▪ La tempête approche pour les marchés financiers. Mais personne ou presque ne la voit venir.
"Nous sommes à présent dans une période de destruction de richesse", déclare George Soros. "Il sera très difficile de préserver votre patrimoine dans ces circonstances".
C’est stupéfiant. Mais après la plus grande crise financière de l’histoire de la planète, peu de gens s’inquiètent de la destruction de richesse ; comme James Cramer, ils veulent simplement "rentrer dans leurs frais".
C’est du moins ce que nous ressentons lorsque nous parlons aux gens aux Etats-Unis… et examinons nos propres sentiments. Sommes-nous inquiet ? Oui… quand nous y pensons. Ou plutôt, nous savons que nous devrions être inquiet. Mais nous ne le sommes pas particulièrement.
Nous nous rappelons lorsque Lehman Brothers a fait faillite. A l’époque, nous avions vérifié nos comptes en banque. Nous avions regardé nos portefeuilles boursiers. Nous avions compté notre or. Nous avions fait l’inventaire de notre cave à vin, nous demandant si nous avions assez d’actifs liquides pour survivre à une longue et lente dépression en gardant le niveau de vie auquel nous voulions rester habitué.
Nous avons crié et tempêté. Les dépenses — tant à domicile que pour notre entreprise — ont été réduites. Nous avons annulé des voyages. Nous avons ordonné aux enfants de cesser de commander des pizzas livrées à domicile ; à partir de maintenant, s’ils voulaient une pizza, ils devraient aller se la chercher eux-mêmes.
Nous avons délibérément essayé de créer une ambiance d’alerte. Nous savions que les ennuis arrivaient… et nous voulions y préparer tout notre entourage. C’était un "Effondrement Financier Planétaire", avons-nous dit à tout le monde. Un EFP, pour faire court. Un raccourci utile.
"Papa, j’ai besoin d’un manteau… le vieux est trop petit", nous a dit Edward en décembre 2008.
"Pas question ! Rappelle-toi l’EFP !"
Nous voilà un an plus tard. Le mois dernier, Edward s’est acheté une de ces vestes "Canada" à la mode. Nous lui avons donné notre autorisation… puis avons avalé de travers lorsque nous avons vu le prix exorbitant.
▪ La crainte a reculé ; pas uniquement dans l’économie… mais dans notre âme. Avoir peur ? Pourquoi ? Nous avons déjà affronté la mort… et survécu. Tout ira bien, maintenant. Nous comptons les mois jusqu’à ce que nous ayons récupéré toutes nos pertes.
Pourtant… lorsque nous examinons les raisons de la crainte qui régnait à l’automne dernier — elles sont toujours là.
Le marché boursier n’a pas corrigé. Il pourrait facilement être divisé par deux au cours des six prochains mois. (Nous maintenons hissé notre drapeau d’Alerte au Krach… jusqu’à ce que les actions atteignent des prix cassés).
Le marché obligataire pourrait s’effondrer à tout moment. Les Etats-Unis empruntent plus d’argent que jamais — par milliers de milliards. Avec une telle augmentation de l’offre, de la demande… et des prix… les choses devraient craquer, tôt ou tard. Une hausse des rendements obligataires enverrait l’économie dans une dépression bien plus profonde.
Même nos positions en or pourraient prendre entre 20% et 30% de leur valeur. Et les actions aurifères ? Elles pourraient être mises à mal durant la prochaine jambe de baisse boursière.
En dépit d’un effort vraiment monumental (quoiqu’imbécile) pour ressusciter l’économie… les derniers chiffres montent la reprise post-récession la plus faible de l’histoire. Il manque des emplois. Le crédit à la consommation rétrécit. L’inflation devient négative. Il n’y a pas de véritable reprise… c’est un mirage créé par les dépenses gouvernementales.
La politique monétaire ne sert à rien (les banques ne prêtent pas ; les consommateurs ne veulent pas emprunter). Et la politique budgétaire, bien qu’apparemment plus efficace, détruit la richesse, elle ne l’augmente pas.
Plus le gouvernement augmente les dépenses, pour compenser la correction, plus l’économie en devient dépendante. Cela revient à soigner un alcoolique en lui donnant de l’héroïne. Otez les dépenses gouvernementales — comme le Japon l’a tenté — et l’économie sombre dans une dépression plus profonde. Non seulement ça, mais le déficit budgétaire se creuse !
En d’autres termes, les autorités dépensent de l’argent qu’elles n’ont pas pour essayer de lutter contre la correction. Cela crée de gigantesques déficits budgétaires, mais l’économie semble se reprendre. Les dirigeants se relâchent donc. Ils découvrent ensuite que leurs stimulants n’ont pas vraiment créé une authentique activité économique. Mettez fin aux stimulants et l’économie s’effondre une nouvelle fois… réduisant les recettes bancaires et approfondissant le déficit. Dans les faits, le remède devient la maladie ! On ne peut plus réduire les dépenses gouvernementales. L’économie en dépend. Et on se retrouve prisonnier d’une spirale de dette… avec de plus en plus de déficits… une dette de plus en plus élevée… encore et encore… jusqu’à…
… jusqu’à ce que tout finisse par s’effondrer.
▪ Le Japon s’est trouvé confronté à ce problème dans les années 90. Il s’est libéré petit à petit de son programme de relance… et l’économie s’est effondrée. Elle est devenue dépendante des dépenses gouvernementales. Où est-ce que cela mène ? Nous répétons cette note presciente du Telegraph, que nous avons reçue hier :
"C’est l’année où Tokyo découvrira que le pays ne peut plus emprunter à 1% sur un marché obligataire captif, et où il devrait payer la facture pour tous ces plans budgétaires qui semblaient être une si bonne idée à l’époque"…
"Une fois que le barrage cédera, les remboursements de dette réduiront le budget en pièces. La Bank of Japan tirera le levier d’urgence de l’assouplissement quantitatif [également connu sous le nom d’"impression de billets"]. Le pays passera de la déflation à une hyperinflation naissante"…
Mais nous ne nous inquiétons pas. D’une manière ou d’une autre, les choses s’arrangeront. Les Américains essaient encore de rentrer dans leurs frais. Ils pensent encore que les marchés se remettront entièrement. Ils pensent encore que la Fed a le contrôle des choses… et que les économistes savent ce qu’ils font. Ils se font des illusions, en d’autres termes.