Le cycle haussier de 15 semaines entre le 20 décembre et le 20 mars appelait une correction. Celle-ci durait depuis plus de trois semaines sur les places européennes mais Wall Street, en dépit d’une évolution en dents de scie dans l’intervalle, se maintenait à une courte encablure de ses sommets annuels.
Le vent semblait avoir tourné mardi dans le sillage de places européennes en pleine débâcle… Mais non, fausse alerte, les acheteurs s’étaient remobilisés dès mercredi, ce qui permettait aux trois principaux indices américains de sauver leurs supports graphiques et leurs canaux ascendants moyen terme.
▪ Les indices américains corrigent (un peu !)
Tel n’est plus le cas après la séance de vendredi : le Dow Jones a chuté de 1,05%, sous les 12 850 points. Le Standard & Poor’s 500 a lâché 1,25%, clôturant pratiquement au plus bas de la semaine à 1 370 (sous le support des 1 375 points). La correction la plus sévère à touché le Nasdaq avec un repli de 1,45%, mais il parvient néanmoins à préserver le palier psychologique des 3 000.
Même si les médias titrent sur la pire semaine de l’année, Wall Street ne voit pas la correction se transformer en scores fleuve comme en Europe, avec une chute verticale de 4,2% de l’Euro-Stoxx 50, de 5,5% de Madrid ou Milan.
Rien de bien spectaculaire sur la semaine écoulée. Le Dow n’a cédé que 1,6%, le S&P 500 2% (soit moitié moins que le CAC 40) et le Nasdaq 2,2%.
▪ Les marchés européens dans une spirale baissière
Paris aligne une quatrième perte hebdomadaire consécutive, la plus sévère de l’année 2012 (avec -4%).
Les investisseurs redoutent de revivre un nouvel épisode de dérapage incontrôlé de type juillet/août 2008, avec l’Espagne en guise de catalyseur, tout juste un an après la débâcle grecque.
Une nouvelle vague de dégagements a déferlé sur les valeurs bancaires en seconde partie de séance vendredi. Les replis moyens dépassent 5% à Paris et 8% et 10% sur la semaine pour des valeurs comme Crédit Agricole, BNP Paribas ou Société Générale (lanterne rouge du CAC 40).
En se repassant le film de la dernière séance de la semaine, rien n’était encore joué à 90 minutes de la clôture. Les pertes se sont nettement aggravées vers 15h55 des deux côtés de l’Atlantique, avec un indice de confiance du Michigan inférieur de 0,5 point par rapport aux consensus du marché.
Le CAC 40 a décroché en quelques minutes de 35 points supplémentaires (-1%) jusque sur 3 180 points — soit -11,5% depuis le zénith annuel, le gain annuel n’était plus que de 0,6%.
▪ L’Espagne et l’Italie sont les cancres de l’Eurozone
Mais il y a bien pire en Europe, puisque Madrid — avec une perte de 3,6% vendredi — affiche désormais -15,4% depuis le 1er janvier. Milan bascule également dans le rouge avec -4,85%, ce qui reflète de lourdes interrogations sur la solvabilité des institutions financières du pays.
Les banques espagnoles ont emprunté 227,6 milliards d’euros auprès de la BCE en mars, contre 152,4 milliards d’euros le mois précédent. A ce rythme, elles pourraient afficher un débit de 350 à 375 milliards d’euros d’ici fin mai, soit l’équivalent de la dette grecque avant l’effacement de 107 milliards d’euros fin février.
▪ C’est officiel, la Chine ralentit
Comme si l’Espagne ne suffisait pas, un autre péril macro-économique se dessine maintenant à l’est avec le ralentissement de la croissance en Chine.
Pékin a officialisé vendredi matin un ralentissement à 8,1% de la croissance en rythme annuel sur les trois premiers mois de l’année. Il s’agit là d’un indicateur clairement décevant puisque les marchés espéraient au moins 8,5% (comme l’Inde en 2011).
Et comme nous l’avons déjà souligné à maintes reprises, l’office national de la statistique chinois n’a pas hésité à retraiter (en forte baisse) les PIB transmis par les 22 provinces ces trois derniers mois, concédant que la plupart des données économiques était largement surestimées.
Il y a même de mauvaises langues pour prétendre que la Chine ne fait peut-être pas mieux en réalité que l’Inde depuis le début de l’année. Surfant sur bel acquis de croissance fin 2011, Delhi table en effet sur un PIB en hausse de 7,4% en 2012 — alors que Fitch Rating anticipe plus modestement une hausse de 7%.
Ce qui est certain, c’est que l’Inde prend régulièrement des parts de marché à son grand rival du nord-est. Idem pour le Vietnam, ancien protectorat de Pékin, qui n’hésite pas à voler de ses propres ailes sur l’échiquier économique mondial.
Et ces deux pays émergents ne vivent pas sous la menace de l’éclatement d’une bulle immobilière, ni la contamination de leur système bancaire par les créances douteuses.
▪ Rebond ou pas ?
Les pessimistes ont de sérieux arguments pour douter de l’opportunité de jouer un rebond cette semaine. Mais ces trois dernières années, il est rare que les épisodes correctifs aient perduré plus de quatre semaines. Impossible d’exclure une remontée du CAC 40 vers 3 300 points par exemple, même si l’indice repasse par la case départ (3 160 points) au cours des prochaines heures.