▪ Aujourd’hui, nous vous avons réservé un cadeau : Comment Fonctionne le Monde ! Ou du moins une partie du monde. Ou encore…
Une Révélation Exclusive sur les Secrets Ultimes ! Enfin, toutes les explications sur le véritable fonctionnement d’une économie.
C’est une édition importante de la Chronique Agora. Envoyez-la à vos amis. Conservez-la dans un endroit sûr. Puis, une fois au calme, ressortez-la… versez-vous un verre de quelque chose de fort… et jetez-la.
Commençons.
Le problème avec les économistes modernes et la plupart des gens qui ne travaillent pas à la Chronique Agora, nous le disons souvent, c’est qu’ils ont le mauvais paradigme. La mauvaise idée. La mauvaise métaphore.
Selon eux, une économie est une sorte de machine. Ils pensent pouvoir améliorer son fonctionnement, ou la réparer lorsqu’elle est cassée, en la bidouillant. Voilà pourquoi ils ont quelqu’un comme Ben Bernanke — une sorte de technicien avec une clé à molette en poche — à la Fed. Ils pensent qu’il peut actionnera quelques valves… et faire couler le liquide.
« L’économie a besoin de plus de liquidité », dit un expert. « Non, il est temps d’augmenter les taux », en dit un autre. « Oubliez ça », dit un troisième, « le gouvernement fédéral devrait lancer un programme d’infrastructures majeur ».
Chaque mécanicien pense savoir quel écrou resserrer. Chacun a sa théorie… son idée… et son rôle à jouer.
En fait, chacun est payé à croire ce qui n’est pas vrai. Si notre mécanicien économique admet n’avoir aucune idée du bouton qu’il faut tourner, qui va lui donner un emploi ? Qui va publier son livre ? Qui investira de l’argent dans son hedge fund ?
Pas le gouvernement. Les autorités veulent de la mécanique solide… des gens qui savent utiliser un tournevis. Ils pensent que leur travail, c’est de contrôler cette machine. A la Fed, par exemple, on trouve des centaines d’économistes payés à maintenir la valeur du dollar, le plein emploi et (une mission entreprise récemment par Ben Bernanke) un marché haussier à Wall Street.
Et une université ? Notre mécanicien pourrait-il y trouver un emploi ? Eh bien, il faut pouvoir décrire la machine avant même d’intégrer le programme. Ensuite, il faut écrire une thèse sur son fonctionnement… sur la manière dont les taux d’intérêt de la Fed affectent les achats des consommateurs… ou créer une formule mathématique complexe qui permet de prédire les booms d’investissement dans les cités-Etat du Moyen Age. Il faut augmenter la connaissance et la compréhension de la Grande Machine, en d’autres termes. Il faut donner aux décideurs plus d’outils — et de meilleurs outils — pour la bidouiller. Faites-le correctement, vous pourriez être nommé à la tête du département d’économie de Princeton. Vous pourriez même obtenir un Prix Nobel.
En pratique, les universitaires et le gouvernement sont aussi proches que des tiques sur un chien errant. Pourquoi pensent-ils tous la même chose, et pourquoi croient-ils tous au modèle mécanique ? Ils sont payés pour y croire.
▪ Une économie n’est pas un système mécanique
Et si vous ne croyez pas que les mécaniciens travaillant pour la Fed peuvent améliorer les choses ? Si vous pensez qu’une économie n’est pas du tout comme une machine ? Si vous ne croyez pas que les économistes peuvent la contrôler ? Ou l’améliorer ? Ou même la comprendre ? Si vous pensez que vous ne pouvez PAS prédire ce qui pourrait arriver… ni actionner des robinets, des valves ou des boutons et dire quel effet ils auront ? Qui vous embaucherait ? Qui publierait votre livre ? Qui demanderait votre opinion lors des dîners mondains ou vous inviterait à écrire pour le Financial Times ? Personne.
Mais vous auriez raison.
En réalité, une économie n’est pas du tout comme une machine. Ce n’est pas du tout un système mécanique. C’est un système moral.
