Depuis un trimestre, les matières premières hésitent et semblent vouloir repartir à la baisse, contrairement aux marchés actions qui restent au beau fixe.
Le pétrole, un poids lourd et une place à part
Dans les indices matières premières, le pétrole tient une place prépondérante, puisque c’est lui qui fait l’objet du plus grand nombre d’échanges en valeur dans le monde. Or, les indices composites sont logiquement pondérés en fonction de ce critère.
Il existe plusieurs indices matières premières : le CRB, le plus ancien ; le GSCI Goldman Sachs Commodity Index, fortement pondéré en hydrocarbures ; le SPCI Standard & Poors Commodity Index, assez industriel ; le DJ AIG Commodity Index, très américain ; enfin le RICI, Rogers International Commodity Index. Ce dernier reste notre préféré, car il a le spectre le plus large avec 35 matières premières. Mais même dans celui-ci, l’énergie tient une place importante (près de 45%).
Le pétrole exprimé en dollars a moins bien rebondi que l’indice Nasdaq, par exemple. Il a commencé à remonter en mars, juste un peu après les marchés, mais moins vigoureusement. Sur 12 mois, l’indice actions américain des valeurs technologiques gagne 10%, tandis que le pétrole en perd 30%.
L’or noir se comporte toujours comme un antidollar
Pour beaucoup d’intervenants, l’or noir reste un antidollar, une couverture contre l’avachissement du billet vert. Soufflé par la spéculation à crédit jusqu’en juillet 2008, le pétrole a arrêté sa descente aux enfers dès la fin de cette même année, alors que la demande continuait pourtant à baisser. Par la suite, l’OPEP a su ajuster sa production et, face à la baisse du dollar, la spéculation a quelque peu repris.
Récemment, en août, des dispositions ont été prises sur le marché américain du Comex visant à restreindre les positions sur les marchés à terme. Plusieurs ETF (Exchange Traded Funds, qui commercialisent des certificats valant parts de contrats à terme) se sont trouvés contraints de limiter leurs émissions. Début septembre, le pétrole est repassé sous la barre des 70 $.
Les cours des métaux de base pointent seulement vers le restockage
Les cours des métaux de base (cuivre, zinc, aluminium, plomb) devraient refroidir les chauds partisans de la reprise en V (croyance qui consiste à penser que le pire est derrière nous et que tout va repartir comme avant). En effet, le cours du cuivre, indicateur d’activité industrielle à cycle court (électronique) comme à cycle plus long (bâtiment), stagne depuis août. Les stocks remontent, confirmant également l’atonie industrielle.
Les produits agricoles reculent fortement, l’inflation n’est pas à l’horizon
Les softs agricoles perdent en moyenne 9% depuis le début de l’année et 47% depuis le sommet de l’été 2007. Le comportement de ces actifs est intéressant car les cycles y sont plus courts que pour les métaux ou l’énergie. La demande, peu flexible, dépend d’abord de la démographie et de la météorologie et, dans une moindre mesure, du niveau de vie.
Les trois leçons de ce rebond mou
Le recul du cours des matières premières semble d’abord signaler que le rebond constaté dans certaines statistiques économiques tient plus du restockage que d’une véritable activité en expansion. D’ailleurs, ce point est bien confirmé par les inquiétants chiffres du chômage. Ensuite, la récente baisse des matières premières indique que la déflation des actifs est encore à l’oeuvre.
Cela se confirme par les prix de l’immobilier, qui ne repartent pas à la hausse. Enfin, malgré des niveaux de création monétaire jamais atteints et le rebond des cours du pétrole, il semble qu’il n’y ait aucune menace d’inflation à moyen terme (mi-2010).