▪ "L’achat d’un produit ne peut être fait qu’avec la valeur d’un autre", disait Jean-Baptiste Say.
Il voulait dire que si l’on veut obtenir une chose, mieux vaut avoir autre chose à donner en échange.
Que penserait-il donc des derniers chiffres du PIB américain ?
La semaine dernière nous a apporté deux informations importantes. La première était trompeuse, la deuxième frauduleuse. La nouvelle trompeuse était que la Fed, durant les derniers instants de Ben Bernanke à sa tête, a déclaré qu’elle tiendrait le cap.
Le cap en question, c’est le programme des "Faussaires Anonymes" en 12 étapes, plus connu sous le nom de tapering. La Fed dit qu’elle s’y tiendra. On a donc trompé les investisseurs, pour leur faire croire que soit les diplômés de la banque centrale américaine sont sincères dans leur engagement à se débarrasser du QE… soit l’économie US est assez saine pour ne pas en avoir besoin. Aucune de ces choses n’est vraie.
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Parallèlement, l’économie américaine s’est développée au taux annuel de 3,2% au dernier trimestre 2013 — ce qui est toujours la "reprise" la plus faible jamais enregistrée. Mais depuis 1950, la composition de l’économie américaine a changé si radicalement que la "croissance" du PIB ne signifie plus la même chose.
"Des chiffres décevants pour l’emploi et l’immobilier font également naître des inquiétudes sur une accélération de l’économie", rapporte le Wall Street Journal.
Attendez une minute. Les emplois et l’immobilier sont relativement importants. Si les nouvelles de ce côté sont décevantes, qu’arrive-t-il vraiment à l’économie ?
▪ Etonnants consommateurs américains…
"Au quatrième trimestre, l’un des principaux moteurs de la croissance a été les dépenses de consommation, qui ont augmenté de 3,3%". Puis le Journal cite Bill Simon, PDG de Walmart US : "les consommateurs américains ne cesseront jamais de m’étonner. Ils trouvent des moyens de faire en sorte que ça fonctionne"…
Nous ne sommes pas tant stupéfait que consterné. Et nous ne sommes pas tant rassuré par cette "reprise", aussi faible soit-elle, qu’alarmé. Où les consommateurs ont-ils eu l’argent ? Ils ne l’ont pas gagné… ils ont donc dû soit dépenser leur épargne, soit emprunter. Ce qui donne une nouvelle sorte de croissance : plus il y en a, plus on est pauvre.
Autrefois, l’économie se développait en rendant les gens plus riches. Aujourd’hui, les consommateurs s’endettent plus encore, tandis que leurs revenus stagnent ou chutent.
En 1980, une économie de 7 000 milliards de dollars incluait pour 2 000 milliards de dollars de ce que Tim Morgan appelle la GMO [globally marketable output, production mondialement négociable, ndlr.] — la vraie richesse, le genre de chose qu’on peut vendre pour payer ses factures. Puis l’économie américaine a subi des opérations de chirurgie esthétique, aux mains de politiciens charlatans. A présent, on a du mal à la reconnaître.
Aujourd’hui, l’économie américaine représente 16 000 milliards de dollars. Quelle est la part de GMO sur cette somme ? Eh bien, environ 13 000 milliards de dollars sont des dépenses de consommation et divers ajustements statistiques. Seuls 3 000 milliards de dollars sont ce que M. Morgan appelle la GMO.
C’est là la véritable croissance de l’économie américaine depuis 1980 — 33 malheureux milliards de dollars par an. Tout juste assez pour suivre l’augmentation démographique.
La croissance ? Oubliez ça.