Oui, cher lecteur, c’est un système qui punit le péché et récompense la vertu. Il ne donne pas aux gens ce qu’ils attendent… mais distribue à PRESQUE tout le monde ce qu’il mérite. Le « presque » est important, et nous y reviendrons.
Que voulons-nous dire quand nous disons que l’économie « récompense la vertu » ? Eh bien, c’est ce qu’elle fait. Elle récompense l’épargne, le labeur, l’innovation, l’honnêteté, le fait de penser aux autres, l’auto-discipline, la créativité et toutes les autres qualités qu’on associe normalement avec les gens bien et le progrès financier.
Quant au péché… L’économie punit les plus évidents — l’avidité, la vanité, la vue courte, l’extravagance, l’envie, la paresse, le mensonge, la tricherie, le vol, la stupidité, la complaisance… et ainsi de suite.
Lorsque la Fed créé de l’argent à partir de rien, par exemple, c’est un mensonge. C’est une sorte de fraude. Elle essaie d’obtenir quelque chose en l’échange rien. Elle fausse les faits et encourage les erreurs. Elle sera punie, à coup sûr. Quand ? Comment ? Nous pouvons faire des suppositions, mais il ne nous est pas donné de le savoir…
De même, prenez un homme qui travaille dur et épargne son argent. Sera-t-il riche ? A nouveau, nous n’en savons rien. Tout ce que nous savons, c’est qu’il devrait bien s’en tirer.
Nous devrions donc revenir à notre épithète… Les choses fonctionnent généralement ainsi.
Parfois, des affreux deviennent riches. Des paresseux gagnent au loto. On ne sait jamais qui gagnera de l’argent et qui n’en gagnera pas.
Pourquoi ? D’abord, parce que nous ne sommes pas Dieu. Il voit des choses que nous ne voyons pas… et Il a ses propres plans, qu’Il ne partage pas avec nous.
Ensuite, parce que le système lui-même contient du péché et de la vertu… et nous en sommes tous les sujets. Lorsque l’Empire romain s’est effondré, et que Rome a été mise à sac par des barbares, même le Romain le plus vertueux a probablement subi un déclin de son niveau de vie. Il ne pouvait pas y faire grand-chose.
Pourquoi un système récompensant la vertu et punissant le péché devrait-il être si désespérément peu fiable ?
Eh bien, c’est comme ça. Il s’agit d’un système moral, rappelez-vous. Et les systèmes moraux, ça ne vous facilite pas la vie. Si, pour s’enrichir, il suffisait de respecter les règles morales, ce ne serait pas un système moral. Ce serait un système simplet. Tout le monde suivrait les règles. Les systèmes moraux sont plus exigeants. Ils vous demandent de suivre les règles sans être sûr de ce qu’ils feront pour vous.
Comme l’ont remarqué tous les penseurs théologiques, on n’entre pas au Paradis simplement en suivant les règles. Ce serait trop facile. Au lieu de ça, on suit les règles… et on espère entrer au Paradis par la grâce de Dieu. De même, il faut suivre les règles d’une économie… en sachant que l’on ne deviendra peut-être pas riche.
Il n’y a pas de jeu, dans ce système. Il n’y a pas de simulation. Il n’y a pas de remèdes rapides… pas de raccourcis… pas de garanties. Et même si ce n’est pas vrai, vous feriez mieux d’y croire malgré tout.
Il faut aimer la vertu pour elle-même. Détester le péché.
Et croiser les doigts.
Meilleures salutations,
Bill Bonner
La Chronique Agora
3 commentaires
L’économie ne se contente plus de faire du profit.
Elle s’est principalement investie dans une politique globale dont le premier rôle, par la dette et les agences de notation, consiste à martyriser les États pour qu’ils s’agenouillent devant les marchés.
Voilà le paradigme avec lequel tout devient limpide : nous allons de T.I.N.A. en T.I.N.A.
En conséquence, les ravages économiques et sociaux du marasme financier sont à classer comme dommages collatéraux d’une entreprise politique visant à imposer une gouvernance mondiale.
La fin justifie les moyens, et cette fin nous achemine vers un « libéralisme totalitaire » qui n’a que faire de nos petites préoccupations « populistes ».
Tout le reste n’est qu’enfumage et manipulations pour contourner la démocratie.
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