▪ Le mois dernier, les traders se sont mis à lâcher leurs positions sur l’or, les marchés émergents et les obligations, établissant ainsi en juin un record mensuel en termes de dégagement. Depuis que la Réserve fédérale a laissé entendre en mai que des signes d’une économie plus forte pourraient entraîner un ralentissement du stimulus, les marchés renâclent.
L’or a été durement frappé par cette rumeur, par la hausse des intérêts et par l’assèchement des liquidités. Fin juin et pour la première fois depuis août 2010, il est passé en dessous de la barre des 1 200 $. En outre, l’Inde, le plus gros acheteur d’or, tente de réprimer la demande d’or. Alors que le gouvernement cherche à réduire un déficit courant record, il a augmenté les droits d’importation sur l’or à 8% et a introduit de nouvelles contraintes sur les prêts ruraux en échange des bijoux et des pièces en or. Ross Norman, PDG du courtier Sharps Pixley, observe : "c’est comme si le ministère des Finances avait déclaré la guerre au secteur de l’or. Cela pourrait laisser penser qu’il a l’impression d’avoir perdu le contrôle de l’économie dans une certaine mesure. Dans cet environnement, cela donne envie de posséder de l’or, plus que jamais".
D’autres facteurs ont alimenté la liquidation : la hausse des dépôts de garantie sur l’or par CME Group, le plus gros opérateur dans les marchés à terme aux Etats-Unis ; et les inquiétudes mondiales concernant les liquidités aux Etats-Unis et en Chine. Lorsque le pays possédant le plus grand PIB au monde et le pays le plus peuplé au monde ont des problèmes de liquidité, les traders délaissent les actions, les obligations et l’or pour se ruer sur le cash. Même si les traders sur l’or se sont retirés de leurs investissements financiers, on a enregistré une hausse des achats d’or et les banquiers centraux ont maintenu leurs positions.
▪ L’or survendu
Nous maintenons que l’or se situe dans un territoire extrêmement survendu et devra mathématiquement revenir à la moyenne. Cependant, lorsque le prix de l’or s’effondrera, la peur prendra le pas et certains investisseurs oublieront les raisons fondamentales pour lesquelles posséder de l’or : l’or permet de diversifier son portefeuille et est une réserve de valeur. C’est une ressource finie dont la demande mondiale est en hausse.
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Il y a cinq ans, j’ai co-écrit un livre sur l’or en me basant sur ma longue expérience sur ce métal. Mon conseil n’a pas changé depuis. Concernant l’or, la modération est la clé. N’essayez pas de devenir riche avec l’or parce que le risque correspondant est tout simplement trop élevé. Limitez votre exposition à l’or, qu’il représente 10% de votre portefeuille — pas plus de 5% en lingots et 5% en actions. Rééquilibrez chaque année pour maintenir ce niveau d’exposition et jouez sur la volatilité à votre avantage.
▪ Et si on parlait un peu des autres ?
Il semble y avoir un préjugé émotionnel inhérent contre l’or dans les médias financiers et parmi les gestionnaires de portefeuilles, en particulier après une correction de l’or. Des milliards de dollars perdus dans l’or font les gros titres des journaux et pourtant deux titres technologiques parmi les préférés du marché ont également essuyé des coups durs.
Il est ainsi intéressant de noter que les opposants à l’or ne parlent jamais du fait que Facebook et Apple ont causé plus de dégâts dans la capitalisation boursière au cours de l’année qui vient de s’écouler que le plus important ETF sur l’or. Le graphique ci-dessous remet dans son contexte l’ampleur de la chute.
Pourquoi l’or doit-il toujours lutter pour être accepté comme une classe d’actif permanente ? Moi aussi j’aime bien prendre des nouvelles de mes amis Facebook sur mon iPad mais je crois que des millions de gens en Asie et au Moyen-Orient continueront d’adorer le métal précieux bien après que la nouveauté de Facebook et des iPads ne s’étiole.
En plus de faire peur au marché de l’or, la probabilité que la Fed mette fin à son assouplissement quantitatif a fait également fuir les investisseurs. La hausse des taux d’intérêt et la chute des prix ont conduit en juin aux sorties de fonds obligataires, explosant le record précédent établi en octobre 2008.
Cependant, les révisions à la baisse des données économiques laissent penser que, tandis que la situation économique pourrait fortement s’améliorer aux Etats-Unis, il n’y a pas encore de signes de croissance spectaculaire. En réponse, les rendements obligataires ont reculé. Nous voyons cet exode comme un point d’entrée pour les investisseurs qui seraient inquiets d’entrer sur le marché obligataire.
▪ Tenez le cap !
Les peurs de la Fed ont atteint des sommets quand les bourses des marchés émergents ont elles-mêmes fait l’expérience de sorties record avec la liquidation qui s’est étendue à l’Amérique Latine, à l’Europe et à l’Asie. De nouvelles préoccupations sur la croissance chinoise et des inquiétudes sur le resserrement des conditions financières ont accéléré la fuite des marchés émergents. L’argent qui avait été gagné sur les marchés récemment en surchauffe est parti, asséchant encore plus les liquidités. Nous continuons à voir des opportunités sur les marchés émergents, où nous recherchons des entreprises sous-évaluées, versant des dividendes et avec des prospects de croissance.
De temps en temps, sur les marchés haussiers comme baissiers, les prix et les fondamentaux sont sans rapport. Les prix peuvent beaucoup baisser par peur et beaucoup monter par avidité. Nous pensons que les fondamentaux restent solides et la majorité des variations court terme sont "beaucoup de bruit pour rien". Dans des marchés volatils, il est important de faire confiance à vos processus d’investissement et à votre discipline d’allocation d’actifs.
Frank Holmes est PDG et directeur de l’investissement chez US Global Investors Inc. Cette société de conseil en investissement gère environ 2,08 milliards de dollars dans 13 fonds, et pour d’autres clients. Né à Toronto, il est entré chez US Global Investors en 1989 après une carrière réussie sur les marchés canadiens. Grâce à ses connaissances et sa spécialisation, il est expert dans tout ce qui concerne les secteurs matières premières et la gestion de capital.
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1 commentaire
L’or, il n’y en a pas pour tout le monde, c’est un fait.
L’or n’est pas aimé dans la presse, c’est normal à partir du moment où ce sont les banques qui la contrôle, et l’or est la kryptonite des banquiers !
La manipulation des masses a ses limites et la sagesse populaire finit toujours par l’emporter.
Qui vivra verra. En attendant profitons des pris bas pour se protéger.