▪ Mario Draghi a annoncé que la BCE fera « tout pour préserver l’euro ».
Voilà qui nous rappelle la promesse d’un certain Ben B., qui avait juré en 2002 de larguer des dollars par hélicoptère, s’il le fallait, pour enrayer la crise.
Hélas, pas d’hélicoptère en vue pour Super Mario. Pas même un petit avion de tourisme, ni même un humble deltaplane. Le permis de vol, c’est l’Allemagne qui le délivre… et jusqu’à présent, elle ne s’est guère montrée accommodante sur le sujet.
Les marchés le savent, bien entendu. Ils savent aussi que le rayon d’action de la BCE est strictement limité, comme l’expliquait Philippe Béchade hier :
« Vu les récents déboires de l’Espagne avec les agences de notation et la contamination qui a frappé l’Italie, on se demande pourquoi Mario Draghi n’a pas agi plus tôt, s’il était si facile de faire redescendre les taux sous les 6% avec toute la panoplie de moyens dont il prétend disposer (tout le monde comprend des rachats de dettes souveraines ou un nouveau LTRO) ».
« […] Nos élites européennes savent pertinemment que pour traduire ces belles intentions en actes, il va falloir des semaines et des mois de délibérations… de lutte d’influence entre divers clans au sein de l’Eurozone… de nouveau chantage à la dislocation de l’Union européenne (que certains appellent de leurs voeux) et autres artifices qui vont certainement épater — ou consterner — les foules d’ici le début de l’automne ».
« Mais tout comme le 29 juin dernier, on a servi aux marchés le discours qu’ils avaient envie d’entendre. Cependant, il s’agit peut-être de bluff à 90% car la BCE doit bénéficier de l’aval de la Bundesbank et du Parlement allemand pour reprendre ses achats de dettes souveraines ».
Tout cela, les marchés le savent pertinemment. Ils se sont quand même envolés suite aux déclarations de M. Draghi.
Ce petit jeu peut durer très longtemps. Les marchés ont clairement choisi leur camp : « ils font semblant de remédier au problème, nous faisons semblant de les croire », pour adapter l’adage soviétique de Byron King.
Qu’importe si tout cela repose sur du vent — un véritable jeu d’acteurs entre les autorités et les marchés ? L’essentiel, c’est qu’au final, les lumpeninvestisseurs puissent se rassurer devant le journal de 20h : « les marchés ont terminé en hausse ». La monnaie continue ainsi de couler à flot dans le système… les brasseurs d’argent peuvent continuer à brasser… et tout le monde est content, bien à l’abri derrière ses oeillères.
Mais méfiance… comme le rappelle Simone Wapler aux lecteurs de La Stratégie de Simone Wapler, « tout gouvernement qui se transforme en faux-monnayeur est à terme condamné. On ne peut pas être l’autorité (avec les pouvoirs de justice, police et armée) et pratiquer une activité de bandit. C’est le discrédit assuré. Cette fuite en avant va définitivement condamner l’euro ».
Nous verrons bien ce qui va se passer dans les semaines qui viennent… mais de loin, cher lecteur. Vos rédacteurs prennent leurs quartiers d’été, et la Chronique s’interrompt jusqu’au 19 août inclus. Nous aurons le plaisir de vous retrouver dès le lundi 20 août — d’ici là, toute l’équipe se joint à moi pour vous souhaiter un excellent été (et tant pis pour la météo !)
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora