▪ Nous avons gagné la Deuxième Guerre mondiale pour trois raisons :
– l’invention du radar ;
– l’entêtement de Winston Churchill ;
– nos mines de tungstène ;
Technologie + politique + matières premières.
Or ce dernier point n’a pas été le moindre. De la bataille de l’eau lourde en Suède, jusqu’aux mines d’uranium congolaises, en passant par les champs pétroliers de la mer Caspienne, nombre de matières sont devenues stratégiques pendant la guerre. Mais la plus essentielle a été le tungstène.
▪ Le tungstène pour se défendre… ou attaquer
Ce métal est essentiel dans l’industrie de l’armement, notamment grâce à sa résistance. Heureusement, l’Europe libre disposait d’un gisement de tungstène. Le gisement de Devon, dans le sud-ouest de l’Angleterre, a ainsi contribué à la victoire sur les puissances de l’Axe.
Cependant, la mine s’est arrêtée en 1944, alors que la sécurité des approvisionnements n’était plus menacée. Avec la libéralisation du commerce et l’abondance des ressources, cette mine est rapidement tombée dans l’oubli. Dans les années 1990, le tungstène était devenu aussi stratégique qu’une tonne de gravier.
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Pourtant le regain de tension autour des approvisionnements depuis quelques années est en train de changer la donne. Car désormais, c’est au tour de la Chine de s’armer.
Le dernier plan quinquennal 2011-2015 prévoit notamment un doublement des dépenses militaires. La pression sur le tungstène est en train de s’accroître.
▪ Le British Geological Survey tire la sonnette d’alarme
Le problème, c’est que les ressources de tungstène sont désormais réduites. Pire, elles sont concentrées… et en Chine. L’empire du Milieu possède 60% des réserves, et produit 83% du métal dans le monde. A ce stade, le terme de « monopole » n’est pas exagéré.
Ainsi le BGS, le British Geological Survey, vient de placer le tungstène dans le peloton de tête des métaux dits strategic.
▪ L’Europe réarmera-t-elle ?
Néanmoins les miniers n’ont pas attendu le BGS pour réarmer… pardon, pour creuser à nouveau. Ainsi un producteur allemand est en train de redonner vie à la vieille mine anglaise de Devon. Le minier Wolf Mineral vient de rouvrir la mine.
Ce redémarrage n’est pas anecdotique. Les approvisionnements en tungstène sont réellement menacés. Si l’avenir du monde libre n’en dépend plus, nos emplois pourraient toutefois en pâtir. Le tungstène est également indispensable dans le raffinage pétrolier, les alliages et l’électronique.
Une pénurie ou une forte hausse des prix affecterait des centaines d’usines.
▪ Les prix ont déjà commencé à monter
Le prix du paratungstate d’ammonium, un dérivé du tungstène vendu sur les marchés, a déjà progressé de 32% en 2011. Pour le consultant Roskill, les prix pourraient encore augmenter de 15 à 20%.
Le tonne de tungstène brut a quant à elle décollé :
Le moment est venu de vous positionner sur les mines de tungstène.
▪ Mon conseil
C’est sur la place boursière de Toronto que vous trouverez les minières les plus intéressantes.
Un producteur comme North American Tungsten pourrait par exemple devenir un acteur majeur du tungstène dans les années à venir. Cependant, la minière doit régler son problème de rentabilité pour redevenir attractive. En attendant, gardez à l’oeil sur cette perle du « monde libre ».
[NDLR : Suivez le tungstène avec Florent ! Retrouvez ses analyses et ses recommandations tous les mois dans Matières à Profits — tout est là…]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 12/04/2012.