▪ Etant donné les facteurs que nous avons vus hier, le dilemme des banques centrales quant à l’orientation des politiques monétaires persiste :
– Soit elles mettent un terme brutal à leurs politiques monétaires accommodantes, auquel cas on assistera à une généralisation de krachs, à une crise bancaire sans précédent ainsi qu’à des pertes en patrimoine.
– Soit elles maintiennent durablement leurs taux directeurs à très bas niveau, auquel cas la surévaluation des actifs financiers deviendra de plus en plus délirante, les excédents de liquidité ne seront pas alloués à des projets rentables et utiles, les risques inflationnistes éclipseront les fantasmes déflationnistes…
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On comprend mieux aussi la nécessité de sur-réglementer le système bancaire avec Bâle 3 — et avec, en Europe, le futur nouveau rôle de superviseur bancaire de la BCE.
▪ Situation inédite avec un double rôle pour la banque centrale
Elle doit gérer en effet la politique monétaire et la supervision des banques. On sait que les banques ont accumulé des énormes positions obligataires à des prix de plus en plus surévalués et financées, pour partie, par des emprunts à taux proches de zéro.
La BCE ne peut donc se permettre de remonter rapidement et significativement ses taux directeurs sans provoquer un krach obligataire |
La BCE ne peut donc se permettre de remonter rapidement et significativement ses taux directeurs sans provoquer un krach obligataire — ce qui viendrait dévaloriser les actifs détenus dans les bilans bancaires et détruire les fonds propres des établissements bancaires.
Afin d’éviter un krach bancaire systémique, elle a pour mission d’insensibiliser le plus possible les banques aux remontées de taux futures. Ceci passe par des contraintes réglementaires toujours plus fortes sur les règles de liquidité (favorisant l’accumulation de cash au détriment du financement de l’économie), les règles de solvabilité (provisionnement systématique des pertes attendues et constitution de coussins de fonds propres supplémentaires — toutes choses qui là encore vont contrarier le financement de l’économie).
Ces évolutions réglementaires pénalisent l’économie réelle en la privant de crédit, mais si la BCE inversait brutalement l’orientation de sa politique monétaire, ce serait un nouveau 2008.