▪ Visiblement, mille milliards d’euros, ce n’est plus ce que c’était.
La pression à la baisse a été implacable depuis que le groupe d’anti-cerveaux européens a misé 957 milliards de dollars sur la crédibilité de la principale monnaie fiduciaire alternative du monde (le dollar étant pour l’instant remisé au rang de reconnaissance de dette).
Après avoir montré — de la part de dirigeants politiques — un degré de conviction et d’intégrité budgétaire impressionnants face aux émeutiers hellènes, les dirigeants européens se sont effondrés comme un château de cartes. Leur plan de stabilisation promet 560 milliards de dollars de nouveaux prêts (dettes) et 76 milliards de dollars dans le cadre des programmes de prêt existants (encore des dettes). Le Fonds monétaire international prévoit pour sa part une contribution à hauteur de 321 milliards de dollars supplémentaires (encore plus de dettes).
L’aspect le plus surprenant de cette crise européenne est peut-être que les individus occupant des postes d’influence croient encore que contracter de nouvelles dettes en plus des anciennes peut leur ouvrir la voie de la prospérité. L’effondrement des subprime — conséquence de dettes contractées les unes après les autres — ne peut pas être un souvenir si lointain que ça pour eux. Il faudrait peut-être que les candidats à des postes haut placés cochent la case "poisson rouge" quand on leur demande quelles sont leurs capacités mémorielles.
▪ Et quel genre de message pensent-ils que cela renvoie aux investisseurs du monde entier ? Quelques cocktails Molotov et une poignée de râleurs se déchaînent pendant quelques jours et la colonne vertébrale politique du continent se transforme en pâte à modeler ?
Certaines banques centrales ont déjà réduit leurs achats d’euros, et ce n’est pas surprenant. Stuart Thomson, de chez Ignis Asset Management à Glasgow, a déclaré à Bloomberg en fin de semaine dernière que "la BCE est en train de passer à l’assouplissement quantitatif, sa réputation a été endommagée au cours du week-end dernier, et le soutien qu’elle a reçu des banques centrales n’a pas été mentionné… les banques centrales doivent normalement soutenir l’euro, mais on ne les a pas vues le faire aujourd’hui".
Bien évidemment, il faut plus qu’une chute précipitée de la devise de 16 pays pour apaiser une foule déchaînée. Les Grecs n’acceptent pas de bonne grâce leur part du marché. Loin de là. Selon Reuters :
"Les travailleurs grecs ont appelé à une grève générale de 24 heures le 20 mai, la dernière action d’une série de manifestations contre la baisse des retraites liée à un renflouement international de 110 milliards d’euros pour la Grèce".
Ce n’est pas terminé, cher lecteur. De loin pas. (Pendant que j’écris ces mots, on annonce que le dirigeant du plus gros syndicat espagnol va bientôt appeler à une grève du secteur public). Nous avons hâte de voir ce qui va se passer quand les Espagnols vont faire la queue pour recevoir leur part de ce renflouement qui ne vaut rien… et les Italiens… et les… enfin, vous voyez où nous voulons en venir… la liste s’arrête à la porte de l’Oncle Sam.
Pendant ce temps, l’or a atteint un nouveau sommet nominal du jour au lendemain. Il y a encore du chemin avant qu’il n’atteigne son record réel, ajusté à l’inflation — quelque part autour des 2 300 $ l’once — et nous ne pensons pas que le marché haussier de l’or va bientôt se terminer. L’intérêt de la "relique barbare", que beaucoup découvrent tout juste, c’est que, contrairement à du papier imprimé soutenu par des politiciens invertébrés et des acheteurs de votes spécialisés dans les tapes dans le dos, l’or ne doit rien à personne. Il n’est la dette de personne.
Vous ne devriez pas faire confiance à la volonté politique de défendre une devise papier, mais vous devriez faire confiance au métal jaune que vous avez dans la main.