▪ Ben Bernanke sait faire plaisir à ses amis de la finance. Fin août, le président de la Réserve fédérale a décrété une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif. Tout le monde sait maintenant à qui profite le crime… Depuis cette annonce, la valeur de l’ensemble des actions cotées sur les marchés américains a progressé de 10%, soit près de 1,3 milliard de dollars.
Dans le même temps, l’or a bondi, touchant un nouveau record à 1 380 $ l’once. Ce qui prouve que des gens ont compris que le "QE 2.0" (le quantitative easing, assouplissement quantitatif, saison 2), n’est qu’un pet dans l’eau, source d’inflation et de destruction de valeur.
▪ L’emploi américain se dégrade
Pour l’instant, il n’est pas possible de dire que les programmes de stimulus fiscaux, les milliards jetés sur les banques et la création de monnaie pour que la Fed achète les titres de dettes américaines (c’est ça, le "QE") ont soutenu l’emploi. Ils ont porté les actions et l’or, oui, mais pas le travail.
Les derniers chiffres de l’emploi américain montrent en effet une destruction nette de 95 000 postes en septembre, alors que les analystes s’attendaient à une stabilisation, voire un recul modéré — encore à côté de la plaque, les prévisions de Wall Street !
[NDLR : Où partent ces emplois ? bien souvent dans les pays émergents. Les délocalisations sont des sources d’économies pour les entreprises, et Marc Mayor a très justement trouvé une société qui en profite en ce moment même… mais plus encore d’ici les mois prochains ! Pour retrouver cette recommandation, poursuivez votre lecture… ]
Ce chiffre a donné lieu au traditionnel affrontement entre les troupes du verre à moitié plein, qui s’enflamment des 64 000 emplois privés créés, et les rangs du verre à moitié vide, inquiets de la destruction de 82 000 emplois dans le secteur public, qui reste à ce jour le premier employeur des Etats-Unis.
De 9,6% dans sa version officielle, le taux de chômage atteint 17,1% lorsque l’on ajoute les employés à temps partiel et ceux qui ont quitté la population active. Un chiffre qui continue à progresser, et qui s’élève à 22,5% si l’on ajoute les ex-salariés hors du marché du travail depuis plus d’un an.
▪ La logique du Saint-Esprit ne profitera pas à Wall Street
Les milliards déversés sur l’économie américaine et les milliards de milliards de monnaie créée par Ben Bernanke n’ont donc profité qu’aux actifs financiers, alimentant une progression de 10% de l’indice Wilshire 5000, qui représente l’ensemble des marchés américains.
Logique : que faire de tout cet argent dans le climat d’incertitude actuel ? Certainement pas l’utiliser pour investir. Non, direction la Bourse, il fera bien des petits. Il a effectivement donné naissance à 1,3 milliard de vent supplémentaire, comme créé par le Saint-Esprit.
Mais cette création de valeur n’est qu’artificielle, comme le montre le graphique ci-dessus. Car elle est exprimée en dollar, une monnaie qui ne cesse de perdre de la valeur. Si vous prenez en compte l’évolution de l’or — que les banques centrales ne peuvent pas émettre indéfiniment comme la Fed imprime du dollar via le QE –, vous vous apercevez que les actions n’ont pas progressé depuis 10 ans en termes réels. Elles ont retrouvé leur niveau du début des années 1990, après une forte baisse depuis 2002. Un recul parallèle à la progression du métal jaune, bien entendu.
Pas de chance : la vraie valeur ne se calcule pas en termes nominaux, mais en termes réels. C’est aussi dans le monde réel que nous vivons, pas dans le monde nominal ! Sur le graphique ci-dessus, vous remarquez également que la ligne rouge et la ligne noire finissent toujours par se croiser à nouveau : demain ou dans cinq ans, le prochain krach semble assuré.