque une importante réduction par rapport aux 1 134 $ par once au même trimestre de 2013.
Agnico Eagle n’a pas déclaré des coûts de maintien globaux trimestriels ces derniers mois ; toutefois, la direction a déclaré que les coûts pour toute l’année 2014 devraient être en dessous des 990 $ l’once initialement prévus.
Les coûts de Barrick ont chuté de 100 $ par once, à 833 $. New Gold a annoncé que les coûts de maintien globaux ont chuté de 239 $ par once, d’une année à l’autre, à 908 $ l’once. Eldorado Gold a annoncé que les coûts de production au premier trimestre ont fortement baissé, à 786 $ l’once.
▪ Comment impressionner Wall Street
« Il ne faut pas oublier », ajoute mon investisseur canadien, « que ces réductions de coûts ne sont pas toutes dues à l’intelligence de l’équipe dirigeante. Je connais la plupart de ces gens et aucun n’est bon au point d’aller aussi vite. Une grande partie de cette ‘amélioration des coûts’ est due au fait d’avoir changé le dosage dans la teneur des minerais que les techniciens vont traiter avec leurs équipements. C’est-à-dire qu’ils ont ouvert les portes généralement fermées de ces ‘chantiers magiques’ dans les mines, et en ont sorti des minerais à forte teneur qu’ils gardent en général sous le coude pour les occasions spéciales. Comme maintenant, alors qu’ils ont besoin d’impressionner Wall Street ».
« Des coûts internes plus bas sont une bonne chose », continue-t-il. « Les prix des actions semblent avoir atteint un plancher et la baisse pour les investisseurs semble limitée. Mais baisser les prix en interne ne recrée pas la dynamique de 2011 et des années précédentes. Cette dynamique n’est toujours pas revenue. A l’avenir, pour de grandes variations du prix des actions, nous devons voir un mouvement solide et constant, vers le haut, du prix de l’or. Cela dépendra probablement de problèmes plus importants, macro-économiques, peut-être d’un changement de la politique et du cycle d’investissement en général ».
Alors, on reviendra à l’or. Il peut baisser mais jamais à zéro |
Justement, je lui ai posé la question à propos du cycle d’investissement. « Ecoutez », me répond-il. « En ce moment même, le marché adore la technologie. Et la biotechnologie. Ou les dividendes. En gros, la technologie et le rendement. Mais si beaucoup de personnes se brûlent les ailes ? Si on assiste à un autre krach technologique ? Une grosse faillite inattendue d’un payeur de dividendes qui se retrouve à court d’argent ? Alors, on reviendra à l’or. Il peut baisser mais jamais à zéro ».
▪ Quelles sortes d’entreprises minières ont le meilleur effet de levier ?
Par exemple, il existe des minières à faible capitalisation avec un potentiel extraordinaire. Nous avons discuté d’une minière à faible capitalisation que cet investisseur a financé pour développer des concessions dans la « ceinture de roches vertes » précambrienne du Manitoba.
« C’est une très bonne entreprise avec un programme d’exploration super solide », explique mon interlocuteur. « Ils ne forent quasiment jamais à vide. Ils trouvent toujours quelque chose. Ils ont identifié un important champ de minéralisation et un important corps de minerai. En outre, c’est une découverte très efficiente parce que nous avons un stock d’anciennes carottes de travaux passés, que la direction ré-analyse constamment. Tous les deux-trois mois, très régulièrement, ils ajoutent de l’or et de l’argent-métal à leur base de ressources. Cette petite société est intéressante si on veut une minière de taille moyenne ; mais en ce moment même, cela n’intéresse pas le marché. Ce n’est pas grave ; nous pouvons nous permettre d’être patients. Notre tour viendra ».
Je lui demande s’il perçoit une menace d’inflation, ce qui pourrait influer sur le prix de l’or. « Absolument », est sa réponse. « L’inflation est inhérente. Nous voyons déjà l’inflation dans le domaine de la nourriture ; encore quelques mauvaises récoltes et nous assisterons à une flambée des prix dans les supermarchés du monde entier. L’énergie pourrait également grimper en flèche, il suffirait de quelques petites modifications du cycle de production mondial ».
S’agissant des politiques gouvernementales, mon ami investisseur est si optimiste que c’en est déprimant. « Il semble que la plupart des pays occidentaux ne veuillent pas se projeter dans le long terme. Vivre au jour le jour, dans le cadre du cycle politique actuel et du cycle des informations. Peu importe demain. Mais comme je l’ai déjà dit au sujet de certaines aurifères, nous pouvons être patients ; notre tour viendra ».