▪ Pour commencer, la météo est complètement décalée par rapport au calendrier. Peut-être est-ce dû au volcan en Islande… La poussière masque le soleil. Le calendrier nous assure qu’on est le 12 mai, mais pourrait tout aussi bien être en février.
Les marchés euro ont eux aussi perdu la tête. L’Europe a explosé à la hausse en début de semaine. Les actions ont grimpé. Les obligations ont grimpé plus encore — surtout les obligations grecques.
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24 heures, 2 trades, 338 euros de gain !
Les soubresauts qui agitent le marché des changes en ce moment pourraient vous rapporter de jolis gains… à condition de savoir comment faire.
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Pourquoi une telle bonne humeur ? Parce que l’Europe a décidé de suivre les Etats-Unis dans un combat à grande échelle avec l’avenir. Oui, les Européens sont aussi désireux d’empêcher les vrais changements que leurs homologues américains.
Le changement qu’ils ne veulent surtout pas, c’est ce que nous appelons "la Grande Correction" — une combinaison de plusieurs corrections à la fois — dont une correction de l’Etat-providence.
Les Européens vivent bien. Le problème, c’est qu’ils profitent d’un niveau de vie qu’ils ne peuvent pas se permettre.
Voilà qui vous semblera familier si vous nous suivez depuis longtemps. Pendant de nombreuses années, nous avons montré du doigt les Américains en affirmant qu’ils dépensaient trop d’argent. Les ménages ont trop dépensé et se sont endettés. Ce surendettement du secteur privé américain est en train d’être corrigé. Ou du moins nous pensons qu’il est en train d’être corrigé (les chiffres récents sont mitigés… avec quelques indications montrant que les ménages ont repris leurs anciennes habitudes, tentant d’augmenter leur niveau de vie en s’endettant).
En Europe, le phénomène est un peu différent. C’est le secteur public qui vit au-dessus de ses moyens. Les budgets militaires sont limités. La majeure partie des dépenses gouvernementales se concentre sur les services et les paiements de transfert. Ces dépenses sociales représentent une grande partie du PIB et une grande partie du niveau de vie. Mais comme aux Etats-Unis, le niveau de vie est plus élevé que ce que les gens peuvent se permettre. Les gouvernements fournissent plus d’emploi, plus de paiements de transfert et plus de "services" qu’ils n’ont de revenus fiscaux pour les payer. Tout ça génère de la dette publique, qui empire chaque année.
▪ L’Europe généralement — en excluant la Grande-Bretagne — n’a pas de niveaux élevés de dette privée. La dette concerne le secteur public. Ceci dit, la dette gouvernementale européenne, en moyenne, n’est pas pire que celle des Etats-Unis. Dans son ensemble, l’Eurozone a un ratio dette gouvernementale/PIB de 88%.
En termes de déficits, l’Europe se porte en fait mieux que les Etats-Unis. Les déficits américains tournent autour des 10% du PIB — ou plus. En Europe, le déficit moyen cette année devrait être de 6,6%.
En Europe, le centre reste solide. Mais comme les bords d’un tapis, les Etats périphériques tendent à s’user un peu. La dette publique grecque devrait atteindre 150% du PIB l’an prochain. Son déficit budgétaire est aussi grand que celui des Etats-Unis.
On ne peut soutenir une dette de 150% du PIB — à moins d’être japonais. Une correction était inévitable. La Grèce devait changer de cap.
C’est ce qui a causé une crise la semaine dernière, un "sauvetage" au cours du week-end, et un rebond spectaculaire lundi. Les Etats-Unis ont secouru leur secteur privé. L’Europe secourt son secteur public. Tous empirent en fait la situation… mais c’est un autre sujet.
Plutôt que de laisser les problèmes se corriger d’eux-mêmes, les autorités européennes sont intervenues pour les aggraver. Ils suivent le même programme que les Américains. Si les gens ont des ennuis parce qu’ils ont trop de dette, les autorités leur viennent en aide avec plus de dette !
En l’occurrence, les officiels financiers européens s’inquiétaient de ce que la maladie grecque puisse être contagieuse. Ils avaient peur que le Portugal, l’Espagne et peut-être l’Italie attrapent ce que les Grecs avaient. Ils ont donc décidé de vacciner toute la Zone euro avec un programme à 1 000 milliards de dollars.
D’où viendra l’argent ? Tout comme aux Etats-Unis, il viendra des gens qui n’en ont pas. Tous les Etats européens empruntent déjà de l’argent. Désormais, ils devront emprunter plus dans le but de payer pour des gens qui ont trop emprunté.
Le plan comprend des garanties de prêt et de l’argent du FMI également. La BCE fera également sa part. Elle interviendra sur les marchés de dette privée et publique pour acheter les créances en difficulté, l’équivalent du programme d’"assouplissement quantitatif" de la Fed.
Oui, cher lecteur, les Européens ont jeté toutes leurs forces dans la bataille. En aucune circonstance ils ne voulaient que quiconque disent que c’était "trop peu, trop tard".
C’était une occasion "historique" pour l’Union européenne, a déclaré la ministre des Finances française, Christine Lagarde.
Sur ce point, elle avait certainement raison. Jusqu’à présent, l’Europe avait fait preuve d’un peu de dignité… de scepticisme… et de bon sens. Elle était intervenue pour protéger les spéculateurs de leurs erreurs, mais à contrecoeur. Désormais, plus rien ne tient.
Et que voyons-nous ?
Les marchés ont semblé oublier bien vite le miracle de l’euro hier. L’euro lui-même semble se demander si les efforts de secours seront aussi lisses et efficaces que le pensent les gens. Les marchés continueront peut-être à se poser des questions aujourd’hui… et demain… Les gains pourraient se révéler de très court terme.
Pourquoi ? Serait-ce donc trop peu, trop tard ?
Non, pas du tout. C’est juste trop… bien trop tôt.