▪ Les places européennes ont respecté la règle du lundi haussier. En voici donc un quinzième sur une série de 21 depuis le 2 novembre 2009… Cependant, en y ajoutant les ouvertures positives — elles permettent à ceux qui ont pris le risque de rester acheteurs le vendredi soir de matérialiser un nouveau gain à la reprise des cotations –, le total grimpe à 18 sur 21.
Nous voulons bien croire au hasard… nous apprécions parfois les caprices du destin (quand ils sont bénéfiques)… mais une série haussière comme celle que nous décrivons depuis 5 semaines au sujet du Nasdaq 100 ne relève d’aucune des catégories évoquées ci-dessus !
La « main invisible » pianote frénétiquement sur son clavier cosmique. Elle tente de maintenir les indices boursiers dans un canal obstinément haussier… mais si peu pentu que les acheteurs de produits dérivés contenant de la valeur temps se font systématiquement laminer depuis la journée des « Quatre sorcières » du 18 septembre 2009.
Là encore, croire que s’il ne se passe rien d’une échéance trimestrielle à l’autre, c’est le fruit d’une valse-hésitation bien compréhensible après l’envolée de mi-mars à mi-septembre 2009. C’est bien mal connaître les stratégies de gestion à base de puissants outils informatiques jouant sur l’exacerbation puis la contraction délibérée de la volatilité, via de constants arbitrages entre un sous-jacent et les produits dérivés.
▪ Une seule règle pour comprendre des mouvements boursiers apparemment privés de liens concrets avec l’actualité du jour : savoir que quelques très gros institutionnels s’ingénient à prendre le contre-pied des positions ouvertes par la foule des non-initiés qui se fient aux projections que leur inspirent l’économie réelle.
L’écrasement de la volatilité que vous pouvez constater depuis le début du mois de mars devrait en revanche permettre aux baissiers de mettre en oeuvre des stratégies de couverture pour un coût dérisoire, le plus bas observé depuis le 10 janvier dernier… et même la mi-novembre 2007.
Mais à y regarder de plus près, les options put sur indice et actions échéance septembre ne sont pas si bon marché que nous serions tenté de le supposer. Cette petite distorsion de volatilité perdure depuis plus de 10 jours mais seuls les spécialistes y accordent encore une certaine attention.
Les anticipations baissières implicites sont démenties par un taux de confiance des opérateurs qui flirte avec des sommets historiques, dans l’attente de la publication des premiers trimestriels à partir du 8 avril prochain (le bal ne sera véritablement ouvert qu’à partir du 11 avril).
▪ Les opérateurs ont encore un peu de temps pour s’y préparer. Lapriorité du moment reste toutefois de terminer le premier trimestre dans les meilleures conditions… et il ne reste plus que 24 heures pour porter le Dow Jones au contact des 11 000 points.
Alors que les vendeurs semblent avoir totalement disparu de la circulation, comme en témoigne la faiblesse des volumes, l’indice historique gagnait 0,42% lundi soir, à 10 896 points, son plus haut niveau de clôture depuis le 26 septembre 2008. Le Nasdaq a pris 0,4% et s’est hissé au-dessus des 2 400 points ; le Standard & Poor’s 500 a gagné 0,57% à 1 173 points, dans le sillage des valeurs parapétrolières.
La seule surprise du jour fut en effet le puissant rebond du baril de pétrole (+2,5% à 82,1 $). Ni l’actualité macro-économique, ni le léger tassement du dollar face à l’euro (-0,5%) n’expliquaient un décalage de cours aussi brutal.
Si la thématique des matières premières et de l’énergie pouvait être envisagée, cette piste est invalidée par la stagnation de l’or (+0,2%), de l’argent et du platine (-0,1%) ainsi que de l’uranium. Le cuivre en revanche prenait 3% à 3,5 $ l’once : quelqu’un aurait-il décidé lundi de stocker une courte sélection de produits de base industriels… et dans quel but ? Mystère !
▪ Devançant Wall Street de quelques heures, Paris clôturait lundi sur un gain de 0,3% après un petit épisode de consolidation entre 14h30 et 16h30. Le CAC 40 affichait au final un score symbolique de 4 000 points, dans un volume anémique de 2,7 milliards d’euros.
Il avait inscrit un meilleur cours du jour et du mois de mars à 4 017 points une heure après l’ouverture — mais l’indice avait effectué une incursion dans le rouge (jusqu’à -0,4% et un cours plancher de 3 971) en réaction aux chiffres de la consommation des ménages américains. Déception : elle n’a progressé que de 0,3% en février par rapport à janvier (+0,4% révisé de +0,5%), tout en progressant pour un cinquième mois d’affilée.
Les revenus des ménages US ont en revanche stagné le mois dernier alors que le marché attendait une petite hausse de 0,1%. Résultat, l’écart entre l’argent dépensé et les salaires versés (qui ne progressent plus) a été comblé en sacrifiant le taux d’épargne : ce dernier a rechuté de 3,4% vers 3,1%, au plus bas depuis octobre 2008.
Wall Street se serait-il rassuré en s’inspirant d’une forte remontée de l’euro face au dollar ? Le gain n’a guère dépassé les 0,5% ou 0,6%, un écart qui est loin d’être spectaculaire. La monnaie unique reste bien ancrée en deçà des niveaux qui étaient les siens lorsque les rumeurs d’un accord franco-allemand sur un soutien conditionnel à la Grèce ont commencé à circuler le 17 mars dernier.
▪ La principale actualité du jour pour les marchés obligataires et les cambistes, ce fut le lancement par Athènes d’un emprunt de cinq milliards d’euros à sept ans, sous forme de swap assorti d’un coupon de 5,9%.
Cette émission n’a pas rencontré un franc succès, c’est le moins que l’on puisse dire. La demande globale n’a atteint que sept milliards d’euros alors que les deux précédentes opérations lancées en février, en pleine crise de confiance, avaient été sursouscrites pas moins de trois fois chacune.
Selon des rumeurs de marchés, le placement se serait effectué 310 points au-dessus du rendement de Bunds allemands de même maturité — comprenez à deux fois le prix du marché. Notre avis, c’est que cette opération a manqué de très peu d’être un fiasco !
Nous surveillerons donc avec une attention toute particulière les prochaines émissions des Trésors espagnol et portugais. Ne vous y trompez pas : les déboires du Portugal — sanctionné d’une dégradation par Fitch une semaine auparavant — trouvent d’abord leur origine dans le marasme économique ibérique, dont Lisbonne n’est qu’une victime collatérale.