▪ Le rally de Noël se poursuit. Les rennes semblent dopés à l’EPO ; ils arrachent leur traîneau vers les sommets comme s’il s’agissait d’une luge en balsa. Nous ne savons pas qui fait claquer le fouet (quoique… nous avons bien notre petite idée sur la question !) mais cela s’avère diablement efficace.
Un élément technique cependant nous intrigue… A ce sujet, quelques chiffres valent mieux qu’un long discours : le CAC 40 abandonne 2% les 17 et 18 décembre dans un volume d’échange cumulé de 8,5 milliards d’euros — mais reprend ensuite 2,7% les 21 et 22 décembre avec seulement 5,1 milliards négociés.
Certes, la séance des « Quatre sorcières » a donné lieu à un gonflement de 30% des échanges (ce qui est conforme à la norme)… mais même en retranchant 1,3 milliard d’euros, cela nous donne encore 7,2 milliards à la baisse contre à peine plus de cinq milliards à la hausse.
Le traîneau du Père Noël grimpe facilement les côtes lorsque la hotte est à moitié vide. En revanche, il redescend à chaque fois à pleine charge — et ce depuis le mois de novembre. C’est comme si les cadeaux destinés aux traders était étrangement stockés en altitude au lieu d’être entreposés plus commodément dans la vallée, à proximité des lieux où ils doivent être distribués, ce qui ferait gagner beaucoup de temps… mais apparemment beaucoup moins d’argent.
Pour schématiser à outrance, lorsque les indices grimpent sans que grand monde comprenne pourquoi, cela ne mobilise pas les foules. Heureusement que les opérateurs non initiés s’abstiennent de vendre au nom du principe consistant à ne pas s’opposer à la tendance… En revanche, quand ils baissent, les retardataires qui croient pouvoir rattraper le train en marche trouvent tout le « papier » qu’ils veulent, et même davantage.
Dans un marché (mais en est-ce encore un ?) où la hausse fait fuir les vendeurs et la baisse déserter les acheteurs, il semblerait que la pression baissière soit quantitativement prépondérante, ce qui reste très troublant !
▪ Des hausses de 2% comme celles de lundi ne le sont pas moins. Les cours s’envolent au prétexte d’achats de valeurs jugées « en retard »… Cependant, en supposant que cette hypothèse soit crédible, pourquoi ne pas les avoir achetées jeudi et vendredi quand il y avait du volume et qu’elles s’inscrivaient en nette baisse ? Cela au lieu de saturer les carnets d’ordres, en payant en plus le prix fort comme si le jeu consistait à déclencher le maximum d’achats stop.
Malgré une hausse assez anodine de Wall Street lundi soir, le ramassage reprenait de plus belle, dans un marché toujours aussi creux, mardi matin. Ah, si seulement l’actualité avait pu se résumer à la hausse inattendue de 7,4% des reventes de logements anciens en novembre aux Etats-Unis ! La hausse du jour (+0,7% en moyenne en Europe) n’aurait souffert d’aucune ambiguïté, contrairement à l’envolée quasi miraculeuse de la veille.
Il faut par ailleurs relativiser cette divine surprise. En effet, l’activité dans le secteur immobilier aux Etats-Unis a été dopée par un effet d’entonnoir lié à l’anticipation (erronée) d’une suppression de la prime fiscale offerte aux primo-accédants, y compris sur des biens immobiliers de seconde main. Il n’est pas certain que le mois de décembre s’annonce aussi favorable car la prime est prorogée en 2010 : plus la peine de se précipiter chez son banquier !
▪ Mais peu importe, le CAC 40 (+0,68%) termine au contact avec les 3 900 points. Il inscrit ainsi sa meilleure clôture annuelle, après avoir établi un nouveau plus haut pour l’année 2009 à 3 918 points — sans le concours des valeurs bancaires qui terminaient majoritairement en repli.
Dans le même temps, le Nasdaq pulvérisait son record annuel à 2 252 points. Le S&P améliorait d’un point symbolique sa meilleure marque d’il y a une semaine, à 1 120 points. Pas de nouveau zénith en revanche pour le Dow Jones qui cale sous les 10 500 points (à 10 480 points). Les opérateurs se sont peut-être souvenus de la déception causée par la deuxième révision en baisse du PIB américain au troisième trimestre 2008 (à 2,2% contre 2,7% anticipé).
Les ventes des entreprises américaines ont été revues à +1,5% contre +2,5% en première estimation : cela fait tout de même une grosse différence. Leurs investissements chutent de 5,9%, ce qui n’est pas très bon signe. Les profits progressent en revanche de 10,8%… mais grâce aux économies de coûts de production essentiellement.
Autre élément de nature à tempérer l’optimisme ambiant, les dépenses des consommateurs progressent de 2,8% en rythme annuel. C’est peut-être moins pire que ce qui était redouté en début d’année mais cela demeure l’un des plus faible scores de la décennie écoulée.
Les chiffres du jour étaient donc pour le moins mitigés. La flambée des indices boursiers européens depuis 48 heures prouve que ceux qui tirent les cours n’ont besoin d’aucun élément d’actualité concrètement positif pour emmener les marchés là où bon leur semble.
▪ Sur le front des devises, le dollar franchit un nouveau cap à la hausse, à 1,4225/euro. Il bénéficie du changement de perception relatif à la solidité de la signature de nombreux états constitutifs de l’Euroland mais dont l’endettement inquiète (notamment la Grèce, qui a vu sa note abaissée, mais sans agressivité, par Moody’s ce mardi).
Le billet vert engrange désormais 6% depuis le 4 décembre. Il grimpe encore alors que la croissance réelle aux Etats-Unis ne devrait pas dépasser 0,1% ou 0,2% en 2009, en imaginant un quatrième trimestre de même facture que le précédent… Pourtant, cela n’affecte pas les valeurs exportatrices américaines : les stratèges ne croient donc pas à une reprise durable ? Et le débouclage des carry trades ne va-t-il pas assécher les liquidités ?
Répondez de la façon la plus logique à toutes ces questions… puis faites tout le contraire de ce qu’une gestion sensée impliquerait : maintenant vous savez ce que va faire le marché au cours des prochaines 48 heures !