▪ L’évolution de l’or est intéressante, ces derniers temps. Il semble être à nouveau à la hausse quoi qu’il arrive — ou à peu près. Voyons donc ce qui pourrait être en train de se passer.
Si les investisseurs pressentaient une reprise… ils s’attendraient à ce que les banques prêtent plus librement… à ce que les gens consomment plus librement… et à ce que les prix grimpent. Cela ferait grimper les prix à la consommation ; le cours de l’or devrait grimper.
Mais si le marché anticipe de la croissance et de l’inflation, pourquoi est-ce que le pétrole baisse ? Et pourquoi le Baltic Dry Index — qui mesure les prix du fret — est-il à un plus bas de 25 ans ?
Plus important, si l’économie se remet vraiment, pourquoi le bon du Trésor US à 10 ans ne rapporte-t-il que 1,82% ? Et qu’en est-il des obligations longues ? Leur rendement ne devrait-il pas être supérieur à 3% ?
Comment se fait-il que les prix de l’immobilier US ont chuté l’an dernier… et le mois dernier ?
Comment se fait-il que les revenus baissent ?
Ou, pour regarder les choses autrement, comment une vraie reprise peut-elle prendre racine dans le sol dur et stérile d’une baisse des prix de l’immobilier et d’une dégringolade des revenus des consommateurs ?
En revanche, si l’économie ne s’améliore pas… il ne devrait pas y avoir d’augmentation de l’inflation… et aucune pression sur le prix de l’or, n’est-ce pas ?
Peut-être que les investisseurs n’anticipent pas de reprise du tout. Peut-être achètent-ils de l’or parce qu’ils voient l’économie se dégrader, plutôt que s’améliorer. Nous associons une hausse du prix de l’or avec l’inflation. Mais l’or est bien plus versatile que nous le pensons. Il protège votre richesse lorsque le papier monnaie perd sa valeur. Il protège aussi votre richesse lorsque le papier monnaie prend de la valeur. Il vous protège quand vous avez raison… et quand vous avez tort.
Comment ça ?
▪ Le double rôle de l’or
Pendant la Grande Dépression, par exemple, le prix de l’or a grimpé par rapport au dollar — alors même que les prix de la nourriture, des vêtements et d’autres produits de consommation… ainsi que les prix des actifs d’investissement… chutaient en termes de dollars. Pourquoi ? Parce que la devise gagne de la valeur — par rapport aux choses — durant une dépression. L’or, c’est de la devise. C’est la meilleure devise. C’est la seule devise qui ait résisté à l’épreuve du temps.
De toute façon, il se passe autre chose. Durant une crise financière… ou une dépression… les investisseurs commencent à douter de voir leurs contreparties honorer leurs promesses. Les banques font faillite. Les investisseurs se ruinent. Vous possédez un prêt hypothécaire : vous vous apercevez que le propriétaire a quitté la ville… et que la maison a perdu la moitié de sa valeur. Vous possédez une obligation, et vous vous rendez compte que le payeur est en faillite ; votre obligation ne vaut rien. Vous possédez des actions dans une entreprise, et la voilà qui met la clé sous la porte.
Lorsqu’on est en phase de désendettement, on découvre que bon nombre des actifs de la bulle du crédit précédent ne sont en fait pas du tout des actifs. Et durant ce processus, la meilleure chose à avoir dans son coffre-fort, c’est de l’or.
A mesure que l’incertitude augmente, il en va de même pour le prix du métal jaune.
L’or grimpe aussi quand le rendement sur d’autres actifs décline. A 1,82%, le rendement réel sur un T-Note US à 10 ans est négatif. Les prix à la consommation grimpent plus vite. La récompense pour prêter au gouvernement américaine est inférieure à zéro.
Normalement, la détention d’or coûte cher. On abandonne le rendement qu’on pourrait obtenir grâce à des investissements « sans risque » (dette du Trésor). Avec l’or, on abandonne le risque accompagnant des investissements « sans rendement ».
L’or ne va nulle part. Il ne produit pas de rendement. Il ne verse aucun dividende. Il ne fait pas de profits. Vous ne pouvez pas y vivre. Vous ne pouvez pas le conduire. Vous ne pouvez pas l’accrocher au mur et l’admirer.
Mais lorsque le rendement sur la dette du Trésor est négatif, qu’abandonne-t-on en possédant de l’or ? Une perte !
▪ Le litre de lait à 775 $ ?
On abandonne aussi le risque d’une perte bien plus élevée. La Fed est déterminée à faire grimper le taux d’inflation — en fait, elle y est obligée. Ben Bernanke a suggéré qu’il pourrait fixer la cible de l’inflation à plus de 2%. Il a annoncé qu’il maintiendrait le taux directeur de la Fed proche du zéro pendant encore trois ans. Il a laissé entendre qu’il était prêt à imprimer plus d’argent — un QE3 — si les conditions l’exigent.
Détenir de l’or vous protège du succès de Bernanke. Parce que s’il réussit à augmenter le taux d’inflation, l’or grimpera sûrement. Et il y a un risque substantiel — qui frôle la certitude — qu’il ne réussira pas plus à créer une inflation modérée qu’il n’est parvenu à créer une croissance modérée du PIB.
Il est très possible qu’il dépasse sa cible.
Normalement, l’inflation est une caractéristique du système bancaire. Le système s’empare des capitaux distribués par la Fed et les fait passer dans la masse monétaire nationale. Les banques augmentent la masse monétaire en prêtant… créant ainsi plus de demande, ce qui fait grimper les prix. Elles y parviennent en faisant des prêts aux gens, qui dépensent alors l’argent.
Cette sorte d’inflation est contrôlable ; il faut augmenter les taux d’intérêt et resserrer les règles du crédit bancaire. Mais il existe une autre forme d’inflation — celle qui commence avec un « h ».
L’hyperinflation se produit quand le système bancaire s’effondre. Les gens perdent confiance dans la devise elle-même… et dans les gens qui la contrôlent. Les détenteurs de dollar à l’étranger pourraient s’inquiéter de ce que la Fed imprime trop d’argent. Ce pourrait être les bonnes nouvelles elles-mêmes qui les inquiètent ; ils pourraient anticiper une hausse de l’inflation et des ventes massives de dollars — ce qui diminuerait la valeur de leurs réserves de billets vert. Ils pourraient se dire qu’ils feraient mieux de se diversifier avec des yuans… ou de l’or.
Ensuite, lorsque les autres investisseurs et ménages verront le dollar chuter… ils paniqueront eux aussi. Les gens ne tarderont pas à fouiller dans leurs tiroirs, leurs comptes en banque et leurs matelas… cherchant des dollars — simplement pour pouvoir s’en débarrasser.
C’est à ce moment-là que les dollars atteindront la phase « hyperinflation ». Notre vieil ami Michael Checkan nous dit ce qu’il en était en Argentine à la fin des années 80 :
« Imaginez un litre de lait à 2 $ grimper jusqu’à 775,40 $ en un an — comme en Argentine en 1988 ».