▪ Wall Street n’a apparemment pas esquissé le moindre mouvement de rebond à la veille du week-end prolongé du 4 juillet. Les indices américains ont aligné une septième séance de repli consécutif. Ils inscrivent ainsi un score hebdomadaire de -4,5% à -5% très comparable à celui observé dans la Zone euro (malgré une remontée symbolique de 0,2% qui n’inspirait pas davantage d’enthousiasme que celle de 0,3% mercredi).
La tentative de rebond survenue à une demi-heure de la clôture sur les marchés américains a échoué du fait d’une brusque rafale de vente qui a soufflé au cours des cinq dernières minutes de cotation. Tous les indices US repassés dans le vert entre 21h45 et 21h55 ont clôturé en repli de 0,47%, avec une troublante unanimité… Cependant, ils ne s’en tirent peut-être pas si mal puisqu’ils chutaient de 1% en moyenne à la mi-séance et retraçaient leurs planchers annuels inscrits en début de séance jeudi.
Quelques rachats à bon compte pourraient avoir sauvé la situation vendredi. Toutefois, il apparaît clair que personne n’a voulu prendre de position présentant le moindre risque avant la 234e célébration de l’"Independance Day" lundi : 28 valeur sur 30 ont terminé en repli au sein du Dow… une majorité véritablement écrasante.
Les places européennes n’ont rien à envier à Wall Street en termes de performance hebdomadaire. Le CAC 40 affichait une perte cumulée de 4,9%, après un premier coup de massue de -4,55% du 20 au 25 juin dernier.
Les chartistes soulignent que l’enfoncement des 3 380 points sur le CAC 40, sans que la moindre réaction à la hausse ne s’enclenche, est un symptôme inquiétant.
▪ Les marchés ont eu l’occasion de reprendre leurs esprits avec l’annonce sans surprise de la destruction de 125 000 emplois aux Etats-Unis ; le consensus tablait sur -100 000 à -120 000. L’aspect le plus favorable des chiffres publiés concernait le taux de chômage : il s’est contracté de 0,2%, à 9,5% au mois de juin alors que le consensus tablait sur une aggravation à 9,8%.
Autre élément positif, l’emploi dans le secteur privé a progressé de 83 000 contre 33 000 le mois précédent… Le paradoxe, c’est que le chômage de longue durée ne recule pas : 16,4 millions d’Américains sont toujours recensés comme sans emploi.
C’est un total qui donne déjà des sueurs froides à l’administration Obama, à trois mois des élections législatives partielles de novembre. De plus, nous sommes encore loin du compte puisqu’il faut rajouter au moins cinq millions de salariés précaires ou effectuant seulement quelques heures de travail effectif par semaine.
Mais l’Amérique héberge également sur son sol un contingent de 1,2 million de demandeurs "découragés" ayant renoncé à retrouver une activité rémunérée. C’est pour eux le règne de la débrouille, mais c’est aussi celui du retour des files d’attente devant les soupes populaires… et elles n’ont jamais été aussi longues depuis 1929.
▪ Après la déferlante de mauvaises statistiques qui a débuté dès lundi dernier aux Etats-Unis — puis en Chine et au Japon mardi –, les investisseurs et les économistes ont commencé à revoir leur copie en matière de croissance. C’est là un véritable déchirement psychologique car aucun gérant ou stratège en exercice depuis l’après Seconde guerre mondiale n’a jamais été confronté au scénario du "double creux".
Le seul exemple connu reste le Japon. Cependant, l’Archipel disposait au début des années 90 d’un réservoir d’épargne populaire sans équivalent au sein du G7. C’est ce qui a permis au pays d’afficher un taux d’endettement de 100% à l’entame du XXIe siècle, de 150% en 2004 et de plus de 200% au début de la seconde décennie.
La courbe des déficits nippons affiche une trajectoire exponentielle… mais avec la force de l’habitude, l’addition des milliers de milliards de yens mois après mois fait partie intégrante de la marche normale des affaires.
Et puis soudain, voilà que les économistes se réveillent en sursaut ! Nous ne savons pas trop quel effet de seuil a troublé une sieste qui dure depuis 20 ans — mais un taux d’endettement de 230% du PIB japonais à l’entame du second semestre 2010 est jugé intenable. Rappelons qu’un ratio de 225% n’inquiétait personne à la mi-avril, lorsque le Nikkei culminait au-dessus des 11 350 points.
▪ En France, à politique budgétaire constante, les projections de hausse des déficits donnent des objectifs s’étageant entre 120% d’ici cinq ans avec 2,5% de croissance, et jusqu’à 160% si la croissance moyenne avoisinait les 1%.
Il y a une certaine urgence à stopper la spirale infernale mais la difficulté consiste à le faire sans provoquer une récession pouvant déboucher sur un chaos social.
La France n’a d’ailleurs toujours pas de pétrole… mais elle se distingue dans la production d’idées fumeuses. Elle lance sur le marché des formules à dormir debout un néologisme dont la maternité a été revendiquée dimanche par Christine Lagarde lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence : il s’agit de la "ri-lance" qui serait une contraction des mots "rigueur" et "relance".
Nous pourrions proposer une autre interprétation : la contraction de "rigolade" et "invraisemblance"… Mais ce n’est pas le moment de faire de l’humour au sujet des ministres de notre gouvernement : ceux qui ont usé de l’aiGuillon de la critique ont été priés de prendre la Porte !