** Le magazine Newsweek a annoncé que "la récession est terminée". Newsweek n’a pas pris trop de risque : il a ajouté que la reprise ne sera pas du gâteau.
* Ailleurs dans le monde, on apprenait que la crise de l’immobilier est terminée. Les journaux annoncent la première hausse des prix de l’immobilier américain depuis trois ans — en se basant sur les derniers chiffres de Case/Shiller. Alléluia… non ?
* Attendez une minute. Il y a trop de bruit statistique dans les chiffres mensuels. Ils ne veulent simplement rien dire. Mieux vaut prendre la tendance annuelle. L’Agence fédérale américaine de la finance immobilière déclare que son indice enregistrait en mai sa plus petite chute de ces 10 derniers mois… mais qu’il était encore orienté à la baisse.
* Passons maintenant aux stimulants monétaires et à leur mode de fonctionnement…
* Un article dans le International Herald Tribune nous contait l’histoire d’une région du Tennessee qui avait obtenu de l’argent du gouvernement :
* "L’argent qui a sauvé un comté", titre l’article. Le comté de Perry, au sud-ouest de Nashville, doit être l’un de ces endroits où l’on préfère ne pas s’arrêter quand on traverse le pays en voiture. Avec un chômage à 25% et pas d’industrie notable, il semble épouvantable — du moins du point de vue économique. C’est peut-être un endroit agréable à vivre — si l’on ne doit pas travailler.
* Les grandes huiles locales ont donc décidé qu’un peu de stimulants ne ferait pas de mal. Ils ont réussi à mettre la main sur de l’argent distribué par les autorités fédérales. Personne ne semble troublé par le fait que l’argent appartient à quelqu’un d’autre. Ni par le fait qu’il est désormais gaspillé dans une poignée de projets "pour de faux" que personne ne voulait financer même quand il y avait de l’argent. Ou enfin par le fait que les entreprises assistées du comté de Perry ont désormais un avantage injuste sur leurs concurrents dans d’autres parties de l’état.
* La société Armstrong Pie Company, par exemple, a utilisé l’argent des contribuables pour se développer : "de nouveaux employés [embauchés avec l’argent des stimulants] ont aidé l’entreprise à tripler sa production de tartes et s’étendre ainsi jusqu’au centre du Tennessee".
* Petite question : qu’est-il arrivé aux fabricants de tartes qui ont perdu des parts de marché par rapport à Armstrong ? Une autre : en quoi l’économie se porte-t-elle mieux parce qu’on pousse une entreprise à produire plus de tartes aux dépens des autres fabricants de tartes ? Et enfin : même si la consommation totale de tartes grimpe — une plus grande tarte ! — quel est l’avantage ?
* Tout ça n’est qu’une escroquerie !
** Et en parlant d’escroqueries… Elliot Spitzer est de retour sous les feux de la rampe. Sur MSNBC, le justicier tombé en disgrâce décrivait la Fed comme étant "une arnaque en pyramide".
* "Regardez la structure de gouvernance de la [Réserve fédérale] de New York : elle était gérée par les banques même qui ont obtenu l’argent. C’est une pyramide de Ponzi, un coup d’initiés. C’est scandaleux, il est temps que le Congrès y mette le holà. Il est insensé de leur donner plus de pouvoir maintenant".
* "La Fed doit être examinée soigneusement".
* Le pauvre Spitzer a démissionné de son poste de gouverneur de New York en mars 2008. A l’époque, il avait averti du danger que représentaient les prêts hypothécaires subprime. Certains pensent que les autorités ont trouvé le moyen de le faire taire — en révélant qu’il avait de bien mauvaises habitudes : des call-girls à 1 000 $ de l’heure.
* Des journalistes d’investigation affirment que les autorités fédérales ont eu la possibilité de laisser Spitzer en dehors des médias. Au lieu de cela, le département de la Justice de l’administration Bush a décidé de rendre l’affaire publique.
* L’ancien ministre de la Justice avait ceci à dire quant aux réformes de la réglementation :
* "Les agences de réglementation avaient déjà le pouvoir de faire tout ce qui était nécessaire", a-t-il dit. "Elles ont simplement choisi délibérément de ne pas le faire".
** Les stimulants monétaires et économiques sont une escroquerie — des deux côtés de l’Atlantique.
* En Europe, les banques ont monté une jolie petite affaire — presque aussi intéressante qu’aux Etats-Unis. Elles empruntent de l’argent à la Banque centrale européenne puis le re-prêtent au gouvernement.
* La BCE prête de l’argent à taux bas aux banques — espérant encourager les prêts à la consommation et aux entreprises. En juin, par exemple, les banques ont emprunté 442 milliards d’euros au taux d’intérêt fixe de 1%. Mais les prêts aux entreprises et aux ménages sont à leur plus bas niveau depuis qu’on a commencé à enregistrer les chiffres — et ils ralentissent, annonce James Saft dans le International Herald Tribune.
* En mai, la masse monétaire européenne a augmenté au taux annuel de 3,5%, note-t-il. Mais les prêts au secteur privé ont ralenti en juin, passant de 1,8% un mois auparavant à 1,5%. Les prêts aux entreprises non-financières ont même chuté en mai, tandis que les prêts aux ménages ont augmenté de moins de 1%.
* Si les banques n’ont pas prêté l’argent… qu’ont-elles fait avec ? Eh bien, elles l’ont prêté, en fait — aux gens à qui elles l’avaient emprunté. En juin, les banques ont acheté pour 75 milliards de dollars d’obligations gouvernementales et ont prêté près de 30 milliards de dollars directement aux gouvernements européens.
* Evidemment, les banques se portent bien. Elles gagnent de l’argent sans prendre le risque de prêter à l’économie réelle. Mais quel bien cela fait-il ? Aucun.