▪ Record de volatilité vendredi entre 14h30 et 17h35… pour déboucher au final sur une hausse supérieure à 1% qui comptera parmi les plus étranges (ou absurdes et choquantes ?) de l’année 2013.
Les portes de saloon ont battu à toute volée à Paris : pas moins de 40+55+65 points de variations successives et en sens opposé en l’espace de trois heures — soit plus 4% de décalage de cours. Tout cela pour une clôture manifestement bidouillée afin d’en finir au plus haut du jour et de la semaine, le score de +2,93% étant totalement inespéré.
Ce n’est pas seulement la hausse qui est exceptionnelle ; c’est aussi l’absence de toute cause crédible et intellectuellement admissible.
La hausse de 1,05% du CAC 40 à 4 050 points et de l’EuroStoxx 50 à 2 803 points laisse pantois avec des taux longs au plus haut de l’année et un pétrole à plus de 110 $ à New York.
▪ Comment expliquer un tel scénario ?
Soit une clôture à 4 050 points était programmée dès lundi et devait être obtenue coûte que coûte. C’était écrit comme ça, il y avait de gros enjeux sur les dérivés, incompréhensibles pour le grand public.
Soit les marchés saluent les mauvais chiffres de l’emploi américain et la rupture de plus en plus radicale entre la Russie et les Etats-Unis sur la question syrienne (ce qui fait flamber le baril sur toutes les places mondiales).
Dans un cas comme dans l’autre, le comportement des marchés — qui dès 14h31 se réjouissaient ouvertement du pire score concernant la population active depuis 1978 aux Etats-Unis — suscite aux mieux de l’étonnement et le plus souvent de l’écoeurement dans les commentaires lus sur les forums.
Vladimir Poutine, qui confirme son soutien à la Syrie en cas de frappes, a douché l’euphorie des marchés vers 15h40. Le CAC 40 a plongé de 4 042 vers 3 985 points… mais cela n’a pas duré plus de 15 minutes. Personne ne comprend comment les marchés ont pu revenir au plus haut en une demi-heure.
Une heure plus tôt, le CAC 40 s’était envolé de 1% suite à la parution de… mauvais chiffres de l’emploi en août aux Etats-Unis. Les statistiques sont non seulement inférieures aux prévisions en août (169 000 embauches contre 180 000 à 200 000 attendus) mais ceux de juillet sont fortement révisé à la baisse : de -40%… un record.
Le chômage US recule, à 7,3% contre 7,4%… mais c’est grâce à la désinscription de centaines de milliers de demandeurs qui renoncent à chercher du travail et qui disparaissent, comme des millions avant eux, de toute statistique officielle.
Le réservoir de main-d’oeuvre potentielle est gigantesque. Les salaires ne sont pas près de monter aux Etats-Unis… donc pas d’inflation en vue… et donc la Fed peut poursuivre son QE3 plein pot jusqu’à fin 2013.
L’euphorie des marchés illustre une fois de plus cette logique tordue qui veut que ce qui est mauvais pour la population américaine est bon pour Wall Street. Cela devient tellement cynique que même l’ultra-libéral Rick Santelli s’insurgeait contre cet état d’esprit sur CNBC.
▪ En attendant, les marchés recommencent à jouer
Un dernier exemple pour illustrer l’absurdité des variations boursières du jour : Air France/KLM s’envolait de 4% malgré « l’effet Poutine » (une guerre, c’est excellent pour le tourisme) et la flambée du baril qui renchérit fortement le kérosène.
En ce qui concerne Wall Street, c’est la « non-variation » qui nous stupéfie. Le Dow Jones avait connu une incroyable période de stagnation jeudi (0,2% de variation durant les cinq dernières heures de la séance).
Changement d’ambiance ce vendredi avec 1,5% d’écart en l’espace de quelques minutes en début de séance, puis de nouveau 1,5% d’écart au cours des deux heures suivantes… pour finalement n’aller nulle part à la clôture : score absolument nul pour le S&P 500, +0,03% pour le Nasdaq, +0,08% pour le Russell 2000… mais -0,1% pour Dow Jones.
C’est à croire que le marché américain est gouverné par des stratégies liées à la volatilité — sa mise sous contrôle ou son exacerbation, à tour de rôle et sans logique évidente… afin qu’elle échappe à une majorité d’intervenants qui y perdent leur latin… et surtout leur chemise !
Ne jouons pas au faux naïf avec vous : quand le marché ressemble à un casino truqué… c’est que c’est un casino truqué. Dans notre monde réel, face aux flots de plaintes des clients floués, les douanes, le fisc et la brigade des jeux lui tomberaient dessus à bras raccourcis.
Dans le monde virtuel des marchés, c’est la brigade des jeux — la Fed, ses faux jetons et sa roulette truquée — qui possède le casino et qui file son enveloppe au fisc.